Jusqu’à dimanche, Vélo 101 pose les enjeux en quatre thèmes de la 106ème édition de Milan-San Remo, premier monument du calendrier.

C’est une constante qui revient dans la bouche de tous les protagonistes de Milan-San Remo. Cinq fois sur le podium de la classicissima ces sept dernières années, Fabian Cancellara (Trek Factory Racing) en connaît un rayon sur le premier monument du calendrier. Plus que le changement de parcours, en fait le retour à celui qui était proposé avant 2008 et sa victoire à San Remo, le Suisse porte l’accent sur les conditions météos de celle qu’on baptise la Primavera : le printemps en italien. « C’est vrai que le parcours a changé, dit-il, mais il change chaque année. Le facteur le plus important sur Milan-San Remo, c’est le temps. On sait tous qui sont les favoris, et il y en a beaucoup, mais les conditions météos modifient la nature de la course. Personnellement je ne fais jamais de plans avant de savoir quel temps il va faire. »

C’est que Fabian Cancellara, comme ceux qui ont composé le peloton de la classique transalpine ces deux dernières années, savent désormais de quoi il retourne quand la météo fait des caprices dans ce coin de l’Italie. Voilà plusieurs années que le printemps a des ratés en Ligurie, où l’hiver aime jouer la prolongation. Tout le monde garde en mémoire la journée dantesque vécue il y a deux ans, lorsque la neige avait encombré des routes exposées à un vent glacial. Ce fut encore froid et humide l’an passé, quand les intempéries des jours précédents avaient eu raison de la Pompeiana, cette difficulté mort-née jamais introduite entre la Cipressa et le Poggio.

En Italie, on guette donc le ciel. Et il sera bouché à en croire les prévisions des météorologues ! Que disent-ils ? 13° côté thermomètre, pluie faible mais vent fort dans le sens est/nord-est avec des rafales à 45 km/h, ce qui signifie qu’il accompagnera les coureurs de dos une grande partie de la journée… mais soufflera de face dans les lacets du Poggio, où la route est particulièrement exposée.

Des conditions aléatoires qui justifient dans plusieurs équipes la présence de leaders capables de s’exprimer par tous les temps. « Avec Sylvain Chavanel et Heinrich Haussler, nous possédons deux atouts pouvant s’exprimer dans des registres différents, affirme le directeur sportif de IAM Cycling Kjell Carlström. Sur Milan-San Remo, il faut tenir compte de plusieurs facteurs pour mettre en place une stratégie. La pluie et même la neige parfois viennent perturber la course et le vent peut aussi s’en mêler tout le long de la côte de la Ligurie. Et finalement il y a les fameux capi, ces petites talus qui effectuent une première sélection avant le passage de la Cipressa et du Poggio. »

Ceux qui ont combattu ces conditions difficiles sur le dernier Tirreno-Adriatico partiront peut-être avec un avantage. La victoire de Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) sous la pluie de Porto Sant’Elpidio lundi, au sprint devant un certain Gerald Ciolek (MTN-Qhubeka), vainqueur en 2013 de l’édition enneigée, s’inscrit dans ce contexte.