Que les coureurs en profitent, le répit sera de courte durée ! Depuis samedi dernier, les organismes des favoris ont été sollicités par trois arrivées au sommet et par le contre-la-montre individuel hier. Bien sûr, il y a eu cette journée de repos mardi qui tombait à pic entre le passage en Andalousie et l’exercice chronométré en Catalogne, mais les favoris de cette Vuelta n’ont pas pu relâcher la pression avec le chrono du lendemain en plus de se prêter au jeu des traditionnelles conférences de presse. Selon toute vraisemblance, la poignée de coureurs qui est encore en lice pour la victoire finale à Madrid dans dix jours devrait s’accorder une trêve de deux jours. Le temps de recharger les batteries, et surtout de permettre aux sprinteurs de se mettre en valeur, eux qui jusqu’ici n’ont pas eu énormément d’occasions de s’exprimer.

Les rares finisseurs ayant fait le déplacement sur le dernier Grand Tour de l’année restent sur une note amère. Celle provoquée par la victoire de Zdenek Stybar (Omega Pharma-Quick Step) vendredi. Le Tchèque, bien aidé par Philippe Gilbert (BMC Racing Team), avait privé les sprinteurs d’une belle chance de victoire en sortant du peloton dans le final. La veille, Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step) avait lui aussi bien failli surprendre les finisseurs, mais était cruellement repris à 25 mètres de la ligne au bénéfice de Michael Morkov (Team Saxo-Tinkoff) après un raid en solitaire de 175 bornes. Si on savait que ce ne serait pas la Vuelta des sprinteurs, on était loin de penser qu’ils seraient à ce point absents des débats. Et ce n’est pas aujourd’hui que cela va s’arranger.

La chance ayant déjà souri aux audacieux, trois hommes vont se lancer dans l’aventure, croisant les doigts pour que les sprinteurs leur laissent une chance. L’Uruguayen Fabrizio Ferrari (Caja Rural), le Français Cédric Pineau (FDJ.fr) et le Belge Romain Zingle (Cofidis) quittent le peloton une fois le drapeau baissé pour une aventure à trois sur les routes catalanes. Leur avance augmente rapidement, et se porte même au-delà des six minutes. Mais les étapes de transition sont trop rares sur cette Vuelta pour que les équipes souhaitant voir leur bolide débouler dans les rues de Tarragone en première position ne laissent quoi que ce soit au hasard, et le peloton garde un œil attentif sur le trio.

Le faux plat montant fatal à Boasson-Hagen, Gilbert se libère enfin.

Ferrari, Pineau et Zingle auront eu le mérite de tenter l’aventure dans une étape somme toute classique et monotone avant d’entrer dans la partie finale. Le peloton emmené par le Team NetApp-Endura ayant repris les trois hommes à 18 kilomètres de la ligne, on semble se diriger tout droit vers un sprint, non pas massif, mais en gros comité. C’est bien vite oublier que la Vuelta nous réserve toujours des surprises. Les routes qui mènent à l’arrivée vers Tarragone sont sinueuses et comportent de nombreux dangers. Ronds-points, virages serrés et rétrécissements de chaussée sont nombreux dans les derniers kilomètres, avant que la route ne s’élève doucement à 2000 mètres de la ligne. C’est un fait : les organisateurs espagnols n’ont définitivement pas la volonté de rendre la tâche facile aux sprinteurs.

Le final est tellement dangereux que l’équipe organisatrice a choisi d’étendre la règle des trois kilomètres aux cinq dernières bornes. Heureusement pour Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale), victime d’une crevaison à quatre kilomètres de l’arrivée et qui aurait pu voir s’envoler une partie de son avantage acquis hier au prix d’un excellent contre-la-montre. L’Italien peut repartir tranquillement et sera crédité du même temps que le vainqueur. Le peloton, lui, fait fi de ses dangers et roule à toute allure. Le rythme est trop élevé après la banderole des deux kilomètres pour que les puncheurs les plus offensifs tentent quelque chose sur le faux plat qui sert d’arrivée.

C’est pourtant un des leurs qui vient s’imposer à Tarragone, et pas n’importe lequel ! Alors qu’il doit remettre en jeu son titre mondial dans un peu plus de trois semaines, Philippe Gilbert n’a toujours pas remporté la moindre course en 2013. Passé tout près d’un succès vendredi, le Belge ne panique pas quand il voit Edvald Boasson-Hagen (Team Sky) lancer son sprint de loin. Le Norvégien a pris plusieurs longueurs d’avance, mais coince. Puissant, Gilbert vient le sauter dans les derniers hectomètres pour remporter sa première victoire avec la tunique irisée. Une véritable libération pour le Wallon qui courait après cette première victoire depuis de longs mois. Ce soir, on ne peut s’empêcher de dresser un parallèle avec l’an dernier. Gilbert avait là aussi attendu la Vuelta pour ouvrir son compteur avant d’aller décrocher le titre mondial.

Demain, nouvelle étape de transition entre Valls et Castelldefels.

Classement 12ème étape :

1. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) en 4h03’44 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
3. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) m.t.
4. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) m.t.
5. Gianni Meersman (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
6. Francesco Lasca (ITA, Caja Rural) m.t.
7. Steve Chainel (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Reinardt Janse Van Rensburg (AFS, Argos-Shimano) m.t.
9. Anthony Roux (FRA, FDJ.fr) m.t.
10. Zakkari Dempster (AUS, Team NetApp-Endura) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 45h26’06 »
2. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 31 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 46 sec.
4. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) m.t.
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 2’33 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 2’44 »
7. Ivan Basso (ITA, Cannondale) à 2’52 »
8. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 3’35 »
9. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 3’46 »
10. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 3’56 »

Classement par points :

1. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 97 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 90 pt
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 89 pt
4. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) 61 pt
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 61 pt
6. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 60 pt
7. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 58 pt
8. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) 56 pt
9. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 53 pt
10. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 52 pt

Classement de la montagne :

1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 18 pt
2. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 15 pt
3. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 12 pt
4. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 12 pt
5. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 11 pt
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 11 pt
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 10 pt
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 9 pt
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 7 pt
10. Tomasz Marczynski (POL, Vacansoleil-DCM) 6 pt

Classement du combiné :

1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 7 pt
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 12 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 13 pt
4. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 15 pt
5. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 20 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 27 pt
7. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 28 pt
8. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 30 pt
9. Ivan Basso (ITA, Cannondale) 32 pt
10. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) 46 pt

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 135h30’45 »
2. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 33 sec.
3. Movistar Team (ESP) à 3’07 »
4. Euskaltel-Euskadi (ESP) 9’04 »
5. Team Katusha (RUS) à 11’18 »
6. Team NetApp-Endura (ALL) à 12’02 »
7. RadioShack-Leopard (LUX) à 14’16 »
8. FDJ.fr (FRA) à 19’43 »
9. BMC Racing Team (USA) à 25’07 »
10. Team Sky (GBR) à 29’07 »