Ces secondes-là ont du paraître une éternité. Une fois la ligne d’arrivée franchie, il a attendu, de longues minutes, avant d’avoir la confirmation de sa victoire. Une fois l’officialisation de son succès, Marc Soler (Movistar) n’en croyait pas ses yeux. L’émotion dans son regard en disait long. Les larmes sur ses joues et ses yeux rougis, aussi. Le Catalan semblait comme abasourdi, égaré, sonné, sur le podium final. Celle-là, il ne l’attendait pas. Et encore moins dans de telles circonstances, à l’arrachée, dans la dernière étape et pour une poignée de secondes.

Remporter le Paris-Nice, au terme d’une dernière étape époustouflante, dans des conditions météorologiques une nouvelle fois dantesques, il fallait oser le faire. Et Marc Soler l’a fait. « Je ne réalise pas ce que je viens de faire. Je suis encore sur un petit nuage, comme dans un rêve, a soufflé le jeune (24 ans) vainqueur en conférence de presse. Je suis tellement fier d’avoir remporté cette course. Jamais je n’avais imaginé finir en jaune ici. »

« Un très grand jour pour le cyclisme espagnol »

Mais cette victoire, l’Espagnol ne la doit qu’à lui-même. Il est allé la chercher, au bout du suspense, en faisant preuve d’un panache extraordinaire. Parti à cinquante kilomètres de la ligne d’arrivée, dans les roues de ses deux compatriotes David De La Cruz (Sky) et Omar Fraile (Astana), le vainqueur du Tour de l’Avenir 2015 a survolé la Côte de Peille pour ne plus jamais lâcher la tête de course.

Profitant du travail de ses deux compagnons d’échappée, le troisième du dernier Tour d’Andalousie n’a jamais lâché, conservant une précieuse avance jusqu’à la fin. « Marc a été très fort tout au long de ce Paris-Nice et surtout sur cette dernière étape. Je suis très content de sa victoire. C’est un très grand jour pour le cyclisme espagnol » a confié son compatriote et ami David De La Cruz, vainqueur lui de la 8ème et dernière étape.

« Marc a été incroyable sur ce Paris-Nice »

Avec quatre maigres secondes d’avance sur Simon Yates (Mitchelton-Scott) et quatorze sur Gorka Izagirre (Bahraïn-Merida), le partenaire d’entraînement de Luis Léon Sanchez (Astana) a déjoué les pronostics dans ce Paris-Nice, pour décrocher un étincelant succès. « Marc a été incroyable, s’est félicité le manager de l’équipe Movistar, Eusebio Unzue. Sur cette dernière étape, il a parfaitement joué le coup. Depuis l’an dernier, Marc a beaucoup progressé. Sur ce Paris-Nice, on lui a donné les clés de l’équipe et il a tout de suite su prendre ses responsabilités. On est très fier de lui. »

Également vainqueur du maillot blanc de meilleur jeune, le Catalan s’affirme encore un peu plus comme l’un des tout meilleurs espoirs du peloton et comme un coureur à surveiller de près dans les semaines à venir. Jusqu’au Tour de France ? « Gagner un grand Tour, c’est un rêve. Mais je n’en suis pas là. Je dois encore beaucoup travailler si je veux un jour succéder à Alberto Contador et Miguel Indurain. » En attendant, Marc Soler est en avance sur ses deux aînés, tous deux vainqueurs de leur premier Paris-Nice à l’âge de vingt-cinq ans.

Romain Boisaubert