Les grandes stars traditionnelles s’étant cette année détournées de la course au soleil pour lui préférer celle des deux mers, on ignorait il y a exactement une semaine quel beau champion sortirait du chapeau de cette édition. Plus indécise sans tête d’affiche claire, la course paraissait ouverte à une révélation, voire une consécration. Et c’est exactement ce qu’est allé chercher l’Australien Richie Porte (Team Sky). En l’absence de Bradley Wiggins, qui joue la discrétion en ce début de saison, et tandis que Christopher Froome a judicieusement choisi de jouer les premiers rôles sur Tirreno-Adriatico, la formation britannique avait décidé de confier de vraies responsabilités à Richie Porte. Ce leader en devenir, 7ème du Giro dès ses débuts pros en 2010, s’est ainsi vu attribuer le dossard 1 pour la semaine. Il lui tenait à cœur d’être à la hauteur.

Quarante-huit heures après sa démonstration dans le dernier kilomètre d’ascension de la Montagne de Lure, quand il avait repoussé ses plus coriaces adversaires d’une demi-minute en démarrant avant la flamme rouge, il reste 9,6 kilomètres à Richie Porte avant d’entrer au palmarès de Paris-Nice. Ces 9600 mètres sont intégralement ascendants (4,7 %), s’élançant de Nice pour rallier le sommet du col d’Eze. Remis au goût du jour l’an dernier, le contre-la-montre du col niçois ne revêt plus tellement d’enjeu dans la lutte pour le maillot jaune. Si Bradley Wiggins avait abordé l’exercice avec une poignée de secondes d’avance sur ses adversaires l’an passé, Porte compte cette fois plusieurs dizaines de secondes de marge de manœuvre. Il n’est pourtant pas question pour lui de gérer ce pécule mais de l’accroître !

Quand l’Australien s’élance le dernier, le brouillard s’est installé au sommet du col d’Eze, une montagne qui défie la mer Méditerranée du haut de ses 501 mètres. Il éclipse le soleil du ciel pour mieux suivre la progression de l’homme en jaune, qui avale la pente à toute berzingue. Il avait fallu 19’12 » à Bradley Wiggins pour en finir avec la montée du col il y a un an, ce qui avait permis d’établir un nouveau record d’ascension. Sur le même parcours, qui ne comprend pas le moindre mètre de plat, Richie Porte termine en 19’16 ». C’est 4 secondes de plus que Wiggins en 2012 mais 23 secondes de mieux qu’Andrew Talansky (Garmin-Sharp), son dauphin sur ce contre-la-montre final comme au classement général, que s’adjuge logiquement Richie Porte… avec près d’une minute d’avance sur son second. Des différences rares sur la course au soleil.

L’enjeu de cette ultime journée, finalement, reposait plus sur l’identité du troisième larron du podium. Avec sept coureurs en douze secondes pour la 3ème place, il est évident que des changements doivent intervenir sur l’ascension chronométrée du col d’Eze. Cet exercice, Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) l’affectionne. 3ème là-haut l’année dernière, le Toulousain grimpe un peu moins vite cette fois (19’48 » contre 19’45 »). Il prend la 4ème place de l’étape mais repousse largement les autres prétendants au 3ème rang du classement général. C’est lui qui complétera le tableau final de cette surprenante édition. Reste maintenant à savoir quel rôle sera accordé à Richie Porte dans les semaines à venir, lui que ses dirigeants respectifs ont toujours préféré voir se sacrifier pour les autres, Contador d’abord, Wiggins et Froome ensuite. Si ce triomphe le fait naître à l’ambition, un nouveau conquérant sera né cette semaine.

Classement 7ème étape :

1. Richie Porte (AUS, Team Sky) les 9,6 km en 19’16 » (29,9 km/h)
2. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) à 23 sec.
3. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 27 sec.
4. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) à 32 sec.
5. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 52 sec.
6. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) à 55 sec.
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’00 »
8. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 1’03 »
9. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) à 1’05 »
10. Jon Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 1’06 »

Classement général final :

1. Richie Porte (AUS, Team Sky) en 29h59’47 »
2. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) à 55 sec.
3. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’21 »
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 1’44 »
5. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) à 1’47 »
6. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) à 1’48 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’54 »
8. Lieuwe Westra (PBS, Vacansoleil-DCM) à 2’17 »
9. Andreas Klöden (ALL, RadioShack-Leopard) à 2’22 »
10. Peter Velits (SVQ, Omega Pharma-Quick Step) à 2’28 »