Laurent, la saison 2014 va bientôt débuter. Comment l’anticipez-vous ?
On va essayer de ne pas se rater. C’est le principal objectif pour nous qui avons été sauvés une deuxième fois. Et on va essayer d’être présents dès le GP Souvenir Jean Masse. On va aussi essayer de bien figurer sur une course qui nous tient à cœur, les Boucles de l’Artois. On va reconnaître les étapes et tenter de mettre une stratégie en place. La manche de Coupe de France qui me fait le plus peur, c’est les Boucles de la Marne, un contre-la-montre par équipes. Ça va coûter cher au club. Mais depuis quatre ou cinq ans, on sent que le niveau est très élevé chez les amateurs. J’en suis conscient. Une manche de DN1 vaut presque une Coupe de France professionnelle. Tous les clubs de DN1 ont des structures, ont des entraîneurs, des préparateurs. En terme de niveau, il n’y a plus de grande différence entre une DN1 et une équipe de continentale. Beaucoup d’anciens coureurs pros descendent chez les amateurs et le niveau est forcément relevé. C’est tant mieux pour le cyclisme. Mais il y a aussi beaucoup de jeunes qui arrêtent le cyclisme vers l’âge de 21-22 ans. Il ne faut pas brûler les étapes. J’en suis un exemple. Je suis passé pro à 25 ans. J’aurais pu l’être avant, mais j’ai su être patient. Le travail finit toujours par être récompensé.

Quel bilan tirez-vous de la saison 2013 ?
C’est une saison relativement négative. Pour la deuxième année consécutive, on termine dans les deux derniers du classement de la Coupe de France. C’est toujours malheureux, mais c’est le vélo. Je note aussi que Pierre Drancourt ne s’est pas montré à sa juste valeur. Il a eu pas mal de problèmes de santé. Nous avions une équipe jeune. Mais c’est la même chose pour les autres équipes. La saison est globalement négative sur le plan national, mais au niveau régional, nous avons tout de même gagné vingt courses avec douze coureurs différents. Cela veut dire que l’ESEG Douai est une équipe de copains où il y a une bonne ambiance. On va tenter de faire mieux en 2014.

Quels enseignements dégagez-vous de cette saison difficile ?
Il faut savoir que les autres années, nous avions beaucoup de rassemblements lors des mois de décembre et de janvier, mais que la météo n’a pas été bonne dans la région l’année dernière. On va continuer à mettre des entraînements collectifs en place. Les jeunes à l’heure actuelle ont du mal à se prendre en main tout seuls. Il faut beaucoup d’accompagnement. On va essayer d’être encore plus près des coureurs, être à leur écoute. J’espère que ça va aller. Nous sommes montés en DN1 avec une équipe de guerriers. Il n’y avait pas de limite d’âge en DN2 et j’avais pu mettre des coureurs comme Bastien Delrot, David Deroo, Pierre Drancourt, Geoffrey Deresmes et Léo Fortin. Des hommes d’expérience qui ont tous arrêté le vélo. Les DN1 sont souvent constitués de coureurs expérimentés. Nos coureurs ne sont pas encore formés. On a aussi le plus petit budget de DN1 et donc on doit faire avec nos moyens. Ce n’est pas parce que l’on est derniers de DN1 que l’on est mauvais. Le classement Vélo 101-Powertap.fr l’a montré. Certains clubs devant nous au classement Coupe de France sont derrière dans ce classement.

Comment l’expliquez-vous ?
Nous avons joué de malchance lors des manches de Coupe de France. Il fallait être là le jour J et c’est ce que nous n’avons pas réussi à faire. On a mal commencé la saison. On était complètement à côté de la plaque au GP Souvenir Jean Masse en ouverture. Ce sont des épreuves dans lesquelles il y a beaucoup de tension. Tout le monde était nerveux parce qu’on devait sauver notre saison. Il y a beaucoup d’enjeux. Peut-être nos coureurs n’ont pas supporté la pression. On a un peu changé les choses cette année. Pour nous préparer, nous irons dans le Haut Var au lieu d’aller en Vendée.

Vous allez donc mettre l’accent sur l’osmose au sein de l’équipe ?
Oui, c’est tout à fait ça. Nous sommes partis en stage mi-décembre. Puis, nous avons réuni toutes les semaines les coureurs pour mieux les suivre. Il faut beaucoup d’accompagnement. On le voit chez les pros. Quand j’ai commencé comme coureur pro en 1990, au mois de janvier, nous allions au ski avec Stephen Roche. Cela ne l’empêchait pas de bien marcher sur le Tour de France. Aujourd’hui, dès le mois de janvier, il y a certaines compétitions qui comptent. Même dans le cyclisme amateur, il y a beaucoup de pression. Avant, c’était plus cool. On montait sur le vélo à partir du 15 janvier pour Bessèges et le Tour Med. Maintenant, les stages commencent dès le mois de novembre.

La priorité de votre recrutement a donc été d’attirer des coureurs locaux ?
Tout à fait. C’était déjà notre philosophie. Cette année, nous avons pris quatre coureurs des environs de Douai et un Belge qui habite à Waregem pour pouvoir les rassembler au maximum et avoir un bon état d’esprit pendant les courses.

Quel est le profil de vos coureurs ?
Nous avons douze coureurs là où nous en avions seize auparavant. Ce sera peut-être mieux comme cela puisqu’on pourra plus s’en occuper. Beaucoup de coureurs travaillent à côté à mi-temps. Deux ou trois coureurs se consacrent entièrement au vélo et deux ou trois sont encore à l’école.

Vous changerez de matériel puisque vous roulerez sur des vélos Origine. Cela peut-il apporter une motivation supplémentaire aux coureurs ?
C’est normal que nous roulions avec un vélo Origine. C’est une entreprise nordiste et nous devons défendre nos couleurs. Quand l’entreprise nous a contactés, le courant est tout de suite bien passé. C’est un défi. J’espère que nous aurons beaucoup de victoires !

La bonne nouvelle de cette saison, c’est que votre fils, Romain, passe pro chez Roubaix Lille Métropole…
C’est la cerise sur le gâteau. C’est un aboutissement pour lui, même s’il n’a pas gagné grand-chose. Il va mieux s’adapter au monde professionnel qu’en amateur. Il est tout neuf dans le vélo puisqu’il n’a commencé qu’à 18 ans. Pour moi, il est doué, il a un tempérament d’attaquant comme son père. C’est son atout. Je pense qu’il ne va pas se rater. J’y crois, mais il a un nom à porter, c’est très dur. Pillon, ce n’est pas un grand nom, mais c’est quand même connu dans la région. Je pense qu’il va s’y faire. C’est un attaquant. Il sera récompensé chez les pros. J’espère qu’il va bien rouler pour faire taire quelques critiques. Ce n’est pas son palmarès qui lui a permis de passer pro. Francis Van Londersele le voulait parce qu’il l’a vu courir et il a pensé qu’il n’avait plus rien à faire chez les amateurs. C’est un peu vrai. Seul l’avenir nous le dira.