La trilogie du Stelvio s’est achevée dimanche 10 juin sur un contre-la-montre de 21.7 kms au départ de Bormio et avec l’arrivée à 2758 mètres, au sommet du mythe, que les coureurs avaient zappé dans un premier temps vendredi avec la bascule sur l’Umbrail et assez peu vu, disons, dans le brouillard du final du côté 48 virages, quelques heures plus tard.

Dimanche matin, rien de tout ça, il fait beau sur Bormio et les premiers amateurs de grimpettes s’attaquent au géant droit devant. C’est une belle journée qui s’annonce, on va voir le Stelvio dans toute sa majesté, et rien que cette perspective efface la fatigue des jours passés. Départs des premiers à compter de 8h30, départ toutes les 30 secondes, pas de fausse note, tout le monde est dans les temps, sur la rampe, décompte et c’est parti pour aller défier le chrono qui se déclenche une fois les petites rues pavées traversées, inutile de dire que le petit plateau tombe vite et ça mouline vers le haut.

1541 mètres à grimper, sur un peu plus de 20 kilomètres, le meilleur va mettre 1h05, la meilleure 1h30, ceux et celles qui auront plus apprécié les paysages, entre 2 et 3 heures, assez parlé de chiffres côté course, place aux sensations et aux impressions. Comme sur la Haute Route Ventoux en octobre dernier (450 participants) a trouvé son épicentre à Bedoin, sans doute aucun, la Haute Route Stelvio a trouvé son berceau à Bormio qui a le bon goût de proposer le Stelvio en 4 versions possibles, mais aussi d’autres mythes, Mortirolo et ses 4 faces, ou Gavia par les 2 côtés. Là où le géant de Provence n’offre « que » 3 possibilités avec des finales variables. En revanche, Bormio a développé un sens de l’accueil des populations hiver et été sans commune mesure et l’accueil a été à la hauteur des 2758 mètres. Bormio, ses 4000 bormini, ses thermes, sa centaine d’hôtels voient la population passer à 40 000 habitants dont surtout des motards, randonneurs, vététistes et bien sûr cyclistes. Tous les participants à la Haute Route l’ont confirmé, accueil fantastique dans les hôtels, on a garage à vélo, espace atelier pour la mécanique, voire possibilité de mettre son vélo dans la chambre et bien sûr les menus sont pensés pour les sportifs.

50 000 nuitées, c’est le volume d’activité généré par les événements cyclistes sur Bormio chaque année. Parmi ceux-ci la Gran Fondo Stelvio Santini, tout début juin, 3000 participants, 60% de coureurs étrangers venus de plus de 50 pays, la Haute Route désormais, puis des événements comme Climbinf for life où plus de 2500 Belges viennent grimper le Stelvio jusqu’à plus soif. Si l’on ajoute les magasins de vélo, les produits dérivés, les services développés autour de l’outdoor, c’est donc toute une économie du vélo qui s’est mise en place au fur et à mesure du passage de Bormio de village rural, à station de renommée internationale.

Côté chrono du Stelvio, cette montée finale s’est déroulée dans la splendeur, tout le monde en court et la vue a été à couper le souffle, torrents, champs à perte de vue, troupeaux à l’horizon et au sommet l’enneigement, finalement il ne nous aura manqué « que » les murs de neige mais le Giro est terminé depuis 15 jours déjà. La montée a été grandiose, le final au sprint et dans les encouragements, médaille de finisher qu’on pourra utiliser pour décapsuler les bières, ravito où les morceaux de parmesan vont presque nous manquer et récupération du sac avec le long. La redescente, prudente, a été magnifique et a largement laissé le temps de refaire le fil de ces 3 journées, difficiles, mais exaltantes et tout le monde avait le sourire tout en bas, son tee-shirt finisher sur le dos. Cette Haute Route Stelvio est bien née, elle pourra accueillir encore plus de monde, c’est certain, même si l’ensemble des interlocuteurs doivent se mettre en cause pour faire encore mieux.

Les deux sentiments plus négatifs qui ressortent unanimement après ces 3 jours concernent un seul thème, l’environnement. On a roulé dans un parc naturel, une région la Valtellina, qui sont une splendeur magnifiquement préservée et certains coureurs « pour faire comme les pros » n’ont toujours pas compris qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. Lamentable de voir qu’au pied du Gavia, après les 90 premiers il y ait un tas d’emballages, tout ça parce qu’un type s’est allégé de son trop de barres et que les autres ont fait semblant de croire que c’était un espace jetage. Les gars de Sud-Vélo n’en jetez plus qu’il faut saluer pour leur engagement et pour leur capacité à s’arrêter pour « faire le ménage », étaient là pour sensibiliser mais c’est un problème d’éducation des individus, et là, bon courage.

Autre souci lié à l’environnement et là pas mal de nationalités sont concernées, dont Française, les voitures suiveuses sont interdites sur les cyclosportives, une fois pour toutes, cela rajoute de la pollution, c’est inéquitable et ne parlons pas de la suspicion. On vous laisse imaginer, le Mortirolo, ses 12/13%, sa route plus qu’étroite, et ce gaz d’échappement de voitures qui n’ont rien à faire là. Encore une fois, messieurs les coureurs, ceux qui ont des assistances ce sont les pros ou les élites, il faut aller jouer dans la cour des grands, pas dans le cyclosport. Problèmes récurrents on l’a dit, dont l’éradication passe par le message, mais aussi par l’action. Comme évoqué par Sud-Vélo, contrôles aléatoires au sommet, emballages dans les poches ou pas, sinon 10′ de pénalité, terminé, sujet suivant.

Pour conclure ces 3 superbes journées de convivialité partagée, de fraternité entre les coureurs, on se dit que les organisateurs ont bien fait d’échanger « un baril de Haute Route Dolomites » sur 7 jours contre deux barils de HR 3 jours. Celle du Stelvio est déjà un succès, et la HR Dolomites à Perazzo, du 21 au 23 septembre, avec des cols un peu moins renommés mais apparemment toujours aussi « à la hauteur » de la course la plus dure au monde, devrait être pas mal. En plus, c’est une bonne préparation à la HR Ventoux de début octobre.

Ces Haute Route 3 jours sont sans doute l’avenir du concept HR, un format plus abordable avec le chrono en 3ème jour, une récupération optimisée avec hébergement fixe, espaces course identiques d’un jour à l’autre que ce soit Mavic et son équipe « toujours aussi pratique », massages pour tous et partage des petits bobos avec Dokever, l’assistance médicale. Et pour les accompagnants, comme pour les coureurs, les sites choisis sont suffisamment beaux pour occuper les 7 jours !