Lorenzo, vous avez choisi de présenter trois nouveautés en mars. Pourquoi avoir retenu cette date entre deux Eurobike ?
Nous souhaitions lancer le groupe Potenza 11 et la roue Shamal Ultra C17 aussi vite que possible. Nous allons commencer à livrer le marché et nous voulions anticiper ces nouvelles à la presse. L’application My Campy App avait quant à elle déjà été annoncée à l’Eurobike l’été dernier. Elle a subi depuis une évolution pour être désormais prête. Le temps coïncidait pour le lancement de ces trois produits. Reste que s’agissant du système de frein à disque, nous n’avons encore rien présenté. Nous avons seulement informé la presse sur la situation. Nous venons juste de livrer les équipes Astana, Lotto-Soudal et Movistar Team. Et je pense qu’il vous sera très bientôt possible de découvrir ce système sur les vélos des pros.

Que visez-vous avec le lancement d’un groupe de moyenne gamme comme le Potenza 11 ?
Je dirais que nous avons mis au point un groupe qui désormais peut vraiment concurrencer le Shimano Ultegra, tant en matière de prix qu’en matière de performance. On retrouve la qualité Campa. Nous avons repris pratiquement toutes les caractéristiques du Revolution 11 (Super Record, Record et Chorus), lancé il y a deux ans. Et nous sommes en train de les proposer sur une moyenne gamme avec un prix extrêmement intéressant pour les fabricants de cadres. Avec ce créneau, nous visons la première monte.

Justement, Campagnolo est aujourd’hui majoritaiement positionné sur le marché de l’accessoire. Comment envisagez-vous de vous rapprocher de l’industrie pour redevenir incontournable auprès des constructeurs ?
Il faut tout d’abord un produit intéressant. Nous sommes bien connus pour les produits haut de gamme, qui ne sont pas ceux que les fabricants choisissent. C’est pourquoi il nous fallait proposer un produit se situant sur la moyenne gamme. Avec le Potenza 11, nous devons être capables de devenir une alternative au Shimano Ultegra. Les constructeurs eux-mêmes souhaitent avoir cette alternative.

La roue Shamal Ultra C17 s’inscrit quant à elle dans l’air du temps avec des sections de pneus de 25 voire 28 millimètres…
C’est une adaptation à l’évolution du marché. La Shamal est une roue très performante, très connue, et cette nouveauté le sera tout autant. Pour des gens qui ne veulent pas rouler sur du carbone mais sur de l’alu, c’est la perfection ! Souplesse, confort et sécurité sont au rendez-vous.

Cette roue est proposée en 2-way Fit, donc compatible tubeless, un marché qui a du mal à s’installer. Peut-on imaginer que vous fournissiez un jour le pneu tubeless avec la roue ?
C’est une option qui nous a déjà été demandée par le marché, mais nous avons pris le parti de concevoir la roue et de laisser le consommateur choisir pour ce qui concerne le pneu. On ne souhaite pas porter la responsabilité du pneu. Ça ne fait donc pas partie de notre esprit. Vous ne verrez jamais un produit de la marque Campagnolo qui n’a pas été fait chez Campa.

Vous évoquiez la livraison d’un système de freinage à disque chez les pros. Pensez-vous que cette technologie finisse par s’implanter chez les professionnels ?
Cette année, c’est l’année d’essai. Je sais qu’à ce jour les professionnels ne sont pas tellement excités par ce produit. Ils n’y croient pas. On verra ce qui se passera. Moi, personnellement, je pense que c’est le futur. De là à dire si c’est un futur proche ou lointain, les mois à venir en décideront.

La démarche de l’Union Cycliste Internationale, qui consiste à laisser aux équipes l’initiative des essais de freins à disque, est-elle rationnelle ?
C’est une démarche prudente. L’UCI a compris que des problèmes méritaient d’être résolus, mais le frein à disque reste une expression des constructeurs et la fédération internationale ne pourra pas stopper une telle évolution. Quand le marché va dans une certaine direction, il est difficile d’imaginer l’UCI bloquer cette expansion. D’un autre côté, je pense que les règles établies par l’UCI vont dans le bon sens. Ça permet de voir ce qui va se passer. Ce que décideront les professionnels influencera le marché, il en a toujours été ainsi pour chaque produit. Mais il est encore difficile de prévoir ce qui va se produire.

Dans un marché toujours plus concurrentiel, comment voyez-vous Campagnolo dans dix ans ?
Le vélo a connu des évolutions sur certains marchés. Dès lors il a obtenu de la croissance. Et quand il y a croissance, des nouveaux venus débarquent pour voir si le vélo leur plaît. Ils arrivent avec des produits de base, et ensuite ils montent. Je vois un avenir positif à Campagnolo dans les dix années à venir. Je pense que quand on offre des produits de qualité, une histoire, une tradition et un savoir-faire, de belles opportunités se profilent encore.