Mathieu, Paris-Nice Challenge est le dernier né de la famille cyclosportive d’ASO. Quelles sont les grandes lignes de ce projet ?
C’est un projet qui a vocation à être au plus proche de la course professionnelle. Nous avions déjà ce concept Challenge avec Paris-Roubaix Challenge et Liège-Bastogne-Liège Challenge. Il nous paraissait évident de proposer cette déclinaison sur cette course par étapes qu’est Paris-Nice.

Qu’est-ce qui vous fait croire au succès de cette nouvelle épreuve ?
Ce qui pourrait faire son succès, c’est sa date. Nous sommes en début de saison. Comme pour les professionnels, c’est le moyen de se fixer un objectif dans le cadre de la préparation hivernale. Le 12 mars, c’est très tôt dans la saison d’un cyclosportif. C’est pourquoi nous proposons deux parcours. Le premier reprend l’intégralité de la dernière étape de Paris-Nice avec 141 kilomètres par les côtes de Duranus (3,9 km à 4,3 %), de Levens (5,3 km à 3,1 %), de Châteauneuf (5,4 km à 4,4 %), le col de Calaison (6,3 km à 4,4 %), la côte de Peille (6,6 km à 6,8 %) et le col d’Eze (7,7 km à 5,7 %). Un autre parcours sous les 100 kilomètres permettra de s’étalonner, de se tester. Ensuite, nous serons en étroite synergie avec l’épreuve professionnelle. Le départ sera donné sous l’arche de celui de Paris-Nice sur la Promenade des Anglais. L’univers de la course professionnelle sera donc bien présent.

Seules deux montées seront chronométrées. Pourquoi ne pas organiser ce Paris-Nice Challenge sur le format d’une cyclosportive « classique » ?
Nous avons testé avec succès la formule de rando sportive sous l’égide de la FFC. Elle nous permet d’avoir une certaine souplesse organisationnelle puisque nous sommes sur route ouverte à la circulation. Malgré tout, nous aurons un dispositif de signaleurs, de motos de sécurité qui seront mis en place, de même que des points de ravitaillement qui seront émaillés le long du parcours. Cela dit, ce format nous permet de conserver des secteurs chronométrés sur les côtes de Duranus et de Peille. Nous en aurons deux sur Paris-Nice Challenge. En bref, c’est un format sur lequel nous nous sentons très à l’aise pour organiser l’épreuve.

Le succès de la première édition décidera-t-il de l’avenir de l’épreuve ?
Comme toute première édition, nous sommes amenés à en faire le bilan, mais cette épreuve a vraiment vocation à perdurer à se pérenniser. Nous sommes sur une création d’épreuve communiquée tardivement. Les inscriptions sont ouvertes depuis moins d’un mois. Elles seront ouvertes jusqu’à la veille de l’épreuve. Nous espérons entre 800 et 1000 participants. Actuellement, nous en sommes à plus de 600 inscrits, soit plus de la moitié.

Quelles seront les animations qui se dérouleront autour de votre épreuve ?
Dans le cadre de Paris-Nice cette année, plusieurs étapes se dérouleront sur le territoire de la Métropole Nice-Côte d’Azur. Du coup, un village, le Nice Bike Festival, va être organisé pendant trois jours, du vendredi au dimanche. Le vendredi, les partenaires de Paris-Nice seront présents, de même que les bus des équipes professionnelles. Les participants pourront alors récupérer leur dossard à la veille de l’épreuve du samedi. Les zones de départ et d’arrivée seront placées sur la Promenade des Anglais, à l’endroit où le village sera installé. Notre site est resserré, recentré, pour profiter de l’épreuve et des animations qui auront lieu dans le cadre de la course professionnelle.

Ne craignez-vous pas de rentrer en concurrence de Explore Nice Métropole by le Tour, un concept créé par ASO ?
C’est une offre complètement différente. Avec Explore Nice Métropole by le Tour, nous avons conçu un produit premium, qui s’adressait à peu de concurrents avec des prestations très élevées puisque nous prenons en charge le transport, l’hébergement et la restauration, donc un package entier. Avec le Paris-Nice Challenge, nous sommes revenus à des fondamentaux. Les tarifs d’inscription sont à 30 euros pour le grand parcours et 25 euros pour le petit. Nous sommes donc sur une cyclosportive d’entrée de gamme avec les services habituels : assistance mécanique et médicale, points de ravitaillements sur le parcours. Il s’agit donc d’un produit plus accessible qu’Explore Nice Métropole by le Tour et qui peut permettre, en fonction de la météo, de s’inscrire la veille pour le lendemain.

Avec ce Paris-Nice Challenge, ASO confirme que sa politique en Europe est de se baser sur les mythes ancrés dans le monde du cyclisme pour offrir la possibilité aux cyclos de découvrir les terrains des professionnels.
Tout à fait, c’est notre stratégie de développement en Europe qui est celui de « ride like a pro ». Notre objectif est de proposer aux cyclosportifs une expérience qui soit au plus proche de ce que peuvent vivre les coureurs professionnels. Notre grosse épreuve, c’est bien sûr l’Etape du Tour, mais nous avons dans notre portfolio d’autres épreuves comme Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et maintenant Paris-Nice. Notre objectif est d’adosser sur chacune de ces épreuves professionnelles une épreuve dédiée aux cyclosportifs de référence.

Et pour le reste de l’Europe ?
Il y a plusieurs choses. Des opportunités peuvent se créer pour organiser des épreuves sur d’autres territoires ou reprendre des événements en fonction de l’évolution du marché. Pour nous, ce qui est important c’est de développer cette expérience au plus près des coureurs. Nous avons donc proposé la 1ère édition du Tour du Yorkshire Ride l’an dernier. Nous avons accueilli plus de 5000 participants. Les Anglais sont de vrais fanatiques du cyclisme, le fait d’avoir organisé le Grand Départ du Tour en 2014 a suscité de nombreuses attentes de la part des pratiquants pour continuer sur cette dynamique. Nous avons donc lancé cette épreuve pour répondre aux demandes de nos amis anglais.

Mais ASO ne se limite pas qu’aux territoires possédant une forte tradition cycliste et s’implante dans des pays émergents comme le Brésil et le Paraguay.
Cette stratégie est vraiment différente de celle que nous appliquons en Europe. Ici, notre but est de valoriser l’image du Tour de France, le by le Tour de France. Nous sommes donc sur une stratégie d’internationalisation de cette licence de marque. Il est extrêmement important que le Tour de France, retransmis à l’international, ne soit pas seulement vu à la télévision ou entendu à la radio mais qu’il soit également vécu. L’objectif est de partager cette expérience du Tour de France en proposant des cyclosportives avec des standards du même niveau que l’Etape du Tour : des routes fermées à la circulation, des parcours tracés comme pour les professionnels, avec le même niveau d’exigence au niveau de l’assistance mécanique et des points de ravitaillements qu’en Europe. Nous avons beaucoup de Brésiliens qui viennent en Europe chaque année pour faire les plus grosses épreuves cyclosportives en France, notamment sur l’Etape du Tour. Ils commencent à être demandeurs de ce genre de format. L’objectif pour nous est de leur proposer une expérience Tour de France chez eux. Pour la 1ère édition, nous avions accueilli 1500 participants à Cunha entre Rio de Janeiro et Sao Paulo.

Cette stratégie fait-elle recette ?
Ça fonctionne très bien. Nous le faisons depuis cinq ans en Argentine avec un musée aux couleurs du Tour de France et des ambassadeurs comme Pedro Delgado et Oscar Pereiro. Après le Brésil et le Paraguay l’an dernier, nous enrichissons notre portefeuille d’épreuves avec des cyclosportives en Australie et au Pays de Galles.

Malgré tout, ASO poursuit sa stratégie d’implantation en France avec une nouvelle épreuve prévue pour 2017 : Explore Corsica. Pourquoi ?
Ce sera un concept de course itinérante sur plusieurs étapes. Nous voulons proposer une prestation clé en main, à la manière de ce que nous avons fait avec Explore Nice Métropole. C’est ce concept que nous déclinons en Corse. Avec ce service premium, les concurrents n’auront qu’à penser à s’amuser, à faire du vélo. ASO et ses équipes s’occupent du reste de la logistique. La particularité, c’est que les hébergements ne se feront pas sur l’île, mais sur un bateau. Cela facilitera la logistique des participants.

Propos recueillis le 24 février.