8 heures, Bedoin, le petit jour se pointe et la brume se lève, tout est en place pour que ce samedi 15 octobre soit une vraie belle journée de vélo, avec 146 kilomètres, 3300 mètres de dénivellation positive, et une montagne de petits cols à escalader avant sa majesté le Ventoux, face Malaucène, cette fois. Direction Villes-sur-Auzon, et les incontournables Gorges de la Nesque, celles que les protagonistes du Roman Ventoux escaladent après leur périple des Pays-bas et qu’on conseille à tout cycliste qui se respecte de grimper histoire d’éliminer la fatigue du voyage et se mettre en jambes avant le ou les Ventoux, quand on aime..
Les gorges de la Nesque, c’est une splendeur naturelle, 20 kilomètres à 5/6% de moyenne, et c’est parfait pour lancer la machine, s’échauffer et se mettre en condition, pour l’organisation, c’est l’occasion déjà de répartir les groupes de niveaux, avant de traverser Sault, second passage sur ces 2 premiers jours. Au sommet, au belvédère à 1000 mètres ou presque, c’est soleil sur le plateau de Sault, manque plus que la lavande on a la totale, côté belles couleurs. La Haute Route Ventoux ne pouvait manquer ce lieu mythique, bravo, bien joué. Premier bon point de cette journée.
Dans sa belle initiative de nous faire visiter les plus beaux villages de France, on a droit aujourd’hui à Montbrun-les-Bains, ou plutôt sa vue imprenable, un peu comme Vénasque hier. Juste avant, virage à gauche, direction Aulan, son col, son château, et sa rivière qui longe toute la montée ou presque, on est toujours autour des 1000 mètres d’altitude maxi, et c’est toujours aussi beau, le soleil magnifie cette région, comme des épreuves du type Haute Route magnifient le Ventoux, le tour est joué. Ensuite direction la Drôme, second département visité par cette Haute Route, disons-le tout de suite, Vaucluse-Drôme c’est du pareil au même, on roule sur une « route remarquable » c’est un label peu courant mais qui veut tout dire.
Toujours dans notre jeu de piste favori, disons qu’on frôle Séderon, le col de Macuègne, le col du Perty mais on n’y va pas, et pourtant avant d’attaquer le col d’Ey, il y a un autre col, à quelque chose comme 6/700 mètres, à vous de jouer. Si la première étape fait la part belle aux beaux villages et à la lavande, disons que la deuxième y ajoute les vergers de fruits: abricots, cognaciers, pommiers, etc…on est dans la Drôme Provençale, ça se sent, très bon et ça se voit surtout, tout coureur pris en flagrant délit de ne pas lever la tête du guidon se verra…obligé de repartir pour un tour ! Franchement, c’est une splendeur, d’autant plus que ces 3 premiers cols proposés sont assez faciles, pas très longs, pas très pentus mais, car il y a un mais, ils usent surtout si on y ajoute le vent du côté de Buis les baronnies, et les coups de culs avant d’arriver à Malaucène, comme le Pas du voltigeur à 340 mètres, à peu près, une section de 25 kilomètres qu’il vaudra mieux ne pas aborder seul ou seule.
Reste le morceau de bravoure, le Ventoux par Malaucène, la même dénivellation que par Bedoin, la notoriété en moins, mais la vue sur la chaîne des Alpes en plus. Tous les spécialistes le disent, à commencer par les pros, c’est aussi dur que par Bedoin, les difficultés y sont étagées de manière différente, c’est tout. Côté Malaucène, c’est la partie juste après le km 5, la source du Grozeau, et surtout, surtout les 3 kilomètres qui précèdent le Mont Serein, une vacherie à 11% de moyenne, avec des passages à 13! Ça fait mal, sur une montée sèche, pas trop, mais après 130 kilomètres, pas plats du tout, on confirme ça fait mal. D’autant plus qu’après c’est aussi un kilomètre assez raide avant d’apercevoir l’observatoire, version Tintin « on a marché sur la lune » et les derniers lacets exposés au vent.
Une très belle étape, celle qui déterminera sûrement une bonne partie du classement général, à propos du duel Franco-Suisse sur ce test event, avantage à la France aujourd’hui, Nicolas Roux, malgré une côte cassée au Roc, s’est imposé au sommet. Revanche chrono en main demain, et côté chrono, les Suisses…Chez les féminines, autre Roux, mais la championne de ski alpinisme Laëtitia, une championne qui reste passionnée de vélo, et qui s’y met dès que son planning d’entraînement le lui permet.
Demain, le dessert de cette Haute Route Ventoux, la montée chrono par Bedoin, la montée royale, départ en groupe, mais en octobre 2017, vous partirez toutes les 20 secondes, au passage, cette édition Ventoux s’annonce très bien déjà plus de 70 engagés, en une semaine, décidément le Ventoux et le vélo, c’est une histoire d’amour, qu’il faut toujours entretenir, mais tellement belle. Un beau chapitre s’ouvre, c’est d’ores et déjà certain.