Toute la semaine, Vélo 101 vous fait vivre le Wow Cyclothon, une course en relais de 72 heures non-stop pour effectuer le tour de l’Islande à vélo sur la route principale de l’île. Plongez au cœur de notre périple de 1332 kilomètres pour la bonne cause !

Le Wow Cyclothon porte bien son nom. « Wow », c’est précisément ce que l’on se dit à chaque changement de direction où une nouvelle merveille s’offre à nos yeux. Mais, à force, le merveilleux devient presque banal jusqu’à ce qu’une nouvelle splendeur soit découverte, tel que le sommet d’un glacier qui s’embrase sous les lueurs du soleil couchant. Pourtant, il faut bien faire l’impasse sur quelques-uns de ces décors de rêve. À contrecœur certes, mais c’est une nécessité.

Passer trois jours sans dormir avec de plus en plus de kilomètres dans les pattes est tout bonnement impossible. Du coup, les six membres du groupe auquel nous faisons partie (quatre cyclistes et deux chauffeurs) doivent alterner leur rythme de sommeil. Mais il est loin d’être évident de dompter les soubresauts provoqués par les aspérités de la route et les vrombissements du moteur du camping-car servant de voiture-balai pour tomber dans les bras de Morphée. Sans compter les conversations qui s’enchaînent au fil des relais que nous effectuons (un cycliste sur le vélo, les trois autres dans la voiture suiveuse).

Et les sujets sont multiples. Bien sûr, le thème qui revient le plus souvent est relatif à l’épopée que nous vivons depuis 48 heures. Mais on parle aussi musique, de Sigur Ros, un groupe islandais de rock progressif à la chanson française d’Hubert-Félix Thiéfaine. De littérature aussi, de Rousseau à Voltaire en passant par Zola. Ou encore, période Coupe du Monde oblige, football avec le match de l’équipe de France face à l’Équateur mercredi qui s’est soldé par un triste 0-0.

Tout cela n’a qu’un but : occuper les esprits avant de remonter sur les machines et affronter les kilomètres. Car si la journée d’hier fut fabuleuse pour les yeux, la nuit fut un peu plus compliquée. La traversée de l’Islande du nord, d’ouest en est, n’a pas été une réelle partie de plaisir (sur le vélo en tout cas) avec des paysages désertiques et pas un chat (ni même un mouton) à l’horizon.

La légende dit que la partie que nous avons traversée dans la nuit est hantée par les fantômes qui souhaitent rallier le lac Myvatn à Egilsstadir. De telles créatures, nous n’en avons guère croisées, mais les décors proches de l’Apocalypse, tout aussi beaux soient-ils du fait de leur caractère dépouillé, sont quelque peu décourageantes pour la pratique du vélo, tant les points de fixation se font rares sur les routes rectilignes au rendement discutable. C’est une autre paire de manches une fois que nous rejoignons le littoral et retrouvons les fjords qui nous intimident toujours par leur majesté.

Dans ces conditions, notre moral est quelque peu atteint lorsque, alors que les jambes sont lourdes pour tout le monde, nous nous apercevons que Reykjavik, terme du périple, est encore à plus de 600 kilomètres. Nous songeons même à bâcher après la portion VTT d’une vingtaine de kilomètres, avant de prendre notre courage à deux mains et de continuer cette belle aventure. Et du courage, il en faut pour parcourir ces bornes le plus souvent sur des routes rectilignes, exposées au vent (qui ne nous est toujours pas favorable) et parfois en faux-plat montant. La totale pour un parcours usant, pour des organismes eux aussi usés par un périple qui dure depuis maintenant près de 48 heures.

Malgré tout, quelques décors valent encore le coup d’oeil sur des routes désertiques où les maisons et les villes se font rares, même si nous comptons quelques spectateurs : moutons, bœufs et petits oiseaux qui nous accompagnent parfois pendant quelques mètres. Au moment où nous atteignons le sud-est de l’île se profile le glacier Vatnajökull, le plus grand d’Europe. C’est là que se situe le Jökulsarlon, lagon glacier utilisé pour le tournage de scènes dans la saga James Bond (« Dangeuresement vôtre » et « Meurs un autre jour »). À 18h20, nous fêtons le 1000ème kilomètre parcouru. Il en reste donc 332. Un total presque dérisoire comparé à notre parcours jusqu’à présent…