Vélo 101 a reconnu intégralement cette étape qui va piquer, et surtout, rester dans les esprits des coureurs ! Pas seulement de par les Glières, haut lieu de la résistance pendant la seconde guerre mondiale, mais aussi de par un enchaînement de difficultés qui vont solliciter les organismes et le matériel.

En bon maître des cols qu’est l’organisateur du Tour de France, Amaury Sport Organisation, il aime les couleurs : le rouge, le bleu, le vert, et le noir, soit les pourcentages de déclivité des cols répertoriés sur la carte du Tour.

Pour 2018, il en est un dont tout le monde a parlé : les Glières, mais que, sauf à être daltonien, on verra vite que, pour lui, « noir, c’est noir ». En effet, les 6 kilomètres proposés sont à plus de 10% de moyenne, et certains passages à 15. 720 mètres au pied, lieu-dit l’Essert, et 1390, 6 kilomètres plus loin, soit 11.2% de moyenne.

Après ces 9 heures passées à reconnaître la totalité du parcours, on est sûr de 2 choses : d’une part, lendemain de 1ère étape de repos sur le Tour, la liste des prétendants à la victoire à Paris aura fondu au Grand Bornand, car ceux qui seront largués dans les Glières, ne reviendront pas, mais surtout prendront très cher. D’autre part, il ne faudra pas aller bien au delà des 3000 pour voir, sur la cyclo du 8 juillet cette fois, des coureurs marcher à côté du vélo tant la pente est raide et les endroits pour se relâcher et se ravitailler peu nombreux.  D’autant plus qu’effet étape oblige, ça va partir très vite, et que les efforts vont se payer dès le kilomètre 74, le bon tirage de la Haute Savoie, si accueillante et magnifique de beauté.

Et encore, vous ne connaissez pas la seconde lame, ou le second effet « roule cool », après le macadam sur une route pas très large, place au gravel. 2 kilomètres en légère descente au début, puis une belle remontée rectiligne jusqu’à la hauteur du monument érigé aux héros de la résistance dans les Bossons. Premier passage du Tour sur une section empierrée, avec virage à 90°, passages creusés par la pluie et les autos, des mini passages canadiens pour évacuer l’eau, mais qu’on peut shunter en passant à droite et à gauche.

Le bon côté de la chose ? On est dans un lieu magnifique, s’il fait beau, cette étape restera vraiment comme faisant rimer Annecy avec réussi, en ce qui concerne la beauté des lieux. Et puis, si les fabricants se décarcassent à créer, faire de la recherche, tester à longueur de temps, c’est pour nous. Alors, bravo à ceux qui croient au tubeless, côté pneus comme côté roues. On était 6, roues DT Swiss et pneus Hutchinson pour la majorité, 2 passages (il faut bien refaire une prise comme ça, deux fois !), je multiplie par 2 les kilomètres, résultat? Je ne pose jamais le vélo pour réparer, zéro crevaison, et passage « les yeux fermés », ou presque, quand on a le bon équipement. Pour les pros, ça ressemblera à Paris-Roubaix, assistants sur les côtés, avec des roues, pour le cas où…

Cette étape du Tour sera marquante, comme l’a été celle de 2013, par la beauté et l’accessibilité du site d’accueil : Annecy, le lac, la proximité de l’aéroport international de Genève, le TGV… Elle le sera également par la praticité du départ, tout plat jusqu’à Talloires, la lac à gauche, la brume qui se lève sur les montagnes, les cygnes, les canards… Et puis, le premier virage à gauche, le premier talus, le col de Bluffy qui calmera un peu les ardeurs, et régulera les pelotons partis à 1000 par sas. Direction Thônes, et, déjà, l’annonce des monuments du plateau des Glières, Manigod, bienvenue dans la vallée du Reblochon, on « reblochonnera » bien un petit peu! Pour ceux qui testent les ravitos et montée du col de la Croix Fry, 11.3 km à 7%, sommet au km 57 de la cyclo. 2 parties dans ce col, avant Manigod, le village de Marc Veyrat, où c’est soft, et puis dans le village, et après où ça se relève. Autant dire que devant, la première sélection sera faite, alors que, chez les pros, l’échappée matinale sera partie.

Marquant, ce rendez-vous du 8 juillet, il le sera aussi par son côté gestion facile des abandons. En effet, ceux qui auront un coup de moins bien, pourront déjà bifurquer vers le Grand Bornand, à Thônes, très précisément, et bien plus tard pour ceux qui butent sur les Glières, au hasard. Le parcours de cette étape fait une sorte de 8, et les retours précipités sur Annecy ou arrivées, elles aussi précipitées, sur Le Grand Bornand, pourront se faire facilement, à vélo, plutôt qu’en car.

Ça serait dommage, car la suite de la Croix Fry est déjà servie, descente rapide où il faut toujours être en prise vers La Clusaz, Saint Jean de Sixt, Entremont, virage à gauche, l’Essert et les Glières, on l’a dit. La descente des Glières est la plus technique des cols du jour, on arrive dans la vallée de l’Abondance, le fromage, et le petit col des Fleuries, non répertorié, sur une belle route, qui culmine à 920 mètres, kilomètre 105, nous fera apercevoir les prochains sommets qu’il faudra aborder en abondance justement, car il y a 30 kilomètres de vallée : Bonneville, Scionzier et, si tous les chemins mènent à Romme, le col, il faudra voyager accompagné sinon… Attendre le groupe suivant!

« L’enchaînement col de Romme, Colombière va faire mal, très mal », c’est ce qu’a souligné Thierry Gouvenou dans ses interviews (http://www.velo101.com/pros/article/thierry-gouvenou-annecy-le-grand-bornand-est-letape-cle-du-tour–18419). Tant pour les féminines, qui seront parties de Duingt, et auront zappé la Croix Fry, mais se farciront tout le reste soit 108 kilomètres, que chez les pros où ceux qui auront lâché dans les Glières paieront très cher sur la partie plate, que pour les cyclos bien sûr, car le col de Romme, c’est mieux qu’une première lame pour éliminer le reste des forces.

8.8 kilomètres avec une moyenne de 8.8% facile à calculer, et encore le dernier km est à 7%. 30 kilomètres, plein pot sur la grand plateau, et direct, tout à gauche, ça va faire très mal, et sûrement que beaucoup auraient espéré une remontée directe vers Le Grand Bornand par la Colombière.

Descente rapide et propre sur 5 kilomètres, histoire de récupérer et d’espérer que le Reposoir en soit un, il l’est mais pour 100 mètres, et ça attaque La Colombière, bien moins long que le classique, mais les plus durs passages, 7.5 km à 8.7% de moyenne, gardez-en sous la pédale si c’est encore possible, car à 2 km, c’est 10% de moyenne, et le dernier km est à 11%, pour l’étape du Tour, là où il faut placer la grosse attaque pour prendre l’avantage que la descente de 15 kilomètres devrait permettre de garder.

Le 8 juillet sur le vélo, et le mardi 17 devant la télé pour les cyclos, tout ça, vous allez, on va, en baver mais 15 000 qui signent pour… C’est un signe ! Mais, c’est le vélo tel qu’on l’aime. D’avance bravo à tous les finishers. Un conseil ou plutôt deux, allez reconnaître si vous en avez l’occasion. La Haute Savoie est magnifique tout au long de ces 170 kilomètres, un week-end, une semaine là-bas, c’est un régal, côté table comme côté sport, ça va bien ensemble! Et sachez que 3 des guerriers qui nous ont accompagnés : William, Julien et Brunosont de La Toussuire, station partenaire d’AG2R La Mondiale qui va organiser un stage « coup de pédale de la montagne » préparatoire à cette EDT (https://youtu.be/iVaU-ED_MY8).  

Une bonne occasion pour assurer le 8 juillet, mais pas que… Bonne coupure à celles et ceux qui… Et bon vélo à tous. Si vous avez un peu de mal à aller rouler et que vous envisagez l’EDT 2018, n’oubliez pas que ça va être très costaud, alors n’hésitez pas à borner car c’est en bornant que l’on atteint le Grand Bornand !

Retrouvez le film de cette reco, dès vendredi 10 novembre.