L’UCI WorldTour peut-il se priver du Tour de France et de classiques mythiques comme Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège ? C’est la question brusquement soulevée ce matin alors qu’Amaury Sport Organisation annonce le retrait de ses épreuves du calendrier WorldTour à compter de l’entrée en vigueur de la réforme du cyclisme en 2017. C’est Jean-Etienne Amaury, président d’ASO, qui a pris soin ce matin d’en aviser le président de l’Union Cycliste Internationale Brian Cookson, dix jours après la conclusion à Barcelone d’un séminaire visant à finaliser la réforme du cyclisme promise pour 2017.

A en croire l’UCI le 8 décembre dernier, les principales parties prenantes du cyclisme s’étaient entendues sur les principes d’une réforme encore décriée quelques jours plus tôt par l’Association Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes présidée par le patron du Tour Christian Prudhomme. L’AIOCC manifestait alors « sa plus grande inquiétude au sujet d’une réforme qui n’a plus rien à voir avec le projet d’origine » et appelait de ses vœux « la mise en place de groupes de travail afin de proposer les mesures correctives qui s’imposent ». On apprend ce matin que, contrairement aux affirmations de l’UCI, aucun consensus n’a été trouvé à Barcelone, où aucun vote réel ne s’est tenu.

Face aux points de blocage qui persistent, ASO prend donc aujourd’hui une décision radicale : retirer en 2017 ses six épreuves WorldTour (le Tour de France, mais également Paris-Nice, Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège et le Critérium du Dauphiné) du calendrier de l’élite pour les inscrire au calendrier Hors Classe. « La réforme du calendrier WorldTour adoptée par l’UCI à partir de la saison 2017 est caractérisée par un système sportif fermé, estime l’organisateur français dans un communiqué. Plus que jamais, ASO reste attachée au modèle européen et ne peut transiger avec les valeurs qu’il représente : un système ouvert plaçant le critère sportif au premier rang. »

Et voilà un vieux conflit ravivé entre l’organisateur le plus influant et l’instance fédérale, qui s’étaient déjà opposés dès 2005 et la grande réforme ayant abouti à la création du ProTour. Un contentieux qui avait débouché en 2008 sur la création d’un circuit parallèle au ProTour rassemblant des courses dites « historiques ». C’est de la réconciliation qu’était né en 2011 le circuit WorldTour tel qu’on le connaît aujourd’hui, et que l’UCI entend remettre au goût du jour en 2017.

Ce matin, c’est un nouveau bras de fer qui s’engage entre ASO et l’UCI, qui devra impérativement revoir sa position au risque de voir l’absence dans le circuit WorldTour du Tour de France et des autres rendez-vous majeurs organisés par ASO nuire gravement à la crédibilité du cyclisme au cœur des démarches entreprises.