Et si l’on retournait quelques pages web en arrière. Pas trop en arrière, disons… allez, tiens, à l’été 2008. Il n’y a pas deux ans. A cette époque, Lance Armstrong demeurait le retraité du cyclisme largement rassasié. Ivan Basso purgeait une peine de deux ans de suspension pour enfreinte au règlement antidopage. Riccardo Ricco venait de se faire pincer pour les mêmes bêtises, prenait les gens de haut avant de se rabaisser à son propre niveau et d’avouer avoir lui aussi eu recours au dopage. Quant à Alexandre Vinokourov, il avait claqué la porte du cyclisme quelques mois plus tôt après un contrôle positif, lui aussi. Ces quatre personnages du peloton, on nous aurait traités de fous si nous avions avancé qu’ils se retrouveraient un jour sur une course cycliste. Pis ! Qu’ils y joueraient les premiers rôles. Comme à la grande époque…

Et pourtant, nous sommes en 2010 et nous ne rêvons pas. Lance Armstrong a repris du service. Ivan Basso, Riccardo Ricco et Alexandre Vinokourov ont purgé leur peine, estimé avoir payé pour des fautes qu’ils ne commettront plus, et repris eux aussi leur place au sein du peloton, qu’ils dominent à nouveau comme du temps de leur splendeur. Alors, c’est peut-être du scepticisme, mais il y a malaise. Sur le chemin de ses 37 ans, Alexandre Vinokourov s’est battu à armes égales avec Riccardo Ricco durant le Tour du Trentin. Et il s’en est fallu de peu pour que Ricco décroche à nouveau un succès d’estime, lui qui est déjà devenu, en l’espace d’un mois, l’un des coureurs les plus victorieux de l’année. Au final, Vino l’a emporté. Qu’importe le vainqueur, faut-il vraiment se réjouir de ces joutes de repentis ?

La semaine dernière, Vinokourov a ajouté deux grandes lignes à son palmarès en remportant le Tour du Trentin et Liège-Bastogne-Liège. Tant mieux pour lui, mais le souvenir de sa trahison à l’été 2007 nous reste un peu en travers de la gorge. « C’est une revanche », a dit Vino. Mais une revanche sur quoi ? Selon ses dires, le Kazakh souhaitait prouver ou se prouver qu’on pouvait gagner sans dopage. Visiblement, Riccardo Ricco en a pris conscience lui aussi. Admettez que, si ces coureurs sont propres aujourd’hui, comme ils l’affirment, ça valait bien le coup de tricher par le passé… En attendant, difficile de s’enthousiasmer. Nul ne sait à qui l’avenir donnera raison. Le passé, en tout cas, reste trop présent.