N°1 : Tour des Flandres, Philippe Gilbert (Quick Step-Floors)

Le retour du Mur de Grammont aura eu un rôle que personne n’osait lui donner avant le départ. Le mythique mont pavé, sorti du parcours depuis 2012 et l’arrivée tracée à Audenaerde, allait être une rampe de lancement pour le futur vainqueur. Les 90 kilomètres à parcourir au passage devant la chapelle n’ont pas effrayé les Quick-Step et Philippe Gilbert, qui coinceront Peter Sagan et Greg Van Avermaet, les deux favoris, dans le peloton. Une manœuvre entraînée par Tom Boonen, qui espérait un crépuscule de carrière couronné d’un succès de prestige. Mais la vedette lui sera volée par le champion de Belgique, parti en solitaire à une cinquantaine de kilomètres de la ligne. Une attaque folle, pleine d’audace, rendant vibrante la fin de course. Et alors que Sagan, Van Avermaet et Naesen semblaient revenir sur le Wallon dans le Vieux Quaremont, un k-way accroché aux balustrades en décida autrement, pour faire en sorte que Gilbert réalise un de ses rêves les plus chers, remporter « Le Ronde ».

N°2 : Paris-Roubaix, Greg Van Avermaet (BMC Racing Team)

Depuis plusieurs mois, il était écrit que l’enfer du nord serait la dernière course de la carrière de Tom Boonen, que certains élisent régulièrement à la place de meilleur flandrien de l’histoire. Au niveau du palmarès, rien n’est à redire mais « Tommeke » voulait se démarquer de ses illustres aînés en remportant un cinquième Pavé, qui lui avait échappé de peu l’année précédente. Mais le printemps 2017 était celui de Greg Van Avermaet, intouchable en ce dimanche ensoleillé d’avril. En parfait gestionnaire d’une course de mouvements animée par la fantasque et malchanceux Peter Sagan, GVA, bien aidé dans un premier temps par Daniel Oss, lâche les chevaux dans le carrefour de l’arbre, où seuls un solide Stybar et un surprenant Langeveld parviennent à le suivre. Le jeu de pistards que les trois hommes se sont imposés sur le vélodrome de Roubaix a failli leur coûter la victoire, mais quand Van Avermaet décida de lancer son sprint, sa puissance fit le reste.

N°3 : Tour de Lombardie, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida)

Le dernier monument de la saison, le seul réservé aux purs grimpeurs, est devenu un objectif prioritaire pour un Transalpin qui a décidé de se concentrer encore un peu plus aux courses d’un jour en 2018, Vincenzo Nibali. Plus fort que ses adversaires en 2015, profitant des dernières parties descendantes pour prendre de l’avance, il va réitérer sa performance deux ans plus tard pour s’en aller conquérir un second monument. Un copier-coller de son précédent succès. Si Thibaut Pinot attaque dans les derniers cols lombards, Nibali s’accroche à sa roue et fait les descentes au franc-comtois. Pas des plus à l’aise sur ce terrain, le leader de la FDJ laisse quelques mètres, puis quelques virages d’écarts qui ne lui permettront pas de revenir. La classique des feuilles mortes sourit au Squale, qui aspirera à d’autres victoires dans les mois à venir.

N°4 : Milan-San Remo, Michal Kwiatkowski (Team Sky)

Traditionnellement, Milan-San Remo se joue dans le Poggio, juge de paix de la course la plus longue – en kilomètres – de la saison. Mais ces dernières années, la bosse finale ne servait plus au futur vainqueur, qui préférait attendre le sprint et tout miser sur un mince reste de fraîcheur après 300 kilomètres. Peter Sagan a toujours échoué sur la Primavera, et pour briser une sorte de malédiction, il déclenche les hostilités sur le sommet du Poggio. Maillot de champion du monde sur le dos, il prend par surprise ses adversaires qui le voyaient attendre les derniers hectomètres pour produire son effort. Mais Kwiatkoswki et Alaphilippe sautent dans son sillage, le relaient pour que finalement le Polonais, adversaire le plus averti du Slovaque, fasse le jump sur la ligne pour remporter le premier Monument de la saison.

N°5 : Liège-Bastogne-Liège, Alejandro Valverde (Movistar Team)

La Doyenne n’est plus ce qu’elle était. C’est le triste constat posé à la fin du mois d’avril depuis plusieurs saisons. Plus d’offensives lointaines couronnées de succès, aucune attaque tranchante ni prises de risques à un moment inattendu. Bref, Liège-Bastogne-Liège ne fait plus rêver. Il ne faut pas rejeter la faute aux coureurs, qui jouent avec leurs qualités. C’est le cas d’Alejandro Valverde, qui peut compter sur sa pointe de vitesse pour faire la différence dans le final. Il faudra donc attendre la côte de Ans, dans le dernier kilomètre, pour voir les choses se décanter. Dan Martin, qui n’a lui non plus aucun intérêt à anticiper la fin de course, se dresse sur ses pédales, mais à peine trop tôt. Valverde, qui connaît l’arrivée mieux que personne, dépose l’Irlandais dans la dernière ligne droite après avoir viré dans sa roue. L’Espagnol, quatre fois vainqueur, n’est plus qu’à un succès du record de Merckx.

Adrien Godard