A la classique des feuilles mortes, « El Misil » est devenu roi. Fernando Gaviria est un excellent pistard. On le sait, puisqu’il est double champion du monde de l’omnium en titre, et qu’il s’est classé quatrième des derniers Jeux Olympiques de la discipline, juste devant notre Français Thomas Boudat. Fernando Gaviria est un sprinteur à la pointe de vitesse très prometteuse, qui nous a déjà régalé sept fois cette saison. Mais ce qu’on ne savait pas (encore), c’était que ce jeune gaillard de 22 ans seulement était également un amateur du kilomètre…

A Dreux, on sentait comme une pointe d’excitation, différente des autres saisons. Paris-Tours, c’est traditionnellement la dernière classique de la saison, celle où les sprinteurs ont une dernière fois l’occasion de s’exprimer avant de prendre des vacances bien méritées. Sauf que cette année, la classique des feuilles mortes a servi de support à une sorte de répétition générale, une semaine tout juste avant les championnats du monde de Doha, qui doivent sacrer sans surprise un sprinteur. Bouhanni (Cofidis), Démare, ou encore Cavendish (Dimension Data), Gaviria (Etixx Quick Step) avaient en effet rendez-vous avec cette mythique Avenue de Grammont, à Tours, pour une dernière explication avant la quête de l’arc-en-ciel.

252 kilomètres, les derniers de la saison pour certains, la dernière longue sortie pour d’autres. L’échappée du jour est composée de sept coureurs : Gerts, Lang, Van Goethem, Lebreton, Wynants, Warren Barguil, mais aussi Arnaud Gérard. Leur écart maximal ne montera pas au-dessus de 4’20, car les équipes de sprinteurs veillent au grain. L’an passé, celles-ci s’étaient faites piéger, et ne s’accordent pas le droit à l’erreur cette fois-ci. Le peloton est très nerveux, les uns visant juste une dernière victoire, les autres aussi, tout en espérant ne pas chuter avant les Mondiaux.

C’est à quatorze kilomètres de l’arrivée, que l’échappée se voit finalement reprise. Pas de doute, les sprinteurs veulent leur explication finale. Cela n’empêche pas Sergey Lagutin (Team Katusha) et Bert de Backer (Team Giant Alpecin) de tenter leur chance. Les deux hommes résistent pendant neuf kilomètres, avec dix secondes seulement d’avance sur le peloton. Ils se font finalement engloutir par les trains de sprinteurs à cinq kilomètres du but.

On pense alors que l’arrivée au sprint massif est inévitable. C’était sans compter sur le prodige colombien Fernando Gaviria, qui décide de ne pas attendre les 200 derniers mètres pour faire parler sa pointe de vitesse si crainte déjà. Le coureur d’Etixx Quick Step prend la poudre d’escampette à 800m de la ligne, et surprend clairement tout le monde. Ses principaux adversaires sont surpris et leur temps de réaction est trop long, malgré le travail acharné des coéquipiers de sprinteurs. Même en sprintant les mains sur les cocottes, Fernando Gaviria parvient à résister à la meute, et devenir le premier coureur colombien à remporter Paris-Tours. A 22 ans, il est même plus jeune qu’Arvid De Kleijn, vainqueur de Paris-Tours espoirs, et plus âgé de cinq mois.

Celui qu’on surnomme « El Misil » s’impose donc devant le Français Arnaud Démare (FDJ), et le Belge Jonas Van Genechten (IAM), qui vient offrir à son équipe un beau podium, pour ce qui est la dernière course d’IAM Cycling. C’est désormais fait, on ne verra plus sur les courses les couleurs de l’équipe suisse, ainsi que celles de Tinkoff. Bryan Coquard (Direct Energie) termine 5e, et Nacer Bouhanni voit les nombreux efforts de ses coéquipiers, qui ont fait le travail une bonne partie de la journée, non-récompensés avec cette septième place. Une chose est sûre, ça promet pour Doha ; un autre endroit où El Misil pourrait également être sacré roi.

Classement :

1. Fernando Gaviria (Etixx Quick Step) en 5h22’03 »

2. Arnaud Démare (FDJ)  »

3. JonasVan Genechten (IAM)  »

4. Matteo Trentin (Etixx Quick Step)  »

5. Bryan Coquard (Direct Energie)  »

6. Mark Cavendish (Team Dimension Data)  »

7. Nacer Bouhanni (Cofidis)  »

8. Jens Debusschere (Lotto-Soudal)  »

9. Luka Mezgec (Orica BikeExchange)  »

10. Jean-Pierre Drucker (BMC)  »