Il règne ce matin un très agréable parfum de rentrée du côté de Marseille (Bouches-du-Rhône). C’est ici, par tradition, que commence chaque année la saison sur le sol français. Alors, pour l’occasion, toutes les équipes tricolores sont rassemblées pour la première fois, même si certaines ont déjà eu le loisir de donner leurs premiers coups de pédales sur de lointaines courses extra-européennes. A Marseille, il en est fini des climats exotiques. Il a plu abondamment hier mais la journée d’aujourd’hui sera sèche et courue sous une bonne météo, sans vent. La fraîcheur est toutefois de mise, ce qui permet aux équipes engagées sur le Grand Prix La Marseillaise de nous présenter leur collection hiver 2011 : corsaires, jambières, maillots à manches longues voire gants longs pour certains constitueront la parfaite panoplie du coureur du jour.

Dans l’équipement des coureurs qui partent aujourd’hui à l’assaut des routes de Provence, on note toutefois une nouveauté, une absente pour être exact. L’oreillette a été abolie des pelotons. Elle ne sera plus utilisée cette année que sur les courses de l’UCI WorldTour et sera définitivement supprimée des pelotons l’an prochain. Il va donc falloir apprendre à courir sans, ce qui représente une vraie nouveauté pour des coureurs pros auprès desquels on a rendu l’ustensile indispensable depuis une bonne décennie. Les courses devraient y gagner, n’en déplaise aux réfractaires à son abrogation. Dans le peloton, les coureurs vont devoir prendre l’habitude de penser par eux-mêmes, de prendre la mesure de la nature du terrain, d’observer attentivement les écarts et de se concerter en course.

Kilomètre 10, une première échappée est lancée. Trois coureurs français lui donnent naissance : Sylvain Georges (BigMat-Auber 93), Julien Guay (Roubaix Lille Métropole) et Jérémy Roy (FDJ). Aussitôt, les trois de tête s’entendent. Les relais sont passés à la perfection et l’avance du trio de tête s’accroît sur les routes phocéennes. Elle flirte avec les huit minutes, ce qui renforce l’ambition des trois attaquants matinaux, confortés dans leur possibilité de résister au retour du peloton. Pourtant, alors que le peloton entame sa poursuite, Julien Guay se relève du groupe de tête à 40 kilomètres de l’arrivée. Il laisse seuls devant Sylvain Georges et Jérémy Roy, convaincus de pouvoir tenir tête à leurs poursuivants pour se mesurer au sprint aux abords du stade Vélodrome de Marseille. Mais une confrontation au sprint n’est pas dans l’intérêt de tous…

En fait, Jérémy Roy n’a jamais trop digéré sa défaite au sprint, dans une configuration similaire, face à Sylvain Chavanel à l’arrivée d’une étape du Tour de France à Montluçon en 2008. Aussi, il se met en tête de surprendre Sylvain Georges bien avant les difficultés finales. Puisque Georges semble à l’aise dans les ascensions, c’est dans la descente, à un moment où son adversaire ne s’y attendra  pas, que Jérémy Roy placera son démarrage. L’attaque intervient à 25 kilomètres de l’arrivée, dans la descente du col des Bastides. Le Tourangeau de 27 ans attaque après la prise d’un relais de Sylvain Georges. Il place là une très belle mine qui lui vaudra à l’arrivée les félicitations de son adversaire. Car Sylvain Georges, surpris, n’aura pas le temps de réagir. Et lorsqu’il réalise ce qu’il vient de se passer, il est déjà trop tard.

Désormais seul en tête, Jérémy Roy ne se relève plus. Il se dirige vers une victoire promise dans le Grand Prix La Marseillaise, qui ouvre la saison française mais aussi le calendrier de la Coupe de France. Le col de la Gineste, la dernière difficulté du parcours, ne lui pose pas le moindre souci. Jérémy Roy commence la saison de la meilleure des manières. Lâché, Sylvain Georges cherche à préserver sa 2ème place, ce qui va s’avérer laborieux après une chute à la sortie d’un virage dans les premiers lacets de la descente de la Gineste. Le coureur perd une quarantaine de secondes sur cet accident de parcours. Et le peloton menace de le reprendre. Mais le coureur de BigMat-Auber 93 tient bon et conserve sa 2ème place pour 5 secondes, Romain Feillu (Vacansoleil-DCM) réglant dans son dos le sprint du peloton pour le gain de la 3ème place.

La deuxième manche de la Coupe de France aura lieu sur Cholet-Pays de Loire le dimanche 20 mars.

Classement :

1. Jérémy Roy (FRA,  FDJ) les 139,7 km en 3h30’55 » (39,7 km/h)
2. Sylvain Georges (FRA, BigMat-Auber 93) à 2’38 »
3. Romain Feillu (FRA, Vacansoleil-DCM) à 2’43 »
4. Jure Kocjan (SLO, Team Type 1) m.t.
5. Artur Vichot (FRA, FDJ) m.t.
6. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) m.t.
7. Riccardo Ricco (ITA, Vacansoleil-DCM) m.t.
8. Cédric Pineau (FRA, FDJ) m.t.
9. Julien Antomarchi (FRA, VC La Pomme Marseille) m.t.
10. Julien El Farès (FRA, Cofidis) m.t.

Classement Coupe de France # 1 :

1. Jérémy Roy (FRA,  FDJ) 50 pt
2. Sylvain Georges (FRA, BigMat-Auber 93) 35 pt
3. Romain Feillu (FRA, Vacansoleil-DCM) 25 pt
4. Artur Vichot (FRA, FDJ) 18 pt
5. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) 16 pt
6. Cédric Pineau (FRA, FDJ) 12 pt
7. Julien Antomarchi (FRA, VC La Pomme Marseille) 10 pt
8. Julien El Farès (FRA, Cofidis) 8 pt
9. Guillaume Levarlet (FRA, Saur-Sojasun) 6 pt
10. Jonathan Hivert (FRA, Saur-Sojasun) 5 pt