Lewis Askey (20 ans, Royaume-Uni, Groupama-FDJ)

Un an après son compatriote Jake Steward, Lewis Askey entretient le passage entre l’équipe Conti et la Groupama-FDJ. Courant depuis deux ans dans les rangs français, le natif de Cannock a séduit Marc Madiot par son évolution en tricolore. Puissant sprinteur, à l’image de ses trois tops 10 sur le Tour de l’Avenir, il a fait de sa pointe de vitesse l’arme finale de son artillerie de coureur de classiques. En effet, illuminé par son triomphe sur Paris-Roubaix Juniors alors qu’il venait à peine d’intégrer la catégorie, Lewis Askey a depuis roulé sa bosse sur monts et pavés, pour faire de ces courses rapides et nerveuses sa spécialité.

Ces dispositions l’ont ainsi amené à intégrer ponctuellement la composition de la Worldteam lors des classiques de printemps, où il s’est logiquement mué en équipier. Et le poids du costume de leader en Conti ne le fait pas flancher, comme en témoigne son bouquet à Lannemezan, sur la Ronde de l’Isard. En parfait puncheur, il y avait tordu le peloton pour franchir la ligne avait trois secondes d’avance. Et les épaulettes du statut de sprinteur sous le maillot national ne l’affaissent pas non plus. Idéalement protégé et emmené par le robuste train britannique, il est grimpé sur le podium de l’étape de Bar-le-Duc à l’occasion du « Tour de France des Jeunes » avant d’accrocher la cinquième place sur les championnats du monde Espoirs, garnissant ainsi son palmarès de beaux accessits.

On le retrouvera très certainement l’an prochain mis à l’honneur sur les courses françaises, dont les caractères usant et nerveux lui conviennent si bien. Ses aptitudes au sprint ne devraient d’ailleurs pas tarder à le placer en dernière position de la file tricolore aux abords de l’échéance, pour tenter de décrocher le Graal d’une première victoire professionnelle. Et si Jake Stewart l’a tutoyée, Lewis Askey peut l’espérer.

Lewis AskeyLewis Askey | © Groupama-FDJ

 

Kim Heiduk (21 ans, Allemagne, INEOS-Grenadiers)

Sprints, côtes, classements généraux… Kim Heiduk se montre partout, si bien qu’il n’a pas manqué de passer sous les radars du Team INEOS Grenadiers. Pensionnaire depuis trois ans du Team Lotto-Kern Haus, une modeste formation continentale allemande, le natif d’Herrenberg va désormais pouvoir s’exprimer au plus haut niveau. Et à la vue de ses performances de début de saison, on a hâte de voir ce qu’il peut y faire. Avec un profil quelque peu similaire à celui de Lewis Askey, Kim Heiduk s’entrainera en classicman pour espérer pointer le bout de son nez le plus rapidement possible sur les courses d’un jour. Insuffisamment fort pour surpasser toutes les « grosses cuisses » sur le plat, il profitera ainsi des multiples bosses jalonnant ces parcours pour s’en débarrasser, et s’expliquer à l’arrivée avec les survivants du grand essorage. Son intégration à la formation britannique lui servira d’excellente école dans ce domaine.

Il faut dire qu’il montre effectivement de belles dispositions en la matière. 4e du classement général final du vallonné Tour des Rhodes en avril, l’allemand s’est imposé un mois plus tard sur les routes du Tour d’Eure-et-Loir, au sprint cette fois. Cet alliage de compétences l’a d’ailleurs couronné champion national espoirs dans la foulée. Et n’oublions pas non plus ses aptitudes de grimpeur, mises en lumière par son excellente prestation sur le Valromey Tour en 2018 ! A l’heure des coureurs totaux, un nouveau prétendant semble ainsi toquer à la porte de cette élite omnipotente.

Kim HeidukKim Heiduk | © INEOS Grenadiers

 

Arnaud De Lie (19 ans, Belgique, Lotto-Soudal)

C’est un bon, c’est une pépite, que dis-je, c’est un crack ! 19 ans et déjà pro. Pas encore la vingtaine et déjà trop fort pour les Espoirs. Sa saison 2021, c’est tout simplement une rasade de bouquets, de maillots et de triomphes. Double vainqueur d’étapes au milieu des pros sur le Tour d’Alsace, facile lauréat du Tour de Bohème du Sud, le belge a dévoilé un certain côté Cannibale. Il n’est même pas passé loin d’un succès de renom sur le Tour de l’Avenir, échouant juste derrière Marijn Van den Berg à Donnemarie-Dontilly.

Sacré sprinteur, sa capacité à passer les côtes de faible déclivité rappelle le profil d’Arnaud Démare, d’autant plus que les palmarès des deux hommes concordent. 9e de Paris-Tour Espoirs cette année, médaillé de bronze aux championnats d’Europe l’an dernier, le belge marche là où le double champion de France plane. Auprès de Caleb Ewan, il trouvera d’ailleurs un excellent modèle pour peaufiner sa pointe de vitesse à la Lotto-Soudal, qu’il intègre en provenance du club U23. Il bénéficiera en outre de l’excellent accompagnement proposé aux jeunes par la formation de Marc Sergeant, pleinement tournée vers un avenir semblant florissant. Incorporé à un collectif prometteur et ambitieux, Arnaud De Lie pourra progresser avec ses pairs et participer à la reconquête des classiques face au rival Quick-Step.

Arnaud De LieArnaud De Lie | © Lotto-Soudal

 

Henri Vandenabeele (21 ans, Belgique, Team DSM)

Il gagne peu mais brille beaucoup. Rien que sur le Baby Giro, le belge a terminé 4 fois dans le top 10, grimpant finalement sur le podium de l’épreuve. Le top 10, il l’avait même frôlé lors de la dernière étape du Tour des Alpes, au contact du groupe des favoris après cinq ascensions. Et cette régularité s’étend sur plusieurs années. La saison passée, Henri Vandenabeele avait glissé à dix occurrences sont nom dans les dix premiers de la feuille des résultats, sur des courses de prestige en catégorie Espoirs, comme le Baby Giro et la Ronde de l’Isard, dont il avait pris systématiquement la seconde place du classement général final.

Voilà donc un Belge de plus qui sait grimper. C’est d’ailleurs cette aptitude qui l’a poussé à choisir la formation du Team DSM à l’intersaison dernière, quittant le cocon national de la Lotto-Soudal. Après une première saison dans les rangs de l’équipe réserve, le natif de Deinze rejoint donc la WorldTeam, comme postulé par son contrat. Mais cette transition ne sera pas une découverte pour autant. En effet, Henri Vandenabeele a déjà épaulé plusieurs fois les leaders de l’équipe allemande dans des courses d’une semaine, comme la semaine Coppi et Bartali ou le Tour des Alpes, mais aussi des classiques, à l’instar de la Flèche Brabançonne ou du Circuit de Wallonie. Et à chaque fois, le flamand a séduit, abattant un travail remarquable pour le collectif souvent complété par une belle place d’honneur individuelle. A seulement 21 ans et sans rôle dédié, Henri Vandenabeele est déjà placé.

A l’avenir, il lorgnera évidemment sur les épreuves par étapes, mais espère aussi se faire une place sur les classiques, dont il s’est pris d’affection. 15e de Liège-Bastone-Liège Espoirs, 10e du Piccolo Lombardia, le belge a déjà affiché quelques prédispositions intéressantes pour l’exercice. A ce titre, Tadej Pogacar saurait être un modèle idéal pour lui.

Henri VandenabeeleHenri Vandenabeele | © Ronde de l’Isard

 

Tobias Halland Johannessen (22 ans, Norvège, Uno-X)

On ne l’avait pas vu venir. Inexistant la saison passée, en délicatesse au printemps, Tobias Halland Johennessen a remonté la pente en formidable grimpeur pour se hisser étonnamment au sommet de la hiérarchie Espoirs. Grand animateur du Baby Giro, qu’il a terminé deuxième, il a ensuite remporté deux étapes coup sur coup au Saska Tour, montant à nouveau sur le podium de l’épreuve tchèque. En effet, le norvégien sait gagner. Avec une petite pointe de vitesse en complément de ses atouts d’escaladeur, il a dévoilé un réel profil de « serial winner », remportant d’affilée deux grandes étapes de montagne du Tour de l’Avenir, au Grand Colombier et à Saint Jean d’Arves, sans parler de celle qu’il a laissé à son frère, Anders Halland Johannessen. Bousculé par l’espagnol Carlos Rodriguez sur les pentes du Col du Petit Saint-Bernard, le natif de Drobak s’est férocement battu pour conserver sept précieuses secondes au sommet et sauver ainsi son beau maillot jaune. Et pour compléter le tout, Monsieur s’est également adjugé le sprint du peloton de Liège Bastogne Liège Espoirs, arrachant ainsi la troisième place de cette « petite » Doyenne.

S’il signe dans une équipe au nom moins ronflant que ses prédécesseurs dans ce top, du nom d’Uno-X, il évite toutefois l’erreur de son compatriote Tobias Foss. Parti trop tôt, trop vite, dans les hauteurs du WorldTour, chez la grande Jumbo-Visma, le vainqueur du Tour de l’Avenir s’y est abîmé, pataugeant depuis deux saisons dans un rôle de gregario. En restant en Norvège, Tobias Halland Johannessen pourra ainsi peaufiner paisiblement ses qualités, pour mieux préparer son débarquement dans l’élite. En attendant, il est certain qu’une jardinière de bouquets l’attend au niveau Continental.

Tobias Halland JohannessenTobias Halland Johannessen | © Tour de l’Avenir

 

Cian Uijtdebroeks (18 ans, Belgique, BORA-Hansgrohe)

Cian UijtdebroeksCian Uijtdebroeks

Lui a sauté une classe. Celle des Espoirs. Déjà trop fort en Juniors, on l’a jugé apte au plus haut niveau. Le bac à peine en poche, et le voilà déjà dans la Cour des Grands. Cian Uijtdeboeks. Un nom imprononçable et une puissance à bégayer. Ses adversaires se sont d’ailleurs cassés les dents sur le phénomène flamand. Lui, les a saillantes, en vrai cannibale. 7 victoires professionnelles cette saison et 16 tops 10. Seul le français Romain Grégoire a fait mieux. Et on parle là aussi d’une sacrée pépite.

Ainsi, sans énumérer, on rappellera simplement que Cian Uijtdeboeks a marché sur la fameuse Classique des Alpes, n’a pas manqué de remporter une étape sur le Valromey Tour et a remporté le chrono de la fameuse course de la Paix. Dommage pour lui, deux chutes et un vélo cassé l’ont empêché de faire valoir sa force à domicile, lors des mondiaux de Louvain.

Comme son compatriote Remco Evenepoel en 2019, le belge fait donc le grand saut, réservé aux seuls cracks de la Petite Reine. Si l’opération s’avère risquée, le prodige rassure. Il bénéficiera d’abord d’un programme adapté, avec des épreuves de moindre niveau. Mais il devra peut-être abandonner les honneurs du vainqueur quelques temps, avant que son évolution hors normes ne lui permette de nouveau de jouer la victoire. Et cette fois, ce sera avec les grands, les très grands.

Par Jean-Guillaume Langrognet