Durant ces trois jours en Corse, la difficulté du parcours ira crescendo. Le point d’orgue sera donc l’étape reliant Ajaccio à Calvi. La plus courte, mais la plus intense. Car sur 145 kilomètres, la dénivellation est de 2600 mètres contre 2200 la veille. À la sortie d’Ajaccio, la route commencera déjà à s’élever et les coureurs devront bien s’échauffer pour éviter les mauvaises surprises. En fait, les portions planes seront rares sur ces 145 kilomètres dessinés en toboggan. Le peloton enchaînera les courtes montées (jamais un col à plus de 500 mètres d’altitude) et les attaquants devraient s’en donner à cœur joie pour bien dormir pendant la traversée de la Méditerranée, le soir même. Les cols de la journée seront rendus difficiles part leur revêtement parfois mauvais (notamment le col de la Croix). Et les coureurs y réfléchiront à deux fois avant de prendre le départ avec un vélo trop rigide et des jantes trop hautes qui feraient souffrir les avant-bras.

Au fil du parcours, on ne sera une nouvelle fois pas déçus du paysage. La première étape avait offert des décors idylliques en bord de mer, la seconde des tableaux sauvages somptueux dans l’intérieur des terres. Le peloton aura droit à l’un et à l’autre sur cette troisième étape avec un bonus en prime. Et quel bonus ! Après Cargèse les coureurs auront le privilège de découvrir les sublimes calanques de Piana, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les roches de granit rose plongeant dans la Méditerranée offriront sans conteste l’une des plus belles images de ce Tour 2013 et Christian Prudhomme ne devrait pas hésiter longtemps à les intégrer dans son résumé avant de présenter la 101ème édition à l’automne 2013. Dans son roman « Une vie » Guy de Maupassant donne une description riche et poétique de ce véritable musée à ciel ouvert. « C’étaient des pics, des colonnes, des clochetons, des figures surprenantes modelées par le temps, le vent rongeur et la brume de mer. Hauts jusqu’à trois cent mètres, minces, ronds, tordus, crochus, difformes, imprévus, fantastiques, ces surprenants rochers semblaient des arbres, des plantes, des bêtes, des monuments, des hommes, des moines en robe, des diables cornus, des oiseaux démesurés, tout un peuple monstrueux, une ménagerie de cauchemar pétrifié par le vouloir de quelque Dieu extravagant. (…) Et soudain, sortant de ce chaos, ils découvrirent un nouveau golfe ceint tout entier d’une muraille sanglante de granit rouge. Et dans la mer bleue ces roches écarlates se reflétaient ».  Dans l’intérieur des terres, le parcours pullule d’endroits pittoresques. Des cochons dévorant les châtaignes sur le bord des routes, aux troupeaux de chèvres angora dont la laine est vendue sur les marchés, le côté sauvage de la Corse sera également mis en avant au cours de cette étape.

Côté parcours, après Porto, le peloton continuera sa remontée vers Calvi par le col de la Croix avant d’arriver au pied du Col des Marsulines à 25km du but. L’endroit idéal pour placer la banderille décisive et prendre ses distances pour s’offrir un beau succès. Le vainqueur de l’étape, se trouvera t-il dans l’échappée du jour ? C’est bien possible. Contrairement aux deux jours précédents, les attaquants trouveront un terrain de jeu favorable. Le parcours est suffisamment escarpé pour que des baroudeurs croient en leur chance pour la victoire d’étape. Ils trouveront une nouvelle motivation avec la possibilité d’endosser le maillot jaune à Calvi. À l’inverse, le peloton trouvera des routes bien trop sinueuses pour mener efficacement la chasse. Les équipes de sprinteurs, ne pourront pas espérer que leur leader passe le col des Marsulines. Geoffrey Soupe (FDJ-BigMat), présent lors de notre reconnaissance voit lui un scénario différent pour ce troisième jour de course « Je pense que le peloton sera encore compact au pied du dernier col » affirme le coureur de 24 ans.

Que retenir de ces trois étapes corses ? D’abord que pour sa centième, le Tour a choisi un décor idéal. Les paysages traversés au cours de ces trois jours donneront forcément envie aux téléspectateurs de venir découvrir l’Île de Beauté. Vous vous en rendrez compte avec la reconnaissance vidéo de l’étape ! Autre certitude, on voit mal le Tour attendre cent nouvelles éditions pour revenir en Corse…