Depuis 2005, le week-end de la fête de la musique est aussi, pour une colonie belge de plus en plus imposante, le week-end du changement de planète. On passe du plat pays au Ventoux d’un coup d’un seul et cette 11ème édition aura été encore plus marquante avec le festival qu’a réalisé le mistral tout au long de ce samedi 20 juin.

C’est bien connu, si les Hollandais ont accaparé l’Alpe d’Huez au point d’y organiser leur téléthon chaque année début juin, les Belges, eux, privilégient le Ventoux qu’ils peuvent s’offrir en trois parts pour ceux qui veulent plus et mieux qu’une fois. L’objectif de l’organisation sportive Sporta est de mener des campagnes pour l’activité physique. L’ascension du Ventoux est l’objectif ultime d’une préparation progressive débutée en octobre 2014 et qui passe par des randonnées d’entraînement et par des programmes préparatoires pour que, le jour J, chacun des participants puisse s’offrir « Son Ventoux » dans les meilleures conditions qui soient.

De 1200 participants en 2005 et une organisation en devenir, on est passés à près de 2500 inscrits au total avec des organisations très professionnelles d’un bout à l’autre du week-end en Provence pour un peloton majoritairement voire exclusivement flamand, peut-être la seule « limite » un peu négative à ce projet éminemment rassembleur. Entre-temps, l’objectif Ventoux le plus grand nombre de fois, s’est élargi tout en gardant l’aspect convivialité comme leitmotiv et en excluant la notion de compétition que les organisateurs laissent aux organisations cyclosportives pures et dures.

Ventourist rassemble ceux et celles qui veulent grimper le géant de Provence le plus de fois possible entre 7h30 et 18 heures. Aujourd’hui ce sont près de 50% des inscrits, chacun a sa plaque à son nom avec puce électronique. Les tapis de sol au départ, au mont Serein et au Châlet Reynard et au sommet font office de comptables. Les trois faces du Ventoux sont choisies en fonction des aptitudes, des ambitions ou du mistral comme samedi qui, côté Bedoin, mettait à mal les ambitions de record sur la montée. Au plus fort du mistral, on voyait autant, voire plus de cyclistes à côté du vélo en descente qu’en montée, et pas seulement au col des tempêtes.

Pour l’autre moitié des participants, c’est depuis 2012 l’option Cannibale ou Cannibalette, soit des formules un peu plus course qui montent deux fois le Ventoux mais avec une variante vers la Drôme Provençale et deux ou quatre cols supplémentaires au menu. Depuis quatre ans maintenant, Eddy Merckx a accepté d’apporter son nom et sa notoriété à l’événement avant tout social et dont il apprécie le côté non mercantile. Le mythe s’est donc rapproché du mythe où il avait triomphé en 1970, et pour cette édition 2015, il a même choisi de venir y fêter ses 70 ans, loin donc du plat pays où la pression liée à cet anniversaire était trop forte.

Chaque année les participants « cyclos » s’offrent donc le Ventoux en hors-d’œuvre, à 6h30 du matin une fois à partir de Bedoin, l’autre de Malaucène avec pointage au sommet et direction Sault et la Drôme avec quatre ou deux cols avant de refaire le Ventoux jusqu’au sommet à partir de Sault et ses champs de lavande qui sont visibles à des kilomètres.

Les parcours choisis sont tout simplement splendides et on vous invite à les découvrir en une ou plusieurs étapes pourquoi pas ? La Cannibale c’est 173 kilomètres, 4529 mètres de dénivellation positive, les deux montées du Ventoux donc puis, comme samedi à partir de Bedoin, les cols de l’Homme Mort, de Saint Jean, de Perty et le col d’Aulan. Quatre cols moins connus mais qui méritent le détour avec des routes sans trop de circulation, avant de revenir sur Sault et une dernière montée de 26 kilomètres. Pour la Cannibalette, c’est 131 kilomètres, 3525 mètres de dénivellation pour quatre cols seulement, Saint-Jean et le Perty en moins.

Ces versions cyclos ont apporté un nouveau souffle au projet Sporta non seulement en termes de participation mais aussi en termes sportifs et de progression. Ceux et celles qui se mettent sérieusement au vélo peuvent ainsi se mesurer à ce qui ressemble à une course, même s’il n’y a aucun podium et que les classements sont à peine publiés. L’organisation de ces diverses formules a une constante : la qualité. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit côté fléchage, sécurité (vingt-six médecins et infirmiers), chronométrage ou encore côté ravitaillements où les chiffres donnent le vertige : 7000 litres de boisson énergétique, 15600 d’eau, 200 kilos d’orange, 400 de bananes répartis sur les douze points de ravitaillement.

La convivialité est évidemment une autre pierre angulaire de ce week-end sportif mais pas que… Est-ce qui explique l’ajout de la Vintoux ? Le remplacement du « e » par le « i » change tout, élimine les pourcentages de pente mais rajoute quelques degrés aux boissons proposées tout au long de randonnées pour gastronomes à vélo, à partir des trois côtés du Ventoux. Pour tous les participants, la fête du Ventoux se termine par la fête de la musique avant l’heure dès le samedi soir où chacun va pouvoir refaire son périple et anticiper l’édition 2016. Pour information, l’association Transplantoux avait réussi à rassembler 67 inscrits ayant subi une transplantation qui étaient largement soutenus, au total ils étaient plus de 200 maillots bleu turquoise, record à battre et défi à relever www.transplantoux.be. Pour plus d’infos sur  www.monventoux.be