2003. Entré dans le Top 20 du Giro (18ème) dès sa première année pro en 2002, c’est sur des terrains difficiles et sous les couleurs de Domina Vacanze que s’affirme au printemps suivant Michele Scarponi. Si son nom revient d’emblée sur les classiques ardennaises, où il ne s’approchera jamais autant de la gagne qu’en 2003 et 2004 sur Liège-Bastogne-Liège (4ème), la Flèche Wallonne (4ème) et l’Amstel Gold Race (7ème), c’est dans les Grands Tours que confirme le grimpeur des Marches (16ème du Giro, 13ème de la Vuelta). Dans une formation construite autour du sprinteur Mario Cippolini, un jeune leader est né.

2004. Présenté à ses débuts comme le possible successeur de Paolo Bettini, Michele Scarponi décroche à Pavullo, avec la complicité de Filippo Simeoni, l’une de ses toutes premières victoires en marge d’une Semaine Internationale Coppi-Bartali dont il prendra la 3ème place finale. Les deux coéquipiers, sortis ensemble à une trentaine de kilomètres du but, résistent à la perfection au retour du peloton. Et Michele Scarponi décroche son ticket pour une première participation au Tour de France. Il en disputera quatre éditions sans jamais peser au classement général, 24ème au mieux en 2012, battu cette année là pour la victoire d’étape par Thomas Voeckler à Bellegarde-sur-Valserine.

2006. C’est sur d’autres registres qu’apparaît à l’été 2006 le nom de Michele Scarponi. Arrivé dans l’équipe Liberty Seguros de Manolo Saiz un an plus tôt, l’Italien est rattrapé comme nombre de ses coéquipiers par l’affaire Puerto qui éclate en marge du Tour. S’il poursuit sa carrière sous d’autres cieux après la disparition du groupe sportif espagnol, il finit par reconnaître l’usage de produits dopants en mai 2007, ce qui lui coûte une suspension de deux ans, ramenée à treize mois compte tenu des périodes d’inactivité du coureur jusqu’alors. Michele Scarponi ne retrouvera la compétition qu’au 1er août 2008 avec l’équipe Androni Giocattoli de Gianni Savio. Déterminé à ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière.

2010. C’est sur Tirreno-Adriatico que le grand public apprend à apprécier Michele Scarponi. Dans la victoire comme dans la défaite. Après y avoir obtenu le premier succès majeur de sa carrière à ses retrouvailles avec le peloton en 2009, le grimpeur s’apprête à défendre son titre dans l’édition 2010. Mais il tombe sur un Stefano Garzelli – son dauphin l’année précédente – particulièrement coriace. Bien que leader du classement général après sa victoire à Chieti, Scarponi voit son adversaire grignoter chaque jour un peu de son retard. C’est un sprint bonification au dernier jour de course qui ramènera Stefano Garzelli à hauteur de Michele Scarponi avant de sacrer le Varésin au jeu des places à l’arrivée.

2010. Trois victoires d’étape au Tour d’Italie couronnent la carrière de Michele Scarponi. De loin le plus costaud dans l’ascension du Hochkrimml, où il s’est dégagé d’une échappée matinale à laquelle il appartenait, il s’impose une première fois dans le Tyrol en 2009. Avant de remettre cela deux semaines plus tard à Bénévent, quand il vient à bout de l’échappée du matin au sprint. Un an plus tard, c’est à Aprica que Michele Scarponi obtient sa troisième et dernière victoire d’étape dans le Giro, tandis qu’il lutte pour une place au classement général (4ème, place qu’il rééditera en 2012 et 2013). Resté seul au contact d’Ivan Basso et de Vincenzo Nibali dans le Mortirolo, il s’impose à Aprica.

2010. Sous une pluie continue et sur des routes gorgées d’eau, c’est un Tour de Lombardie d’anthologie qui conclut la saison 2010. Les mauvaises conditions météos ont accéléré le processus d’élimination, mais la sélection définitive va intervenir dans l’interminable descente du Colma di Sormano, à 30 kilomètres de l’arrivée. Une glissade de Vincenzo Nibali permet à Philippe Gilbert de s’isoler. Et malgré la chaussée détrempée, Michele Scarponi parvient à faire la descente pour revenir dans le sillage du Belge à 16 kilomètres du but. Les deux hommes aborderont la côte de San Fermo della Battaglia au coude à coude avant que Gilbert n’élimine son adversaire sur le sommet. 2ème, Scarponi signe son plus beau résultat sur un monument.

2011. Jamais Michele Scarponi ne s’était aussi bien comporté sur un Tour d’Italie qu’en cette année 2011. Cette fois ce ne sont pas les victoires d’étape après lesquelles court le grimpeur des Marches, mais bien un maillot rose dont Alberto Contador s’est emparé depuis la grimpée de l’Etna au terme de la première semaine. Bien que la différence ira crescendo, Michele Scarponi se hisse bientôt sur la 2ème marche du podium. Jamais il ne parviendra à déloger Contador de la pole position, à qui il concède six minutes au bout des trois semaines de course, mais il s’attache jour après jour à éloigner Vincenzo Nibali, qu’il gardera à 46 secondes de lui au général pour valider une 2ème place à Milan…

2012. Et voilà que le dopage s’invite à nouveau dans la carrière de Michele Scarponi, mais à sa faveur cette fois-ci. Après moult rebondissements, le contrôle positif au clenbutérol d’Alberto Contador durant le Tour de France 2010 finit par déboucher sur une sanction en… février 2012. Dès lors, le grimpeur madrilène est dépossédé de tous les résultats acquis au cours des dix-huit derniers mois, parmi lesquels le Giro 2011 dont la victoire revient, sur tapis vert, à son dauphin Michele Scarponi ! L’Italien, à qui l’on remet un maillot rose qu’il n’aura jamais porté en course durant sa carrière, ne considérera jamais vraiment ce titre, reconnaissant toujours à Alberto Contador le bénéfice de cette victoire finale.

2014. Les années passant, Michele Scarponi choisit d’employer son talent en faveur d’un grand leader. C’est auprès de son ami Vincenzo Nibali qu’il s’engage pour Astana en 2014. A ses côtés, l’Italien va décrocher deux Grands Tours en qualité de lieutenant de luxe. Il accompagne d’abord le Sicilien vers la victoire finale dans le Tour de France 2014, que Vincenzo Nibali s’adjuge devant Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot. Avant de l’entourer sur le Giro 2016.

2017. Resté chez Astana au service à présent de Fabio Aru, Michele Scarponi devait aider son jeune leader à conquérir le Tour d’Italie, avant d’obtenir le leadership après le forfait du Sarde il y a deux semaines. Concentré dès lors sur ce qui représentait le dernier grand défi de sa carrière, le coureur de 37 ans avait fait sensation au Tour des Alpes, renouant avec la victoire à Innsbruck lundi dernier. Cinq jours avant de trouver la mort sur ses routes d’entraînement, un samedi 22 avril au matin. Michele Scarponi sera inhumé cet après-midi à Filottrano.