Le cyclisme sud-américain ne regorge pas que de talentueux grimpeurs. Les suiveurs de Cholet-Pays de Loire ont fini par le découvrir. Un an après la victoire au sprint de l’Argentin Juan-José Haedo à Cholet, c’est le Colombien Leonardo Duque (Cofidis) qui lui a succédé au même endroit et de la même manière. Coureur issu de la piste, Leonardo Duque sait tout faire. Si sa pointe de vitesse l’a aidé à se forger un palmarès, le coureur de 29 ans sait tout aussi bien se mettre en avant dans des courses au profil plus relevé. Néanmoins, voilà plus de deux ans maintenant que Leonardo Duque n’avait plus levé les bras, lui qui s’était fait connaître en remportant le Tour du Limousin en 2006  pour sa première année chez Cofidis, et surtout une étape du Tour d’Espagne en 2007. Sa dernière victoire remontait à une étape du Tour Méditerranéen il y a deux ans.

Leonardo, comment avez-vous abordé le sprint final dans Cholet-Pays de Loire ?
On a remonté le peloton à un kilomètre de l’arrivée avec Guillaume Blot. Il m’a replacé dans les cinq premières positions. Je me suis retrouvé auprès de Jimmy Casper et de Romain Feillu. J’ai attendu les 200 derniers mètres pour porter mon effort et ça l’a fait. J’étais le coureur protégé de l’équipe Cofidis, avec Guillaume Blot et Kevyn Ista pour la fin. Les autres avaient pour mission d’aller dans les échappées. Mais ils les ont manquées et nous avons dû rouler toute la journée, du début à la fin, derrière les hommes de tête. Mes coéquipiers ont fait du très bon boulot.

Finalement, l’équipe Cofidis a été piégée toute la journée mais à la conclusion la victoire vous revient…
C’est vrai que nous n’étions pas dans l’échappée donc c’était le but toute la journée. Non seulement nous n’étions pas dans l’échappée du jour mais nous n’avons pas non plus saisi le coup parti à quatre, avec trois Bbox Bouygues Telecom. C’était à nous d’y aller, même si nous avions roulé toute la course. Finalement, mes coéquipiers ont continué à rouler : David Moncoutié, Rémi Pauriol, tous les autres… Ca nous a enfin permis de rentrer sur la tête de course à quelques kilomètres du but.

Le tournant de la course n’a-t-il pas été la chute d’Anthony Charteau dans l’échappée, qui a provoqué la réaction des Bouygues ?
Oui, bien sûr, car l’échappée marchait bien. Les Bbox Bouygues Telecom étaient tranquilles, avec un coureur capable de gagner, donc ils ne roulaient pas. Quand il y a eu la chute, ils se sont mis à rouler et ont attaqué dans une bosse. Ca s’est enchaîné.

A Cholet, beaucoup de gens voyaient Jimmy Casper s’imposer, comment avez-vous géré cela ?
J’avais de bonnes jambes. Je savais que Casper et Feillu allaient vite mais j’ai de très bonnes sensations depuis Paris-Nice. Je suis bien sorti de la course, j’ai bien récupéré, et je n’ai pas de complexe. J’ai pris les bonnes roues et fait mon sprint du mieux possible.

L’organisateur de Cholet-Pays de Loire avait souhaité durcir la fin du parcours pour empêcher un peloton massif d’aller au bout, finalement ça n’a rien changé…
Pour moi, c’était bien. J’aime bien les parcours un peu plus difficiles, comme ça les meilleurs sprinteurs ont plus de mal à démarrer sur la fin. Ca me donne des points de plus.

Vous prenez la tête du classement de la Coupe de France. Un tel challenge peut-il constituer un objectif ?
Ce serait très bien de gagner la Coupe de France, mais il y a beaucoup d’autres courses sur lesquelles se concentrer également, comme le Tour d’Italie, le Tour de France… On va essayer quand même de faire les prochaines Coupes de France pour essayer de rester dans les premiers rangs du classement général.

Jamais Cofidis n’avait réalisé un tel début de saison, que s’est-il passé cet hiver ?
Nous avons essayé de préparer au mieux le début de saison. Nous nous disions que si nous gagnions de bonne heure ça nous laisserait plus tranquilles. Nous avons bien bossé aux stages de Gréoux-les-Bains puis de Saint-Aygulf. Nous étions en bonne condition et nous avons fait un bon Paris-Nice. Si tu gardes la bonne condition, tu peux enchaîner de bons résultats.

L’avenir de l’équipe Cofidis va être décisif dans les jours à venir puisque vous attendez une décision de votre sponsor quant à la poursuite de son engagement ?
En effet, mais la décision ne dépendra pas de nos résultats. S’ils veulent continuer, ils continueront. Mais s’ils choisissaient de ne pas poursuivre l’aventure, il nous faudra trouver une équipe ailleurs et pour cela il nous faut marcher. Ca, c’est l’esprit de tous les coureurs. Il faut gagner des courses, soit pour motiver le sponsor à continuer ou en motiver un autre à prendre l’équipe, soit pour trouver une autre équipe.

Avez-vous fixé des objectifs particuliers cette saison ?
Oui, j’ai pour objectif de participer au Tour de France, qui présente cette année un beau parcours qui me plaît beaucoup (NDLR : Leonardo Duque avait terminé 2ème de l’étape de Digne-les-Bains il y a deux ans). Après, il y a aussi beaucoup de courses qui me conviennent. Des courses vallonnées comme à Cholet, un peu dures. On va essayer de bien faire sur ces courses-là. Je serai au Critérium International où j’y défendrai Rémi Pauriol.

Propos recueillis à Cholet le 21 mars 2010.