L’affaire aura longtemps traîné, pourrissant petit à petit le coureur et son univers. Or comme il n’est jamais bon de laisser les choses se gâter, la conséquence n’en est que plus dramatique aujourd’hui. Cette fois ça y est, la sanction est tombée. Alejandro Valverde (Caisse d’Epargne) a été reconnu coupable de tricherie aux yeux du Tribunal Arbitral du Sport, qui a proclamé une suspension de deux ans à l’encontre de l’Espagnol. Coup de tonnerre dans le ciel cycliste ! L’annonce du TAS vient mettre un terme à une attente insoutenable, tant la lenteur de la procédure aura dérangé. Saisi par l’Union Cycliste Internationale et l’Agence Mondiale Antidopage depuis deux ans et demi, le tribunal helvétique a condamné Alejandro Valverde à une suspension de deux saisons commençant le 1er janvier 2010 et se concluant le 31 décembre 2011 !

Il y a un an déjà, les Italiens étaient parvenus à démontrer la culpabilité d’Alejandro Valverde dans le cadre de l’affaire Puerto. Ils avaient comparé l’ADN d’une prise de sang effectuée sur le coureur lors d’un contrôle antidopage à celui contenu dans les poches de sang congelées dans le laboratoire madrilène du docteur Fuentes. La similarité des résultats leur avait permis de confondre le coureur. Il aura malheureusement fallu un an de plus au TAS pour en arriver à la même conclusion. L’instance helvétique a reconnu aujourd’hui que la poche de sang n°18 contenait bien de l’EPO et qu’un test ADN démontrait clairement que cette poche contenait le sang d’Alejandro Valverde. « Cette preuve est suffisante pour conclure que le coureur a commis une violation du règlement antidopage, étant donné que son sang contenait de l’EPO, une substance interdite », a expliqué le Tribunal Arbitral du Sport au moment de rendre son verdict.

Il en est donc fini de la présence d’Alejandro Valverde dans les pelotons jusqu’à 2012. Le coureur perd en outre le bénéfice des résultats obtenus depuis le 1er janvier, et qui lui avaient valu le rang de numéro un mondial. Cette saison, l’Espagnol de 30 ans a remporté le Tour Méditerranéen et le Tour de Romandie. Il a terminé 2ème de Paris-Nice, 2ème du Tour du Pays Basque et 3ème de Liège-Bastogne-Liège. Des performances à rayer de son palmarès. « Nous acceptons la décision, comme il ne peut en être autrement, a commenté son équipe. Cependant, nous tenons à souligner que nous la considérons totalement injuste et incohérente car le TAS affirme expressément qu’il n’existe pas d’évidences que les résultats sportifs d’Alejandro Valverde soient la conséquence d’aucune violation des règles antidopage. » Certes, le coureur n’a jamais été contrôlé positif en compétition. Mais son intention de tricher est avérée.

Pour autant, Alejandro Valverde n’en a pas fini avec les procédures. La sanction ayant été prononcée par le Tribunal Arbitral du Sport, qui a d’ordinaire le dernier mot en cas de litige, c’est auprès d’un tribunal civil suisse que le coureur tentera de défendre sa cause. Le dernier vainqueur du Tour d’Espagne a annoncé qu’il allait saisir un tribunal fédéral helvétique, l’organe judiciaire maximal, estimant que les décisions prises pouvaient être dénoncées devant le Tribunal Européen des Droits de l’Homme. « Cette décision est une satisfaction, a quant à elle annoncé l’UCI. L’UCI et le cyclisme dans son ensemble ont certainement beaucoup souffert de cette affaire, et les dommages causés par le comportement d’Alejandro Valverde depuis que l’UCI s’est formé la conviction de sa culpabilité, ne pourront être entièrement compensés par la peine règlementaire. Toutefois, ce jugement apporte soulagement et sérénité retrouvée. »

Les grandes dates de l’affaire Valverde :

• 23 mai 2006 : le scandale de l’affaire Puerto éclate en Espagne. Une liste noire est découverte et plusieurs coureurs sont soupçonnés d’avoir eu recours à des manipulations sanguines, parmi lesquels Jan Ullrich et Ivan Basso.
• 29 août 2007 : l’UCI demande à la RFEC de mettre en œuvre une procédure disciplinaire contre Alejandro Valverde sur la base des preuves récoltées dans le cadre de l’Opération Puerto, notamment la poche de sang n°18 supposée lui appartenir.
• 7 septembre 2007 : la RFEC rejette la demande de l’UCI et refuse d’ouvrir une procédure disciplinaire contre le coureur.
• octobre 2007 : l’UCI et l’AMA déposent un appel auprès du TAS pour que Valverde soit reconnu coupable d’une violation du règlement antidopage et qu’une suspension de deux ans lui soit imposée.
• 11 mai 2009 : le tribunal antidopage du CONI reconnaît Valverde coupable « d’usage ou tentative d’usage d’une substance interdite ou d’une méthode interdite » et le suspend deux ans sur le territoire italien. Valverde fait appel auprès du TAS.
• 16 mars 2010 : en appel, le TAS confirme la suspension de deux ans sur le sol italien et peut enfin examiner la requête de l’UCI et de l’AMA.
• 31 mai 2010 : Alejandro Valverde est suspendu deux ans par le TAS, du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2011, et perd le bénéfice des résultats obtenus en 2010.