Hier, la première des deux étapes du Massif Central était destinée à un baroudeur et c’est Rui Costa (Movistar) qui s’est imposé. Il faut dire que les hommes forts du peloton avaient quelque peu besoin de repos. Alors, sur les routes escarpées proposées aux coureurs, à défaut d’offrir une étape volcanique, les volcans d’Auvergne ont consacré un solide coureur Portugais. Les favoris à la victoire finale à Paris, eux, se sont contentés d’une brève explication dans les derniers hectomètres d’une raide et rectiligne pente menant à l’arrivée à Super-Besse Sancy. Hier, cette relative neutralisation a permis au Norvégien Thor Hushovd de conserver son maillot jaune. Formidable de courage, ses heures en jaune sont désormais comptées et il pourrait bien dès ce soir abandonner cette célèbre tunique pour retrouver son maillot arc-en-ciel.

Aujourd’hui, les coureurs doivent rejoindre Saint-Flour via Issoire. Saint-Flour et le doux souvenir d’un Richard Virenque étincelant en 2004. Sa conquête des pois était passée par là, et cette année, les candidats au classement général du meillure grimpeur  pourraient bien également profiter du parcours proposé pour marquer de précieux points. Il faut dire qu’il y a de quoi faire par delà 208 kilomètres et pas moins de 8 ascensions répertoriées parmi lesquelles trois cols de 2ème catégorie. Sur le papier, l’étape colle à merveille avec le profil d’un Thomas Voeckler (Team Europcar). Insatiable baroudeur, les routes étroites du Massif Central pourraient rapidement devenir siennes. Mais un garçon comme Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto) ne veut laisser passer sa chance pour rien au monde. Déjà vainqueur samedi dernier, il aimerait doubler la mise aujourd’hui.

Compte-tenu des caractéristiques du tracé proposé, il n’est pas étonnant de voir l’échappée extrêmement disputée. Carlos Barredo (Rabobank) va par exemple s’y essayer. Mais un homme va faire mouche après 40 kilomètres de course. Et franchement, il n’est pas surprenant que cet homme là ce soit Thomas Voeckler. Il était attendu au départ à Issoire et il n’a pas hésité. Il reste alors 160 kilomètres de course et Voeckler vient de s’en aller. Derrière lui, Juan-Antonio Flecha (Team Sky) et Johnny Hoogerland (Vacansoleil-DCM) parviennent à distancer le peloton pour lui venir en renfort. Les trois hommes s’entendent correctement et parviennent à se construire un petit matelas d’avance. Alors que l’on croit la bonne échappée partie, Luis Leon Sanchez (Rabobank), Niki Terpstra (Quick Step) et Sandy Casar (FDJ) viennent se joindre à la tête de course.

Europcar se met à rêver et loue à Voeckler les honneurs du Maillot Jaune.

L’échappée du jour est partie mais ils peinent à prendre de l’avance. La raison ? Thomas Voeckler n’est qu’à 1’29 » du Maillot Jaune, Thor Hushovd. Comprenez bien qu’un garçon comme ça, on ne peut le laisser s’envoler sans même riposter. Alors, il faudra 10 kilomètres pour que les 6 de tête prennent une confortable avance. Mais cette avance n’excède jamais les 4′ et l’on se dit que l’entreprise de ces 6 courageux ne peut aller au bout. Les Omega Pharma-Lotto sont vigilants et n’attendent qu’une seule chose : venir cueillir les hommes de tête dans les derniers kilomètres de course. Devant, c’est la lutte pour le Maillot à Pois qui s’engage entre Voeckler et Hoogerland jusqu’à ce que la course entre dans une autre dimension, et quelle dimension, dans la descente du Pas de Peyrol, le Tour de France vient alors de perdre deux de ses grands outsiders.

Là, sur cette chaussée en parfait état, Jurgen Van Den Broeck (Omega Pharma-Lotto) reste un long moment immobile, au sol. Dans le ravin posté quelques mètres plus bas, Alexandre Vinokourov (Astana) est attendu par son équipe au complet, ou presque. Si proche de son rêve jaune hier, le Kazakhe vient de laisser sur la route de Saint-Flour ses derniers espoirs. Fracture du bassin, abandon, bonjour tristesse. Pour Van Den Broeck, l’abandon ce sera pour quelques mètres plus loin, impuissant, physiquement atteint, il ne peut plus, n’en peut plus et quitte la route du Tour. Le temps d’arrêt que cela entraine au sein du peloton aide en fait le groupe de tête duquel a disparu Terpstra à accroitre son avance. Les voilà loin devant avec plus de 7′ d’avance à 80 kilomètres de l’arrivée.

Mais Philippe Gilbert ne s’avoue pas vaincu et fait rouler ses équipiers. En vain, tout est en train de se jouer devant, tragiquement. Le destin de cette étape vient de basculer à 36,5 kilomètres de l’arrivée la faute à un écart réalisé par une voiture censée assurer la diffusion télévisée du Tour. Thomas Voeckler échappe de très peu à la catastrophe et roule plus fort encore pour creuser l’écart. Hoogerland arrêté par la chute à l’instar de Flecha. Luis Leon Sanchez n’a plus qu’à déposer sans mal Sandy Casar, à bout de souffle dans la dernière ligne droite au bout de laquelle il devance finalement Thomas Voeckler. Heureux comme un gosse, Voeckler revit en jaune et se met à rêver à une nouvelle belle et longue aventure dans la peau du Leader provisoire du Tour, sa course. Malheureux Hoogerland qui franchit la ligne avec un retard finalement symbolique comparé à la douleur du garçon, abîmé par les barbelés sur lesquels il a été propulsé.

Le courageux Néerlandais comme le reste du peloton bénéficiera d’une journée de repos, demain, avant de partir à l’attaque des Pyrénées via Carmaux, mardi.

Classement 9ème étape :

1. Luis-Leon Sanchez (ESP, Rabobank) les 208 kilomètres en 5h27’09 »
2. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) à 5 sec.
3. Sandy Casar (FRA, FDJ) à 13 sec.
4. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 3’59 »
5. Peter Velits (SLO, HTC-Highroad) m.t.
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
7. Andy Schleck (LUX, Leopard-Trek) m.t.
8. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) m.t.
9. Frank Schleck (LUX, Leopard-Trek) m.t.
10. Damiano Cunego (ITA, Lampre-ISD) m.t.

Classement général :

1. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) en 38h35’11 »
2. Luis-Leon Sanchez (ESP, Rabobank) à 1’49 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 2’26 »
3. Frank Schleck (LUX, Leopard-Trek) à 2’29 »
4. Andy Schleck (LUX, Leopard-Trek) à 2’37 »
6. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) à 2’38 »
7. Peter Velits (SLO, HTC-Highroad) m.t.
8. Andréas Klöden (ALL, RadioShack) à 2’43 »
9. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 2’55 »
10. Jakob Fuglsang (DAN, Leopard-Trek) à 3’08 »

Classement par points :

1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 217 pt
2. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 172 pt
3. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) 153 pt
4. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) 137 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 135 pt
6. Romain Feillu (FRA, Vacansoleil-DCM) 99 pt
7. André Greipel (ALL, Omega Phrama-Lotto) 78 pt
8. Tyler Farrar (USA, Garmin-Cervélo) 76 pt
9. Sébastien Hinault (FRA, Ag2r La Mondiale) 60 pt
10. Denis Galimzyanov (RUS, Katusha) 55 pt

Classement de la montagne :

1. Johnny Hoogerland (PBS, Vacansoleil-DCM) 22 pt
2. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 16 pt
3. Tejay Van Garderen (USA, HTC-Highroad) 5 pt
4. Rui-Alberto Faria Da Costa (POR, Movistar) 5 pt
5. Sandy Casar (FRA, FDJ) 5 pt
6. Juan Antonio Flecha (ESP, Team Sky) 4 pt
7. Anthony Roux (FRA, FDJ) 3 pt
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 2 pt
9. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 2 pt
10. Christophe Riblon (FRA, Ag2r La Mondiale) 2 pt

Classement des jeunes :

1. Robert Gesink (PBS, Rabobank) en 38h39’12 »
2. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 0’51 »
3. Arnold Jeannesson (FRA, FDJ) à 1’20 »
4. Rob Ruijgh (PBS, Vacansoleil-DCM) à 1’42 »
5. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 1’50 »
6. Jérôme Coppel (FRA, Saur-Sojasun) à 2’34 »
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 3’19 »
8. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 3’44 »
9. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) à 5’11 »
10. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 5’19 »

Classement par équipes :

1. Team Europcar (FRA) en 115h03’31 »
2. Team Leopard-Trek (LUX) à 32 sec.
3. RadioShack (USA) à 1’02 »
4. Rabobank (PBS) à 1’18 »
5. Team Garmin-Cervélo (USA) à 1’50 »
6. Ag2r La Mondiale (FRA) à 4’23 »
7. Katusha (RUS) à 4’40 »
8. HTC-Highroad (USA) à 4’55 »
9. Quick Step (BEL) à 6’14 »
10. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 7’45 »