Quatre jours après avoir rayé des palmarès le nom de Lance Armstrong, accusé de dopage tout au long des plus belles années de sa carrière, l’Union Cycliste Internationale se penchait aujourd’hui sur une question délicate : que faire des sept Tours de France brusquement privés de leur vainqueur ? Les réattribuer aux dauphins d’Armstrong ? C’est ce qui avait été fait en 2006 et en 2010 après les destitutions de Floyd Landis et Alberto Contador, mais jamais Oscar Pereiro et Andy Schleck ne se considéreront vraiment comme des vainqueurs du Tour – le Luxembourgeois n’a d’ailleurs même pas été convié à se joindre aux champions réunis mercredi sur la scène du Palais des Congrès… S’il est clair que cette option n’avait rien de réjouissant, elle était d’autant plus contestable que les dauphins de Lance Armstrong sont tous tombés, eux aussi, pour dopage.

L’UCI a donc tranché, et sa décision va dans le bon sens : le palmarès des Tours de France 1999 à 2005 restera vierge. Et plus aucun nom n’y sera associé. D’ailleurs, cette mesure inédite de non-réattribution des victoires sera dorénavant valable pour tous les coureurs convaincus de dopage entre 1998 et 2005. « L’UCI a reconnu qu’un nuage de suspicion resterait associé à cette sombre période, fait savoir la fédération dans son communiqué. Et bien que cela puisse sembler sévère pour ceux qui couraient proprement, ils comprendront qu’ils avaient peu d’honneur à gagner en se faisant réattribuer une victoire de la sorte. »

« Comme je l’ai dit lundi, l’UCI est déterminée à en finir avec cet épisode douloureux de l’histoire de notre sport, a rappelé son président Pat McQuaid en soirée à Genève. Nous prendrons toutes les mesures jugées nécessaires pour remettre le vélo sur la bonne voie. Aujourd’hui le cyclisme est un sport complètement différent de ce qu’il était dans la période 1998-2005. Les coureurs sont dorénavant sujets à des mesures plus novatrices et efficaces contre le dopage. Néanmoins nous avons entendu la réaction du monde devant l’affaire Lance Armstrong et nous allons prendre des mesures décisives en réponse aux graves préoccupations. »

Outre le trou béant qui marquera dorénavant le palmarès du Tour de France à l’entre-deux siècles, une autre sanction a été annoncée ce soir par l’Union Cycliste Internationale. Celle-là est d’ordre financier. L’UCI réclame en effet à Lance Armstrong et l’ensemble des coureurs concernés par cette ère affligeante du cyclisme, l’ensemble des primes de course qu’ils ont touchées. Armstrong, pour ne citer que lui, devra restituer toutes les primes obtenues depuis le 1er août 1998. Un énorme pactole qui s’élève, à l’unique échelle du Tour de France, à près de 3 millions d’euros ! Or c’est essentiellement auprès de ses anciens coéquipiers, avec lesquels il avait partagé l’argent, que l’ancien champion américain devra réclamer les sommes perçues.