Philippe, vous n’en êtes pas à votre premier Tour de France, avez-vous un rituel précis avant le Grand Départ ?
Non, pas vraiment, je ne suis pas superstitieux. La chaussette gauche avant la droite, ce n’est vraiment pas mon truc.

Comment revivez-vous l’étape le soir à l’hôtel ?
Par tout type de moyen, que ce soit la télévision, internet, etc. Tout est bon pour analyser les situations de courses pour lesquelles on doit discuter avec les coureurs. On enregistre toutes les étapes, on consulte les sites internet, etc.

Êtes-vous attentifs au matériel lancé sur le Tour par les autres équipes ?
Bien sûr, on essaye de toujours être à l’affût des nouveautés de nos adversaires. C’est une composante importante. C’est bien d’avoir un temps d’avance et quand on a un temps de retard, il faut pouvoir négocier avec le partenaire un changement de matériel, ce qui n’est pas toujours évident, car cela peut engendrer des coûts faramineux. Refaire un moule de cadre carbone coûte une petite fortune. Il faut que cela passe par des bureaux d’études auparavant pour être sûr de créer la bonne innovation. Mais on a des partenaires qui sont plus que fiables et on n’a pas de souci à ce niveau-là.

On dira qu’il est plus facile de changer les couleurs pour un maillot distinctif que de changer de modèle tout court…
C’est une évidence. Pour ce qui est des changements de couleur, on a des mécanos qui sont capables de monter les vélos en une petite heure.

Quel est votre point de vue sur la tendance des freins intégrés ?
C’est la dernière grosse évolution. Beaucoup de constructeurs se sont mis aux freins intégrés parce qu’on améliore l’aérodynamisme. On se rend compte aussi que beaucoup d’équipes changent de vélo en cours de route parce que les innovations ne sont pas encore au point. En tout cas, si les coureurs connaissent un ennui mécanique en cours d’étape, cela nécessite un changement de vélo alors qu’avant le mécanicien pouvait régler le problème en roulant. Aujourd’hui, c’est pratiquement impossible.

Vous pensez au dérailleur électrique…
Oui, c’est vrai que cette saison on a souvent vu sur le bord de la route certaines équipes qui roulent avec certaines marques de dérailleurs électriques. Pour les coureurs, c’est un lourd handicap. De notre côté, nous suivons notre partenaire SRAM, et on leur fait confiance. Ils travaillent toujours sur de nouvelles évolutions, sur du matériel qui permet de passer les vitesses plus précisément, plus rapidement. Les coureurs sont satisfaits, d’autant plus satisfaits quand ils voient leurs adversaires sur le bord de la route.

L’autre grande évolution de ces derniers mois, ce sont les nouveaux casques plus aérodynamiques, qu’en pensez-vous ?
Nous ne sommes pas les premiers à avoir un casque aéro pour la route. Malgré tout, notre fabricant, Specialized a pris le temps d’étudier, ils ne se sont pas précipités et ont trouvé un compromis idéal pour que les coureurs puissent respirer. C’est excellent d’un point de vue aérodynamique, mais aussi au niveau du confort. Pour le casque du contre-la-montre, c’est vraiment quelque chose de particulier. L’intégration avec le coureur est capitale. Un casque très aérodynamique sur un coureur ne l’est pas forcément sur un autre. Il y a des tas de notions qui entrent en ligne de compte, comme la largeur des épaules, celle du visage, la longueur du dos, etc. On essaye de s’adapter, de trouver le meilleur casque pour le coureur parmi ceux que l’on retrouve chez notre fournisseur.

Quels vélos utiliseront vos coureurs pour le contre-la-montre Embrun-Chorges ?
On a déjà préparé notre vélo, on le sortira à Chorges. Ça sera peut-être une surprise pour certains, mais on va tout faire pour la garder. Nous avons travaillé avec Specialized sur le sujet. Depuis le début de notre partenariat, nous travaillons avec eux pour qu’ils trouvent les solutions dont nous avons besoin. En l’occurrence, nous avons travaillé avec eux, dès que nous avons eu connaissance du parcours. Nous l’avons reconnu pour la première fois 15 jours avant le début du Critérium du Dauphiné.

Y a-t-il d’autres évolutions techniques que vous espérez bientôt ?
Les freins à disques seraient par exemple un élément intéressant d’un point de vue sécurité si tout le monde pouvait l’avoir en même temps. Je crois qu’il faut que la réglementation soit claire. Si certains courent avec et d’autres sans, il y aura de grosses différences au niveau des distances de freinage et qui provoqueront des tampons dans le peloton. Mais si tout le monde dans le peloton pouvait avoir des freins à disques, début 2014 ou 2015, ce serait une grande avancée au niveau de la sécurité. En cas de pluie, on ne serait plus gênés par les patins qui glissent sur la jante. Ce serait un confort absolu pour les coureurs.

Après la course, que faites-vous pour améliorer la récupération des coureurs ?
On leur propose par exemple de monter sur les rouleaux après l’arrivée. On leur laisse le choix de ce point de vue, mais on se rend compte qu’ils sont de plus en plus demandeurs. C’est une méthode qui a fait ses preuves. Pour que ce travail de récupération soit efficace, il faut maintenir un certain niveau de puissance adapté à tous les coureurs. Faire uniquement de la patinette n’a pas d’intérêt. On a aussi un très bon partenaire pour faire baisser rapidement la température du corps des coureurs après l’effort. Autre exemple, Etixx, notre partenaire pour la nutrition a travaillé sur une boisson hyper hydratante. Chaque détail compte aujourd’hui.

Propos recueillis à Porto-Vecchio, le 28 juin 2013.