Comme ils en ont pris la bonne habitude, les dirigeants de Look ont choisi la Corse et le grand départ du 100ème Tour de France pour convier la presse internationale à la présentation des nouveautés 2014, ou plutôt de LA grande nouveauté 2014 : le 695 aérolight et la version 695 light. La Corse, c’est le célèbre maquis et le golfe d’Ajaccio, une des plus longues baies du monde, ses eaux turquoises et ses plages de sable blanc. C’est là qu’est installée la réserve de Saparella, un espace-accueil d’une centaine de tentes parfaitement intégrées dans le paysage sauvage où on aurait bien vu une présentation des nouveaux VTT 986 ou 996, la version tout suspendu, tant la réserve est sauvage, accessible seulement aux 4×4 ou rangers, avec des pistes en terre et des virages à plus de 20% bétonnés pour assurer l’accroche aux véhicules.

Pas franchement un lieu accessible aux vélos, c’est pour ça qu' »il » est arrivé en hélicoptère, rien moins que ça. Il, c’est le fameux 695 aérolight que quatre coureurs de Cofidis vont arborer sur le Tour. Un casting digne d’une star, mais ce nouveau 695 est à la hauteur de la mise en scène très cinéma qui nous a été proposée. La grosse évolution chez Look c’est le travail sur une nouvelle fibre: la Fibre 1.5, un type de fibre couplé à la résine haute résistance qui donne un pré imprégné avec des plis de 0,1 millimètre ce qui permet d’optimiser la rigidité, la résistance.

Pour ce nouveau 695 Look se félicite de maîtriser l’ensemble du processus, la technologie, l’outil de production. Le 695 était déjà un super vélo en termes de transmission de puissance, de rigidité, de comportement, de sensations, de précision de pilotage. Pour les ingénieurs de Look, la question simple et compliquée était : qu’est-ce qu’on peut encore ajouter au vélo qui est déjà presque parfait, aller encore plus loin, défier les lois de la physique ? L’intégration des freins est venue par l’aérodynamisme. L’étrier de frein est un levier dissocié pour l’esthétique, « dual lever concept » puissance de freinage inégalée, levier dissocié, avec réglages possibles en fonction de la largeur des jantes, etc.. 20 % de plus qu’un BR 7900 de Shimano. On a parfaitement intégré le levier de frein à la fourche, plutôt que de la cacher derrière la fourche. Il fallait plus d’intégration vis-à-vis du 695, voilà côté frein avant. La mise au point est travaillée depuis 4 ans maintenant. La volonté était de faire de l’aéro et d’apporter de l’intégration efficace, il fallait donc trouver LE frein avant peut être considéré comme un V brake, mais avec un brevet Look. Le brevet a été déposé avec le temps pris pour gommer les problèmes liés aux V brakes.

Idem pour la potence. Sur le 695, on retrouve la potence Aérostem qui est l’évolution des potences Système 2 et de la potence utilisée pour la piste sur le L 96 avec un capot qui cache les visses. Le corps est monobloc, rigide, affiné et gagne 20 grammes. La nouvelle version est franchement plus belle, plus esthétique que l’ancienne avec les quatre visses, le collier imposant, qui n’était pas très aérodynamique. Il fallait avoir le moins d’épaisseurs possible sur le cintre de 31,8 mm, on a réduit le nombre d’épaisseurs, avec la version Aérologht, on prend 1,5 mm sur ce cintre et sans aspérités.

Pour le frein arrière, il est vrai que Look a hésité à l’intégrer sur les haubans, ou les bases. Puis la solution s’est imposée d’elle-même. Sous les bases, c’est le meilleur emplacement définitivement, toujours pour l’aérodynamique. Il fallait aussi intégrer la complexité des passages de câbles, des batteries EPS ou DI2 (sous l’E-post, ou au niveau du porte-bidon), voire le passage électrique, mécanique, par des petits artifices très simples, et brevetés. On arrive à une parfaite intégration des gaines ou des batteries. La câblerie a son importance, on se doit d’avoir une totale précision question poids, tout est passé au niveau du boîtier. L’aéro et l’esthétique ont été parfaitement travaillés sur les haubans, très fins, aux limites imposées par l’UCI, jusqu’au tube de selle pour éviter les turbulences.

Une fois au sol, c’est l’esthétique du 695 aérolight qui est bluffante, surtout avec les couleurs du Mondrian d’origine. Tout est pur, harmonieux, beau tout simplement. On a envie d’aller rouler dessus sans attendre. Ça tombe bien, les routes du côté de Propriano sont parfaitement adaptées pour tester dans toutes les conditions cette belle bête, c’est le moins qu’on puisse dire. Montées sèches, descentes sinueuses, virages serrés, en plus du sable dans les parties sinueuses. Bref, deux sorties de 35 et 55 kilomètres pour une première mise en main. Résultat ?

Un vélo très léger, les pros de Cofidis, Christophe Le Mével, Yoann Bagot, Daniel Navarro et Jérôme Coppel ou leurs mécanos vont devoir rajouter du poids pour arriver aux 6,8 kilos. Bien équilibré, très nerveux, et rigide bien comme il se doit pour un vélo de coursiers, de pros. Côté freinage, il est très, mais alors très efficace. L’intégration du frein avant apporte un côté sécurité en plus. On sent qu’on peut freiner mieux de l’avant, c’est certain. Côté frein arrière, attention, en cas de freinages brusques, limites, mal anticipés. La puissance est telle que la roue peut être facilement bloquée. Un conseil ? Avoir une garde importante pour être plus onctueux, plus doux et rester safe !

Look a donc parfaitement relevé le défi. Le 695 était déjà un très beau vélo, un superbe succès commercial, mais qui commençait déjà à dater. L’intégration est un sujet d’actualité chez pas mal de marques. Pour combiner le tout, Look devait prendre une longueur d’avance. Objectif réussi, le vélo est esthétiquement magnifique, et à l’utilisation tout est en harmonie. Il faudra prendre le temps de l’essayer en prenant bien en compte qu’il risque d’être adopté, et c’est là où ça se corse. Le haut de gamme en DI2 11 vitesses avec des Zipp 404 est annoncé à 11 500 euros.