Kevin, l’équipe Europcar est omniprésente depuis le début de ce Tour. Cette fois vous étiez deux devant avec Yukiya Arashiro. Comment est-ce arrivé ?
Ce matin, nous étions tous les deux désignés pour prendre l’échappée. Se retrouver tous les deux en tête, c’était la cerise sur le gâteau. C’est sorti sur la gauche au départ. Moi j’étais sur la droite et pour tout dire je n’ai pas reconnu Yukiya maintenant qu’il porte le maillot de champion du Japon. Je n’ai pas fait attention que c’était lui qui y allait. Quand je suis revenu sur l’échappée, j’ai vu qu’il était devant. Je me suis dit « puisque nous sommes deux ici, autant faire la route ensemble ».

Comment avez-vous mis à profit votre supériorité numérique ?
En étant deux de l’équipe à l’avant quand le groupe s’est réduit à quatre, il fallait que nous marquions chacun un adversaire. J’ai pris Alexey Lutsenko quand Yukiya Arashiro a marqué Thomas De Gendt. Le gars d’Astana marchait bien, on l’a vu quand il a réussi à sortir dans la descente. J’ai réussi à l’accrocher. J’y ai cru moi-même mais le peloton a eu raison de nous. Dans la descente de la Gineste, il n’a vraiment pas manqué grand-chose. Mais sur une route large, assez roulante et avec vent de face, ce n’était vraiment pas facile à gérer. Il nous a manqué 4 kilomètres.

N’est-ce pas rageant d’être rejoint si près du but après quasiment 225 kilomètres devant ?
Si, ça l’est, mais il ne faut pas s’arrêter là-dessus. Le Tour, ça dure trois semaines. Il ne faut pas baisser les bras, il faut relativiser, on est quand même sur la plus grande course du monde. J’ai été devant sur plus de 220 bornes, c’est un plaisir quand même d’être devant. Après, j’étais d’abord dans l’effort avant de penser à tout ça. J’étais concentré tout du long, et avec cette chaleur ce n’était pas facile à gérer. Il faut d’abord faire le boulot, le plaisir passe après.

Comment analysez-vous la course de l’équipe aujourd’hui ?
Je pense qu’on a fait la course qu’il fallait faire. Après, ce n’est jamais facile à gérer, même en étant deux sur quatre. Au contraire la course reposait sur nous. Nous avons mis une stratégie en place mais ça n’a pas fonctionné sur le coup. Mais le Team Europcar est toujours devant depuis le début de ce Tour, et on ne baissera pas les bras tant qu’on n’aura pas décroché notre première victoire.

Vous avez apporté votre pierre à l’édifice. C’est une fierté ?
Je suis là avant tout pour aider mes leaders. Dès que j’ai carte blanche pour aller devant, je n’hésite pas. C’était mon jour aujourd’hui, c’était ma chance. Je l’ai saisie jusqu’au bout. J’espère que dans les semaines à venir j’aurai encore une autre chance comme celle-ci. J’ai été fier de voir tous les gens nous encourager sur le bord de la route. Ça fait chaud au cœur. Je sais aussi que depuis la Guadeloupe on m’a encouragé. J’espère que je serai encore devant dans les semaines à venir.

Propos recueillis à Marseille le 3 juillet 2013.