A l’époque où l’avenue de Grammont n’avait pas encore été investie par le tramway, et que sa large voie rectiligne s’étendait sur 2700 mètres, les sprinteurs s’y donnaient un ultime rendez-vous. Aucune absence n’était tolérée dans ce qui s’apparentait, sur un palmarès, à un titre de champion du monde des finisseurs. Les choses ont aujourd’hui bien changé. L’avenue sur laquelle se conclut Paris-Tours ne mesure plus que 600 mètres et le bras de fer engagé chaque année entre les équipes de sprinteurs et les échappés tourne plus que de coutume à l’avantage des audacieux. En fait, sur les dix dernières éditions, quatre seulement ont offert aux sprinteurs l’occasion d’en découdre, la dernière fois en 2010 quand Oscar Freire avait imposé sa pointe de vitesse au peloton. Pour la dernière de l’avenue de Grammont dans son ancienne configuration.

Les pronostics sont donc favorables aux attaquants au départ ce matin d’Authon-du-Perche (Eure-et-Loir), pour 235 kilomètres de plat en direction de Tours (Indre-et-Loire). Or s’il est arrivé des fois que l’échappée du matin aille au bout, celle formée par Julien Duval (Roubaix Lille Métropole), Sebastian Lander (BMC Racing Team), Yannick Martinez (La Pomme Marseille) et Aleksejs Saramotins (IAM Cycling) a tout de même peu de chances d’arriver à ses fins. Même avec onze minutes d’avance, l’avantage maximum que toléreront les équipes de sprinteurs.

Logiquement, quand les formations Argos-Shimano, FDJ.fr et Garmin-Sharp se liguent pour reprendre le quatuor de tête, les échappés du matin perdent tout espoir d’y parvenir. Aleksejs Saramotins sera le dernier à insister mais le Letton s’efface à 11 kilomètres de l’arrivée. Aux portes de Tours, les difficultés s’enchaînent. Les côtes de Beausoleil et de l’Epan sont les plus sérieuses à moins de 10 kilomètres de l’arrivée. Elles sont prétexte à une offensive de Marco Marcato (Vacansoleil-DCM), le vainqueur sortant de la classique des feuilles mortes. Mais l’Italien est tout de suite flanqué des meilleurs sprinteurs engagés, John Degenkolb (Argos-Shimano) et Arnaud Démare (FDJ.fr). Les deux hommes, costauds, anticiperaient-ils déjà leur confrontation ? En tout cas ils n’ont pas froid aux yeux pour s’exposer de la sorte avant le sprint.

Leur présence en tête a pour effet de décourager les quelques hommes qui ont pris l’avantage, et parmi lesquels figure Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step). Seul Jetse Bol (Belkin) insiste tout seul pour être ravalé par le peloton tout entier dans le dernier kilomètre ! Les purs sprinteurs vont pouvoir s’expliquer pour la première fois depuis que l’avenue de Grammont a été réduite à 600 mètres. Arnaud Démare lance le sprint mais il est marqué par John Degenkolb, qui sort de sa roue pour le remonter et s’imposer haut la main, trois jours après s’être annoncé sur Paris-Bourges. Michael Morkov (Team Saxo-Tinkoff) et Arnaud Démare complètent le podium de la classique.

Classement :

1. John Degenkolb (ALL, Argos-Shimano) les 235 km en 5h29’19 » (42,8 km/h)
2. Michael Morkov (DAN, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
3. Arnaud Démare (FRA, FDJ.fr) m.t.
4. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) m.t.
5. Michael Van Staeyen (BEL, Topsport Vlaanderen-Baloise) m.t.
6. Heinrich Haussler (AUS, IAM Cycling) m.t.
7. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Jon Aberasturi (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
9. Ioannis Tamouridis (GRE, Euskaltel-Euskadi) m.t.
10. Niki Terpstra (PBS, Omega Pharma-Quick Step) m.t.