N°1 : Hémoglobine canine et briques de vin

« Obligé à se doper », selon ses termes, Jesus Manzano a livré un témoignage très attendu. « Chez Kelme en 2001, Vicente Belda m’a fait rencontrer Eufemiano Fuentes. J’ai pris le médicament qu’on m’a ordonné de prendre. C’était de l’EPO. Nous avions l’obligation d’avoir affaire à ce médecin. Si vous refusiez, vous finissiez à la rue. Des poches de sang étaient stockées dans des briques de vin. Sur le Tour 2003, on nous a injecté 50 millilitres d’hémoglobine canine. Belda m’a crié à l’oreillette d’attaquer. Je me suis échappé avec Richard Virenque et j’ai commencé à me sentir mal : frissons, nausées, étourdissements… Je me suis évanoui et quand je suis revenu à moi j’étais dans une ambulance. Le manager Joan Mas était là. Il m’a demandé de ne rien dire car nous étions en France et que nous risquions la prison. »

N°2 : Jörg Jaksche en dit plus sur les méthodes de travail d’Eufemiano Fuentes

Dans sa déposition, Jörg Jaksche a confirmé, que le sulfureux docteur Fuentes lui avait pratiqué des autotransfusions et lui avait administré de l’EPO et des hormones de croissance. L’Allemand a également mis en doute le professionnalisme de Fuentes. « Je ne me souviens pas qu’il y ait toujours eu un nom sur les poches de plasma que Fuentes me réinjectait et j’ai parfois eu peur qu’il ne mélange les propriétaires. Son appartement, où se faisaient la plupart du temps les autotransfusions, n’était pas des plus ordonnés, a expliqué Jaksche. Fuentes est un charlatan. Cela m’étonnerait, pour donner un exemple, qu’un club comme le Real Madrid confie ses joueurs à un type qui a chez lui 400 poches de sang et qui ne sait plus laquelle appartient à qui… »

N°3 : Tyler Hamilton doute qu’on lui ait injecté son sang

Lors de son audition Tyler Hamilton s’est présenté à la barre du procès Puerto non pas pour évoquer Lance Armstrong, mais pour expliquer comment il avait été mis en relation avec le docteur Fuentes par son ancien manager Bjarne Riis en 2002. La collaboration de l’Américain avec le manipulateur sanguin a duré trois ans (pour une quinzaine de transfusions), jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par un double contrôle positif à une transfusion de sang, une première dans l’histoire du sport après la mise en place du procédé de détection à l’été 2004. « Je n’aurais pas dû être contrôlé positif si on m’avait réinjecté mon propre sang, s’est étonné Tyler Hamilton qui purge depuis 2009 une suspension de huit ans. Mais à ce moment-là on m’a expliqué qu’on m’avait injecté dans le corps le sang d’une autre personne… »

N°4 : Eufemiano Fuentes se défend comme il le peut

C’est le jour de l’audition de Fuentes, le lendemain de l’ouverture officielle des débats que le procès de l’affaire Puerto a vraiment commencé. Durant plus de trois heures, le médecin madrilène a répondu aux questions, refusant du reste de répondre aux accusations des différentes instances. « J’ai décidé de procéder à des extractions et réinjections de sang, a-t-il admis. Le sang devient visqueux lorsque l’hématocrite s’élève, c’est dangereux et c’est pourquoi nous procédions à son extraction pour faire descendre le taux. Nous le congelions des fois que son propriétaire aurait besoin de se le réinjecter, dans le cas inverse où son hématocrite serait trop bas, ce qui est tout aussi dangereux. L’UCI a fixé la limite maximale à 50 %, je ne comprends pas pourquoi elle n’impose pas une limite minimale. Nous avons agi pour la santé du coureur. »

N° 5 : Joseba Beloki nie les évidences

Convié par les juges, Joseba Beloki a nié tout contact avec le docteur Fuentes, principal accusé. L’Espagnol faisait partie de l’équipe Liberty-Seguros quand le scandale éclatait en mai 2006. « Je sais qui il est, mais je n’ai jamais eu de relations avec le docteur Fuentes », se défend Beloki. Son numéro de téléphone et son programme de course ayant pourtant été retrouvés par les enquêteurs. L’ancien dauphin de Lance Armstrong se montre réticent quant à donner son ADN. Même discours pour Isidro Nozal, qui a fait la majorité de sa carrière dans la structure de Manolo Saiz. Bien qu’il n’ait pas nié avoir consulté le docteur Fuentes, celui qui avait failli remporter la Vuelta 2003 précise que ces rendez-vous étaient pris « pour des extractions de sang, jamais des réinjections. » Ce qui reprend les explications de Fuentes.