Vincent, Domenico Pozzovivo a été pris dans une chute dans le final de la 2ème étape du Tour d’Italie hier. Que s’est-il passé ?
Sur les circuits urbains, surtout lors des débuts d’un Grand Tour, il y a toujours pas mal de pépins. C’est le même scénario sur le Tour d’Italie comme sur le Tour de France. Il y a tellement d’envie de bien faire, de tensions, de travail des équipiers pour placer les leaders ou les sprinteurs qu’il y a forcément des chutes. C’est ce qu’il s’est passé. Dans la première chute, nous n’avons pas été touchés. Dans la seconde, Domenico Pozzovivo est tombé sans gravité. C’est une mauvaise opération. Nous perdons 1’09 ». C’est plutôt embêtant, mais c’est souvent comme ça. Il faut que l’on ait une équipe assez solide pour être bien positionnés même si les coureurs ont appliqué les consignes en étant souvent devant. Malheureusement, Pozzo était un peu plus à l’arrière.

Cela change-t-il votre ambition ?
C’est un aléas, mais ce n’est pas très grave non plus. Nous perdons une minute, mais à un moment donné, nos adversaires connaîtront forcément d’autres problèmes. Il n’y a pas de quoi se démobiliser. Il faut rester optimistes, solidaires et appliqués. Notre leader, c’est Domenico Pozzovivo, le podium est toujours en vue. Nous allons continuer de travailler pour cela.

Comment avez-vous vécu le contre-la-montre par équipes en ouverture samedi ?
Comme tout le monde, avec beaucoup de stress. C’est un exercice merveilleux pour le cyclisme, très visuel et très technique. Mais c’est stressant pour les coureurs et pour le staff avec les conséquences que des problèmes peuvent générer. Cela demande énormément de préparation et de concentration. Nous l’avons bien reconnu. Nous avions mis tout un protocole en place. C’est une question de communication avec les coureurs. Il faut leur passer les messages au bon moment et au bon endroit, et susciter leur attention aux endroits dangereux. On sait que c’est un exercice qui peut être très agréable à vivre, mais aussi très dangereux. On se rappelle que l’année dernière, Garmin avait perdu dès la première journée tout espoir sur le Giro en faisant tomber quatre de leurs coureurs. C’est ce que toutes les équipes redoutent avant le départ.

Là encore, Domenico Pozzovivo a concédé du temps, 48 secondes, est-ce conforme à ce que vous espériez ?
Par rapport aux meilleures équipes, nous voulions concéder une quarantaine de secondes. Nous ne sommes pas une équipe de spécialistes par rapport à Orica-GreenEdge. Nous avons réalisé un bon chrono. Le sentiment est favorable.

On parle beaucoup de chrono sur ce Giro, surtout celui de 59,4 kilomètres à Valdobbiadene. Combien de temps Domenico Pozzovivo doit-il perdre au maximum selon vous ?
On ne le cache pas, l’ambition c’est de faire un podium avec Domenico. Sur un Grand Tour, il y a tellement d’éléments qui interviennent. On fera le point chaque semaine. Si Domenico est sur la stratégie mise en place, il peut rivaliser avec un Contador, à 30 secondes ou à 1 minute près. Il faut que le chrono soit dur. Il l’a reconnu. On sait que sur des chronos difficiles, il est capable de faire de belles choses. Je rappelle qu’il y a deux ans, il a fait un podium derrière Fabian Cancellara et Tony Martin sur un chrono très spécifique sur la Vuelta.

Entre un podium et le classement par équipes, vous avez choisi ou l’un ne va pas sans l’autre ?
Nous avons déterminé les objectifs. Le premier, c’est le podium, le deuxième, le classement par équipes, le troisième, comme toutes les équipes, c’est de gagner une étape.

Cela veut dire que l’on ne vous verra pas ou très peu dans les échappées ?
Certainement. On ira dans les échappées quand cela nous semblera utile. C’est-à-dire quand il y aura une chance d’aller au bout. Il ne faut pas gaspiller des forces sur des étapes où l’on sait que cela arrivera au sprint. Nous allons bien les cibler. Mais la priorité sera de rester autour de nos leaders.

En montagne, Carlos Betancur peut-il être le dernier homme aux côtés de Domenico Pozzovivo ?
Carlos a des objectifs aussi. Tant qu’il sera placé au général, il sera un coureur protégé. S’il devait ne plus être placé, il n’aura plus cette protection, sauf sur les étapes où il peut lutter pour la victoire. Il est en progression, c’est évident. J’espère qu’il retrouvera son niveau. On sait que c’est un garçon qui a un talent incroyable. Il a pris du retard cet hiver. Il est en phase de progression. J’espère qu’il va continuer de s’affirmer.

Propos recueillis les 9 et 10 mai 2015.