Quel visage aura le WorldTour en 2017 quand entrera en vigueur la réforme du cyclisme professionnel ? C’est une question ouverte, très ouverte, alors que les organisateurs des vingt-sept épreuves WorldTour actuelles et des trente-deux compétitions de la catégorie Hors Classe avaient jusqu’au 15 janvier pour déposer leur dossier de candidature.

Dix épreuves françaises étaient concernées, or il n’est arrivé que deux dossiers sur les bureaux de l’Union Cycliste Internationale après le renoncement d’Amaury Sport Organisation (Paris-Nice, Paris-Roubaix, Critérium du Dauphiné, Tour de France, mais aussi Critérium International et Paris-Tours) et la déclinaison de l’offre par les organisateurs du Grand Prix de Denain. Si les 4 Jours de Dunkerque, impactés par la réforme territoriale, avancent en ce sens sans se déclarer formellement candidats, seuls la Bretagne Classic-Ouest-France et le Grand Prix de Fourmies ont émis publiquement le souhait de faire partie du WorldTour en 2017.

« Nous voyons cela comme une opportunité, souligne le président du comité d’organisation du Grand Prix de Fourmies Jacques Thibaux. Quand vous organisez une course comme je le fais à Fourmies depuis vingt-cinq ans, vous aspirez à proposer la plus belle épreuve au plus haut niveau possible. La réforme du cyclisme professionnel nous ouvre des portes, nous faisons acte de candidature assez naturellement. » La classique nordiste qui aura lieu cette année le dimanche 4 septembre sait qu’il y aura beaucoup d’obstacles à franchir pour intégrer le niveau suprême, mais le défi ne lui fait pas peur. « Nous avons toujours montré que nous avions de l’ambition et nous nous sommes toujours battus malgré un calendrier qui ne nous a jamais été favorable du fait de la concurrence avec la Vuelta, le Tour de Grande-Bretagne ou encore le Tour d’Alberta », rajoute l’organisateur fourmisien.

Pourtant, l’impact financier d’une promotion au WorldTour a de quoi refroidir. C’est la première raison invoquée par Dominique Serrano, organisateur du Grand Prix de Denain, pour justifier la non-candidature de son épreuve, un an après son accession en Hors Classe. « Obtenir le label Hors Classe nous a déjà occasionné des frais supplémentaires qui nous ont obligés à solliciter tous nos partenaires institutionnels, rappelle-t-il. Une nouvelle sollicitation ne nous paraît pas opportune pour l’instant, l’essentiel étant pour nous d’assurer financièrement et de bien digérer cette accession. »

Car entre la taxe de candidature (9200 euros), la grille des prix, les frais de participation des équipes etc., on parle ici d’un budget supplémentaire de 85 000 euros au moins. « Il appartiendra à tous les financeurs du Grand Prix de Fourmies, privés ou publics, de mettre la main à la poche pour soutenir la course dont le budget actuel est de 330 000 euros », renchérit Jacques Thibaux, qui n’évoque pas a priori de changement de parcours mais garde à l’esprit néanmoins la possibilité de toucher la grande région de Nord-Pas-de-Calais-Picardie si les collectivités publiques en faisaient la demande.

Pourtant, à 80 kilomètres de Fourmies, il est un autre point qui soulève l’indignation des organisateurs du Grand Prix de Denain. Le futur règlement du WorldTour, s’il obligera les épreuves à inviter l’ensemble des équipes de 1ère division, ne contraindra pas en revanche ces équipes à avoir l’obligation de participer… « Où est donc l’intérêt », s’interroge Dominique Serrano, qui rappelle que l’Association Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes (AIOCC) avait manifesté en novembre sa plus grande inquiétude au sujet de la réforme dans son état actuel. « C’est pourquoi, avec une large majorité de mes collègues organisateurs, nous avons voté une motion s’opposant à la mise en place de cette réforme telle qu’elle est présentée aujourd’hui, en demandant la mise en place de groupes de travail réunissant l’ensemble des familles du cyclisme. Cette décision ne traduit pas un manque d’ambition, mais plutôt de la prudence. »

« Il y a beaucoup de devoirs et peu d’obligations, reconnaît à Fourmies Jacques Thibaux. Mais c’est le lot du vélo. Je ne peux pas dire aux Fourmisiens dont le Grand Prix, né en 1928, fait partie de la mémoire collective, que nous restons les deux pieds dans le même sabot alors qu’une telle opportunité se présente. Nous nous battrons pour être dans le WorldTour, ce ne sera pas simple, mais ce sera le choix de l’UCI. »

Si tous les ingrédients sont réunis à Fourmies pour postuler au plus haut niveau (un plateau alléchant, de belles routes, du public, une course dynamique, un direct télévisé depuis une quinzaine d’années…), certains critères comme la mondialisation lui semblent moins favorables. Mi-février, l’Union Cycliste Internationale rendra publique une première liste d’épreuves susceptibles d’appartenir au WorldTour en 2017. Des épreuves qui seront alors évaluées cette saison, l’évaluation portant sur trois critères essentiels : la qualité générale de l’organisation, l’intégration de l’épreuve au calendrier WorldTour et la contribution de l’épreuve à la promotion de l’UCI WorldTour.