Vincent, l’équipe Ag2r La Mondiale a été recomposée pour un tiers de son effectif. Pourquoi un tel remaniement ?
Nous avons je pense très bien renforcé l’équipe, et il était nécessaire de le faire. Il était capital pour nous de ne pas se laisser aveugler par l’excellente saison de Romain Bardet. On connaît l’impact du Tour de France et on sait que réaliser un grand Tour donne le sentiment d’avoir réussi sa saison. Mais en termes comptables, le nombre de victoires ou de points UCI présente une autre réalité. Il était temps de changer un certain nombre de coureurs et d’apporter un certain dynamisme avec des coureurs solides pour épauler Romain dans les grandes courses. Voilà pourquoi nous avons souhaité renouveler une bonne partie de l’équipe. Je suis très fier du cru 2017, dont le tiers de l’effectif est en outre issu de notre centre de formation à Chambéry. Ce qui est une réelle fierté.

Après la 2ème place de Romain Bardet dans le Tour de France, vous avez conscience que vous serez attendu au tournant cette saison. Avec quelles perspectives l’abordez-vous ?
J’étais jeudi dernier à la présentation de la FDJ, et Marc Madiot a répondu à cette même question avec son franc-parler en déclarant : « Gagner, gagner, gagner ». Nous irons sur le même terrain. L’an dernier, nous avons été un petit peu frustrés en termes de victoires. L’essence même de la compétition est de gagner, et il sera important de le faire. Nous nous attachons en outre à gommer nos points faibles. Nous devrions renforcer notre savoir-faire dans les grandes courses par étapes grâce à l’avion de chasse qu’est le vélo de contre-la-montre de Factor, notre nouveau partenaire. Et nous avons recruté des coureurs solides pour les classiques flandriennes, avec Oliver Naesen et Stijn Vandenbergh.

Des efforts ont également été portés sur le terrain de la montagne avec le renfort de solides grimpeurs…
Nous nous sommes rendu compte l’année dernière que Romain Bardet était assez rapidement isolé quand survenait la haute montagne. Ce qui n’était pas le cas en 2014 quand Jean-Christophe Péraud s’était classé 2ème lui aussi. C’est pourquoi de bons grimpeurs comme Mathias Frank ou Alexandre Geniez ont intégré l’équipe, en souhaitant qu’ils l’accompagnent le plus haut possible.

Que manque-t-il encore à Romain Bardet pour conquérir le Tour de France ?
Plus grand-chose, on l’a vu. L’an dernier, Romain a essentiellement perdu du temps sur Chris Froome dans les contre-la-montre. On sait aussi que le Team Sky est une équipe surpuissante et qu’elle est difficile à déstabiliser en montagne. Romain est toujours à 200 % dans son envie de progresser, et c’est ce qu’il fait chaque année en passant des paliers. En ce qui nous concerne, nous avons essayé de lui apporter une base solide. C’est pourquoi nous avons recruté des garçons comme Mathias Frank, Alexandre Geniez ou Oliver Naesen. Ils seront en mesure de l’épauler et de le rassurer dans certaines circonstances. Je suis persuadé que l’équipe sera plus forte que l’année dernière. Et si Froome de son côté a déjà atteint son apogée…

Avez-vous déjà les noms des coureurs qui entoureront Romain Bardet sur le Tour de France ?
Il est encore un peu tôt pour dévoiler des noms, même si nous avons aujourd’hui un pôle de seize coureurs pour participer au Tour. La donne a changé par rapport à notre approche du Tour de France. Nous serons en priorité concentrés autour de Romain afin de lui permettre d’aborder la montagne avec le moins de déficit possible. Mais nous n’excluons pas de laisser carte blanche à certains coureurs sur certaines étapes car il ne faut pas enlever toute ambition personnelle aux coureurs. Il y aura donc des circonstances, des étapes, disons un tiers du parcours, à l’occasion desquelles ils auront la possibilité de s’exprimer.

Avant le Tour, il y aura d’autres échéances importantes. Paris-Nice au mois de mars en fera-t-il partie ?
Romain Bardet ira sur Paris-Nice avec de grosses ambitions. Il va le préparer au soleil au Tour d’Oman et au Tour d’Abu Dhabi. On sait que Paris-Nice reste une épreuve importante du calendrier mondial et qu’il peut y tenir les premiers rôles. Le Tour de France demeure l’objectif n°1 mais la course au soleil sera l’un de ses temps forts dans la saison. Nous ne nous interdisons rien. Paris-Nice, le Tour du Pays Basque, les classiques ardennaises, le Critérium du Dauphiné, toutes ces épreuves seront importantes. Et pour un athlète de haut niveau, il sera toujours bien de se rassurer avant le Tour de France et de montrer qu’il est capable de dominer les meilleurs mondiaux à un moment donné. En cela, oui, Paris-Nice sera le premier test.

On a le sentiment que tous les efforts sont portés en priorité sur Romain Bardet et l’objectif Tour de France…
Nous allons essentiellement miser sur lui, il le mérite, car quand on a terminé 2ème du Tour de France on se doit de prendre en compte cet état de fait. On sait que Romain est un coureur sûr, un coureur régulier, un coureur appliqué en permanence, toujours dans la recherche du meilleur. Nous devons forcément lui montrer que l’équipe est à 100 % derrière lui. On sait que le résultat est une somme de petits détails, qu’ils soient d’ordre physique ou technologique. Tout est mis en œuvre pour que nous puissions encore progresser. Même si avant tout le reste, c’est le champion qui doit progresser. Mais Romain met tellement d’énergie au service de sa volonté de gagner que tout le monde est à fond derrière lui pour lui permettre de passer ce dernier palier.