Ses débuts dans un Grand Tour à 21 ans, Warren Barguil (Argos-Shimano) s’en souviendra longtemps ! Un an exactement après son succès dans le Tour de l’Avenir, le néo-pro découvre sur la Vuelta l’atmosphère propre aux courses de trois semaines. Il a déjà couru de grandes courses par étapes cette saison. Avec des résultats : 18ème du Dauphiné, 17ème du Tour de Pologne. Mais c’est en Espagne que le jeune homme semble s’aguerrir. On l’a vu finir 8ème à Fisterra puis 9ème à Valdepeñas de Jaen. En fait, Warren Barguil était bien parti pour tenir un rang identique à celui occupé au Dauphiné ou en Pologne. Mais le destin en a décidé autrement lorsqu’un empilage massif lundi avant le départ réel l’a directement impliqué. Les genoux touchés, celui qui occupait alors le 19ème rang au général a abandonné près d’une demi-heure.

Lundi soir, Warren Barguil était dépité, mais il n’a jamais été question pour lui de renoncer. Certes, pour une place dans le Top 20 au classement général, il lui faudra repasser. Mais le Breton n’en faisait pas un objectif outre-mesure. Aussi a-t-il profité de la journée de repos puis des deux étapes qui ont suivi pour se refaire la cerise et tâcher de rebondir, aujourd’hui, dans une étape catalane qui fait de l’œil aux baroudeurs. Et comme ils sont légion, entre Valls et Castelldefels (169 km), la treizième étape du Tour d’Espagne s’annonce animée. Il faudra flairer le bon coup dans une course dynamitée d’entrée de jeu et dans laquelle le peloton refuse de jouer un rôle passif. Longtemps, durant près de deux heures courues à 44 de moyenne, il va neutraliser ceux qui posent les fondations d’une échappée.

Il faut insister, et c’est ce que font les dix-huit coureurs qui, enfin, trouvent l’ouverture après 72 kilomètres parcourus. Warren Barguil est de la bonne, comme Mikaël Chérel (Ag2r La Mondiale) et Jérôme Coppel (Cofidis) côté français. Les autres baroudeurs qui composent le groupe de tête sont Camaño, Intxausti, Kiryienka, Marczynski, Martinez, Meersman, Meier, Mollema, Nocentini, Pauwels, Piedra, Santaromita, Scarponi, Txurruka, Vanendert et Zandio. Il y a du lourd à l’avant, mais rien de fait dans la perspective de l’Alto del Rat Penat, l’effrayant mur de 4,3 kilomètres (à 10,6 %) qui se dresse le long de la côte méditerranéenne. C’est la seconde fois après 2010 que la Vuelta s’aventure ici, et autant dire qu’elle y reviendra tant cette difficulté est spectaculaire. Reste que pour qu’elle ait une réelle influence, il faudra rapprocher la ligne d’arrivée.

Jérôme Coppel et Warren Barguil, les Français pèsent sur le final de l’étape.

A 50 kilomètres de l’arrivée, il est présomptueux de vouloir bousculer les favoris dans cette escalade. Mais le naturel rattrape les grimpeurs et voilà Nicolas Roche (Team Saxo-Tinkoff) et Joaquim Rodriguez (Team Katusha), accompagnés par Giampaolo Caruso (Team Katusha), lancés dans un numéro incommode. Si la triplette réussit à se détacher d’un peloton très vite réduit à une vingtaine d’hommes forts, elle sait qu’il lui reste une grosse heure de course à accomplir. Vincenzo Nibali (Astana) le sait aussi. Et c’est la raison pour laquelle le Maillot Rouge ne s’alarme pas. Bien lui en prend. Roche, Rodriguez et Caruso se relèvent après d’inutiles efforts. Le peloton des favoris tout entier lèvera d’ailleurs le pied pour permettre le retour des coureurs attardés, autorisant dès lors l’envol des hommes échappés.

Et les échappés se sont limités aux dix meilleurs après l’ascension de Rat Penat. Désormais il faudra composer avec Beñat Intxausti (Movistar Team), Egoi Martinez (Euskaltel-Euskadi), Bauke Mollema (Belkin), Rinaldo Nocentini (Ag2r La Mondiale), Ivan Santaromita (BMC Racing Team), Michele Scarponi (Lampre-Merida), Amets Txurruka (Caja Rural) et Xabier Zandio (Team Sky), des costauds auxquels se joignent toujours les Français Warren Barguil et Jérôme Coppel. Ce sont ces deux-là, d’ailleurs, qui vont peser sur le final de l’étape, après que Beñat Intxausti ait été retiré de la liste des prétendants à la victoire d’étape sur un virage mal négocié. Jérôme Coppel, d’abord, se lance dans la roue d’Egoi Martinez quand le Basque démarre à 7 kilomètres de l’arrivée, mettant fin à la phase de tergiversation entre les candidats à la victoire du jour.

Mais la détermination qu’affichent Coppel et Martinez est insuffisante pour repousser un retour de leurs compagnons de fugue, qui reviennent à 2 kilomètres de l’arrivée. Aussitôt, Jérôme Coppel repart de plus belle. Barguil, Nocentini et Zandio lui emboîtent le pas, mais c’est Warren Barguil qui va saisir sa chance à l’approche du dernier kilomètre quand un nouveau regroupement est sur le point de s’opérer. Profitant de l’indécision de ses adversaires, le Breton prend un léger avantage. Derrière, la coopération n’y est plus, et c’est les mains sur les cocottes, dans la belle allure qu’il a, que le longiligne grimpeur s’engage dans les 400 derniers mètres ascendants pour se hisser en vainqueur à Castelldefels, où il ouvre son palmarès chez les professionnels. Un an après l’avoir clos chez les amateurs au Tour de l’Avenir.

Demain samedi, on entre dans les Pyrénées entre Baga et Andorre-La Gallina (155,7 km).

Classement 13ème étape :

1. Warren Barguil (FRA, Argos-Shimano) les 169 km en 4h00’13 » (40,1 km/h)
2. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) à 7 sec.
3. Bauke Mollema (PBS, Belkin) m.t.
4. Ivan Santaromita (ITA, BMC Racing Team) m.t.
5. Xabier Zandio (ESP, Team Sky) m.t.
6. Ametx Txurruka (ESP, Caja Rural) m.t.
7. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
8. Egoi Martinez (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
9. Jérôme Coppel (FRA, Cofidis) à 24 sec.
10. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 2’34 »

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 49h29’02 »
2. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 31 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 46 sec.
4. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) m.t.
5. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 2’33 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 2’44 »
7. Ivan Basso (ITA, Cannondale) à 2’52 »
8. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 3’35 »
9. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 3’46 »
10. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 3’56 »

Classement par points :

1. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 98 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 92 pt
3. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 89 pt
4. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 64 pt
5. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Leopard) 61 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 61 pt
7. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 58 pt
8. Maximiliano Richeze (ARG, Lampre-Merida) 56 pt
9. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 53 pt
10. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 52 pt

Classement de la montagne :

1. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 18 pt
2. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 15 pt
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 13 pt
4. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 13 pt
5. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 12 pt
6. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 12 pt
7. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 11 pt
8. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) 10 pt
9. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 9 pt
10. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 7 pt

Classement du combiné :

1. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) 7 pt
2. Christopher Horner (USA, RadioShack-Leopard) 12 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 14 pt
4. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 17 pt
5. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 22 pt
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 31 pt
7. Leopold König (TCH, Team NetApp-Endura) 31 pt
8. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) 33 pt
9. Ivan Basso (ITA, Cannondale) 35 pt
10. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) 51 pt

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 147h40’02 »
2. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 4 sec.
3. Movistar Team (ESP) à 2’29 »
4. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 5’59 »
5. Team Katusha (RUS) à 11’28 »
6. Team NetApp-Endura (ALL) à 11’44 »
7. RadioShack-Leopard (LUX) à 14’23 »
8. FDJ.fr (FRA) à 19’27 »
9. BMC Racing Team (USA) à 22’02 »
10. Team Sky (GBR) à 26’02 »