Peter Sagan signe le douzième doublé mondial

En préservant à Doha le titre mondial conquis un an plus tôt à Richmond, Peter Sagan (Tinkoff) rejoint le cercle réduit des champions du monde multiples. Depuis 1927 et l’organisation du premier Championnat du Monde, onze coureurs avant lui étaient parvenus à prolonger leur bail avec le maillot arc-en-ciel, le dernier doublé remontant à 2006-2007 quand Paolo Bettini avait obtenu la consécration à Salzbourg puis à Stuttgart. A 26 ans, et compte tenu de son énorme potentiel, Peter Sagan a encore de la marge devant lui pour égaler les triples champions du monde Alfredo Binda (1927, 1930, 1932), Rik Van Steenbergen (1949, 1956, 1957), Eddy Merckx (1967, 1971, 1974) et Oscar Freire (1999, 2001, 2004).

Un engouement populaire très relatif…

En se rendant pour la première fois au Moyen-Orient, les Championnats du Monde avaient à cœur de s’écarter des sentiers battus et de poursuivre leur conquête du monde. Mais le Qatar a beau organiser son tour national depuis 2002, la venue en février des meilleurs coureurs du monde n’a pas suffi à dispenser une culture cycliste au richissime émirat de la péninsule arabique, dont l’attribution des grands événements sportifs internationaux est souvent contestée. Dans cette contrée à cent lieues de la chose cycliste, l’engouement populaire aura été très relatif, le désert prolongeant son œuvre jusque dans les rues de Doha. Les Mondiaux à venir (Bergen en Norvège, Innsbruck en Autriche et le Yorkshire en 2019) devraient largement repeupler les routes des Mondiaux.

… mais un scénario à couper le souffle

Si l’on était en droit de s’interroger sur la légitimité d’organiser un Mondial sans autre difficulté que la traversée matinale du désert, sur des routes caniculaires souvent balayées par le vent, le scénario inédit offert par le Championnat du Monde de Doha a fait l’unanimité. Le peloton s’est fracturé à 180 kilomètres de l’arrivée, bien avant le retour dans la capitale où il n’aurait plus été permis de bousculer les nations concentrées sur un sprint massif, ne laissant devant qu’une poignée de costauds parmi lesquels la majeure partie des favoris. Certes, la progression dans les rues désertes de Doha aura été quelque peu lancinante, mais la partie de manivelles offerte par les prétendants au titre jusqu’au sprint final aura tenu toutes ses promesses.

L’équipe de France passe à travers

Obnubilés par l’hypothèse d’un sprint massif, jusqu’à minorer la possibilité d’un coup de bordure lointain dans le désert qatari, les capitaines de l’équipe de France ont été éjectés de la course au titre bien avant la dernière borne. En dépit des mises en garde de Bernard Bourreau, qu’aucun coureur n’a accompagné dans le désert pour reconnaître les dangers éventuels, chacun des deux leaders de l’équipe de France, Nacer Bouhanni et Arnaud Démare, s’est fait surprendre par le coup de force des Belges à 180 kilomètres de l’arrivée. Repoussés l’un comme l’autre dans les bordures, les sprinteurs français n’ont fait qu’illusion. Seul William Bonnet s’est montré suffisamment attentif pour accompagner la bonne et obtenir sa place dans le Top 10, 8ème.

Un podium royal

C’est un podium pour le moins royal sur lequel a débouché le Championnat du Monde de Doha. Sacré en 2015 et donc 2016, le Slovaque Peter Sagan a endossé son second maillot arc-en-ciel entre le Britannique Mark Cavendish (titré à Copenhague en 2011) et le Belge Tom Boonen (sacré à Madrid en 2005). Trois champions du monde sur un même podium, c’est tout simplement du jamais vu dans l’Histoire des Mondiaux, qui célébraient hier leur 83ème édition.