Christian, quelles sont à vos yeux les spécificités de la prochaine édition du Tour de France ?
L’une des caractéristiques, c’est la réunion pour la première fois depuis 1992 des cinq massifs montagneux de l’Hexagone. On aura une étape dans les Vosges, deux dans le Jura, deux dans les Pyrénées, une dans le Massif central et deux dans les Alpes. Au total, nous aurons moins de cols que les années précédentes, vingt-trois, autant qu’en 2011, mais en revanche les pourcentages seront extrêmes. Je pense au Grand Colombier que les coureurs aborderont par sa face la plus abrupte et que certains appellent le « Ventoux de l’Ain » ou encore la « pyramide du Bugey ». Ce col a tout pour devenir l’un des géants du Tour, avec des pentes effrayantes, jusqu’à 22 %. Je n’oublie pas non plus les deux contre-la-montre disposés de part et d’autre du parcours, en ouverture à Düsseldorf et quasiment en fermeture à Marseille.

Le Tour s’engagera à nouveau dans les reliefs auvergnats. Est-ce un massif intermédiaire qui est appelé à être davantage exploité ?
L’Auvergne est une terre de cyclisme depuis longtemps. Nous étions dans le Cantal l’été dernier avec l’arrivée au Lioran, nous serons en Haute-Loire avec le Puy-en-Velay. Et d’autres possibilités s’offrent encore à nous dans les années qui viennent, car si j’ai bien entendu les bruits qui couraient avant la présentation du parcours, on donnait d’autres villes d’Auvergne qui ne sont pas sur le parcours du Tour 2017…

A quel type de coureurs s’adresse le tracé du Tour 2017 ?
Il y a sans aucun doute de la place pour les coureurs audacieux. Pour ceux qui vont essayer, qui vont tenter. Les pentes extrêmes qui seront proposées sur le Tour devraient permettre, je l’espère, à des coureurs de s’échapper et de faire de belles chevauchées. Peut-être pas comme à l’époque d’Eddy Merckx, mais en tout cas de se lancer de plus loin.

Ce parcours s’inscrit dans votre volonté d’inspirer les audacieux. Un vœu que pourrait renforcer une diminution du nombre de coureurs par équipe ?
J’y suis très favorable en effet, comme nombre d’organisateurs. Et c’est ce que nous avons rappelé avec l’Association Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes (AIOCC). Je souhaiterais qu’on engage un coureur de moins par équipe en limitant les effectifs à huit coureurs sur le Tour de France de manière à pouvoir débrider un peu la course. Je conçois parfaitement que, pour beaucoup, seule la victoire est jolie. Mais les fans aiment bien de la bagarre et de l’incertitude.

Parmi les caractéristiques de cette édition, on verra pour la première fois le peloton du Tour de France traverser le Grand Palais…
Voir les coureurs du Tour traverser une salle n’est pas arrivée souvent. Je me souviens que ça avait été fait en 1996 pour le Grand Départ du Tour de France à s-Hertogenbosch (Bois-le-Duc). A l’époque, le prologue partait d’une grande halle. Là, ça va être complètement différent. Nous allons entrer dans un bâtiment créé pour l’Exposition universelle de 1900 à Paris. Les coureurs vont traverser toute la nef du Grand Palais dans le sens de la longueur, sur 240 mètres, pour pénétrer ensuite sur le circuit final des Champs-Elysées. C’est une action tout à fait nouvelle qui participe de notre volonté de mettre en avant les sites choisis par la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques 2024.

Propos recueillis à Paris le 18 octobre 2016.