Ce dimanche 15 mai à Barjac entre Provence et Cévennes s’est déroulée la Route des Helviens. Avec le Challenge Gardéchois, comme pour le challenge Cyclo’Tour, on est dans des organisations à dimension humaine, où l’on se retrouve à moins de 500 sur la ligne de départ (sans doute entre 350 et 400 dimanche dernier) et où, avec des moyens limités en organisation, l’erreur est plus facilement acceptée que sur les grosses machines bien rodées où le cap des 1000 participants est largement dépassé.

L’Espoir Cycliste Nîmois est un club FSGT (une des fédérations dites affinitaires) qui est très actif dans les organisations route mais aussi VTT ou encore cyclathlon. Chaque année l’organisation apporte quelques variantes aux parcours proposés, mais une constante demeure avec le Mont Bouquet en point d’orgue qui est escaladé par différents côtés et sur une partie, comme cette année, ou sa totalité. Pour le reste, on chemine pas bien loin de l’Ardèche, sur les routes qui sont pour une bonne partie celles de l’Etoile de Bessèges du début de saison. Des routes propices aux escarmouches, jamais vraiment plates mais où les forts pourcentages sont remis aux cyclos du mois de juin-juillet. Le point culminant de cette Route 2011 est légèrement supérieur à 500 mètres, c’est dire qu’avec le soleil présent sur la ligne de départ à 9h30, pas besoin de long et même pas de manchettes.

160 et 110 kilomètres étaient proposés aux coureurs venus principalement du Gard et des départements limitrophes dans leur grande majorité, sauf pour les montagnards du team Chamrousse qui ont fait du challenge Gardéchois un rendez-vous de choix et qui frôlent ou dépassent la douzaine sur ces épreuves conviviales qui leur vont bien. Départs par handicaps si l’on peut dire ! Sur les deux parcours, mais à la différence de l’Héraultaise Roger Pingeon, on est dans le double handicap ! C’est-à-dire que l’âge n’est pas compensé par le chronomètre. Les plus âgés doivent donc faire parler leur expérience pour rattraper les cinq minutes de décalage que leur ont pris les plus jeunes donc les plus véloces. Peut-être, compte tenu du nombre d’engagés, serait-il plus convivial de faire partir tout le monde ensemble, car certaines réactions à l’arrivée faisaient état de grands moments de solitude que ce soit sur le petit mais encore plus sur le grand parcours. Le bon côté des choses c’est que chacun peut s’accrocher comme il le peut aux groupes qui reviennent de derrière, histoire de faire jouer la solidarité cycliste entre les générations !

Sur le parcours 110 kilomètres, qui occultait le Mont Bouquet, la course s’est décantée dans les 10 derniers kilomètres, le bon paquet restant longtemps très fourni car le mistral très fort ce dimanche a ralenti les ardeurs à aller de l’avant. Certains s’y sont essayés, mais rien n’y a fait, il a fallu que Benjamin Souchon parte en facteur puis se fasse reprendre par le Vauclusien Bruno Duquenne avant que celui-ci ne le règle au sprint en 3h12’03 ». En 3h30’44 » et en 96ème position, c’est Murielle Bouchet-Linsolas qui gagne chez les féminines tandis que 30 secondes devant se classe le seul tandem de la course, celui des sapeurs-pompiers de l’Hérault, Daniel Dellacherie et Richard Henry. Inutile de dire que dans les descentes, mais surtout mistral de dos, il fallait s’accrocher pour rester dans les roues ! 210 classés au total sur ce parcours.

Côté 160 kilomètres, les départs étaient donnés à partir de 9h30, et pour beaucoup ce parcours a paru long, surtout avec le mistral qui a remplacé la pluie et le froid de 2010, c’est quand même plus apprécié ! Et ça oblige à tenir les roues, bonnes si possible. En 2010, Hervé Gilly avait présumé de la météo, de ses forces et plus sûrement de ses réserves de sucre, il avait caracolé longtemps devant avant de devoir capituler, victime d’une hypo de derrière les fagots !

Il y avait de la revanche dans l’air et les sucres lents des jours d’avant plus les réserves du jour ont rétabli l’équilibre, non seulement alimentaire, mais aussi sportif. La course s’est décantée au bout de 40 kilomètres quand le duo du jour s’est formé pour ne plus se quitter et terminer main dans la main. Un duo c’est toujours mieux qu’une chevauchée en solo, surtout par grand vent, et c’est ainsi que Jean-Luc Chavanon a accompagné Hervé Gilly pour ce périple qui les a vus traverser le Bouquet et toutes communes, dos d’ânes, quilles, relances, etc. roue dans roue et préférer doubler les plaisirs en franchissant la ligne d’arrivée main dans la main plutôt que s’attaquer et se la jouer solo. Le hasard a voulu que Hervé Gilly perde son bidon dans la descente scabreuse du Mont Bouquet. Et si on osait on dirait que Jean-Luc Chavanon a joué les porteurs d’eau. Bel esprit de fraternité entre les coureurs des teams représentatifs de ce qu’est le cyclosport : d’abord et avant tout une partie de plaisir.

32,2 de moyenne, soit bien moins que les vainqueurs du parcours 110 kilomètres, le vent a fait son effet et fatigué les organismes, et 4h58 pour les deux vainqueurs qui méritent d’être classés ex-aequo même si les statistiques des chronométreurs ressortent toujours un vainqueur. Dans le cas présent, c’est la complicité et le bon esprit entre deux gars qui sont de vrais et beaux cyclosportifs, loin, très loin de ceux pour qui « la gagne à tout prix » est le seul leitmotiv. Chez les féminines, en 5h22’24 », Karine Saysset remporte la cyclo et se classe 26ème. 89 classés seulement et pas mal « d’abandons » qui ont bifurqué vers le parcours 100 kilomètres mais ne sont pas classés, comme c’est prévu légitimement.

Les organisateurs ont promis au moment de la remise des prix une édition 2012 parfaite, c’est-à-dire sans pluie et sans mistral, chiche ? Si on y ajoute quelques petites améliorations au plan de la signalisation au sol, de meilleurs indications, notamment aux bifurcations des parcours, des départs communs si possible, on l’a dit, la Route des Helviens renforcera encore ce côté « petite organisation bien sympa où on a plaisir à se rendre ». Finalement, avec des douches à l’arrivée, un repas d’après-course bien sympa (où les organisateurs ont eu la bonne idée de servir dans de vraies assiettes en porcelaine, histoire qu’elles ne s’envolent pas !), on aura plus souffert du pollen des platanes de Barjac que véritablement sur le vélo. A l’année prochaine et bonne route… des Helviens.

Classement 160 km :

1. Jean-Luc Chavanon (Chamrousse TC) en 4h57’55 »
1. Hervé Gilly (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 4h58’00 »
3. Jean-Pascal Roux (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 5h09’30 »
4. Philippe Lepeurien (Corsica ESR20) en 5h09’37 »
5. Alexandre Nuss en 5h12’39 »
6. Ludovic Serret Villeneuve en 5h14’07 »
7. Michel Roux (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 5h10’45 »
8. David Robelain (Apt) en 5h14’21 »
9. Yves Beboul (Côté Vélo) en 5h14’34 »
10. Nicolas Fine (Chamrousse TC) en 5h15’08 »

26 et 1ère féminine. Karine Saysset (Montagnac AC) en 5h22’24 »

Classement 110 km :

1. Bruno Duquenne (Vaison-la-Romaine) en 3h12’03 »
2. Benjamin Souchon (Anduze EC) en 3h12’08 »
3. Nicolas Lorenzato (AVCA) en 3h12’31 »

96 et 1ère féminine. Murielle Bouchet-Linsolas (Isles VC) en 3h30’44 »