Vence, arrivée de la Haute Route 2011. Juste avant de reprendre pour une balade sur le bord de la grande bleue pour finir à Nice, les coureurs du team Scott-Vélo 101-Risoul refont la Haute Route à la terrasse d’une brasserie. Michel Roux déguste une bonne glace, plus que méritée. A 48 ans, en 2009, il a stoppé le vélo pour se mettre au trail. Avec pas mal de réussite d’ailleurs. Pour 2011, son ambition était d’allier les deux, vélo et trail, mais musculairement ça ne l’a pas fait, alors l’homme de Digne-les-Bains a rebasculé pour le vélo. Le vélo plaisir, comme il nous le disait en novembre dernier. Résultat ? Une première victoire au scratch alors qu’il a basculé dans les quinqua, grand respect à ce champion d’une très grande modestie.

Michel, dans quel état d’esprit étais-tu avant le départ de la dernière étape de la Haute Route ?
Beaucoup plus serein qu’au départ de l’avant-dernière, beaucoup plus ! J’ai vu que j’avais gardé mes six minutes d’avance pratiquement, j’ai fait une très bonne montée du col de la Bonette-Restefond. J’ai bien récupéré dans l’après-midi puis dans la nuit et je suis parti serein à l’assaut de la dernière étape. Je suis peut-être même trop parti la fleur au fusil. Il a fallu que je me reconcentre parce que rien n’était encore fait avant la ligne d’arrivée. Mais j’étais confiant, comme si je partais pour une cyclo d’un jour, avec une grosse difficulté et l’objectif de rester dans le groupe de tête. Et tout s’est bien passé.

Tu es le premier à inscrire ton nom au palmarès de la Haute Route, ça a une saveur particulière ?
J’aime bien remporter les premières ! J’ai plusieurs fois inscrit mon nom au palmarès de cyclos qui étaient des premières. Beaucoup de gens ont été épatés du fait qu’à 50 ans je gagne une cyclo par étapes sur sept jours. Ma foi, je reste jeune dans ma tête, je ne me suis pas rendu compte que j’avais basculé du côté des quinquagénaires. J’ai repris le vélo cette année avec pour objectif les Fondus de l’Ubaye en juin. Ça m’a mis la carotte pour m’entraîner. J’ai refait de longues sorties en mai et j’ai repris énormément de plaisir à faire du vélo, pratiquement comme à mes débuts. S’il y a du plaisir, c’est forcément que la forme revient, et ça devient un cercle vertueux. Me voilà redevenu un coureur cycliste qui pédale dans l’allégresse et qui fait de bons résultats.

Le franchissement de la ligne d’arrivée à Nice a-t-il suscité une émotion particulière ?
Sans plus. Ça s’est joué au sprint entre les deux premiers et j’avais une vingtaine de secondes de retard sur eux, si bien que j’étais un peu seul. J’ai quand même lâché le guidon et poussé un cri pour chasser toute la pression et l’adrénaline. Mais sans plus. Quand je me suis retrouvé seul pour me rincer, j’ai même eu un sentiment de tristesse lié à la fatigue qui s’est installée, à la pression qui retombe, la joie d’avoir remporté la course. C’est un drôle de cocktail.

Ça veut dire que tu serais parti pour sept jours supplémentaires ?
Oh non je suis bien content de terminer ! Sept jours de montagne, c’était quand même dur. Il y a eu de la fatigue, de la tension pour le classement général… J’ai fait une belle étape au Galibier où j’ai pris beaucoup d’avance avant de perdre neuf minutes deux jours après à Pra Loup. Il restait deux grosses étapes avec des cols et de la vallée derrière. Je devais faire très attention, et ce jusqu’au dernier jour. Je suis donc bien content de terminer même si le cocktail d’émotions est un peu bizarre.

Quel est le col qui t’a le plus marqué ?
L’enchaînement Télégraphe-Galibier, dans l’étape marathon, c’est là où j’ai lancé mon attaque. J’ai fait une très grosse montée du Télégraphe, je suis resté en prise dans le Galibier. Ma victoire sur cette étape restera dans ma mémoire. Le plus dur en revanche aura été le col d’Izoard. J’ai à tout prix voulu rester dans le groupe de tête. J’ai fait les 10 kilomètres le couteau sous la gorge, si bien que je n’ai pas pu suivre dans le col de Vars qui suivait.

Tu connaissais déjà le Jeantex Tour Transalp, tu as découvert cette année la Haute Route, quels parallèles traces-tu entre ces deux événements ?
Pour une première, il y a peu à redire sur l’organisation de la Haute Route. Au Jeantex ils sont rodés et ont beaucoup de moyens. Ils ont l’expérience mais les Français se sont très bien débrouillés, notamment au niveau de la sécurité, avec énormément de personnes à chaque croisement. Il y a bien sûr des choses à améliorer, comme la catégorie Duo qui à mon sens devrait tenir compte du temps de l’équipe plus que des temps cumulés, mais il ne faut pas forcément faire la comparaison avec le Jeantex. Chacun fait l’organisation comme il la voit. La météo a beaucoup joué aussi. On a profité d’une semaine excellente pour la fin du mois d’août, ça y fait énormément.

Propos recueillis à Vence le 27 août 2011.