Les 24 dernières heures ont permis au Mont Ventoux de trouver sa Géante. Son nom ? Stéphanie Gros. Sur les coups de 5h30 hier matin, la Francilienne est partie à l’assaut du record du monde de dénivellation positive en 24 heures. 1440 minutes ou 86 400 secondes plus tard, la cycliste soutenue par le département du Val de Marne et la réserve parlementaire de la députée écologiste Laurence Abeille a atteint son but. Le compteur affiche précisément 14 612 mètres de dénivelé positif, record explosé sur les rampes du Ventoux, entre le Virage de Saint-Estève et le Chalet Reynard pour, approximativement 876 mètres de dénivelé par montée. Sortez les calculettes, c’est donc l’équivalent de neuf montées complètes du Ventoux (1612 mètres de D+ à lui seul de Bédoin au sommet), en l’espace de 24 heures !

Bien sûr, Stéphanie a faibli entre sa première montée réalisée tôt hier matin et la dix-septième qu’elle n’a pas achevée bien qu’elle aurait pu le faire avec 1h30 de marge au moment où elle l’a commencée. Mais le physique comme le moral n’ont jamais lâché. La cycliste du Val de Marne est un modèle de régularité avec des montées toujours réalisées entre 57 et 65 minutes ! Le tableau de marche fixé a été entièrement respecté et c’est bien la preuve que Stéphanie Gros connaissait à la fois ses capacités et ses limites. Seule la nuit froide du Géant de Provence aura limité la cycliste du Val de Marne, plutôt dans les descentes (qu’elle faisait à vélo) et pour se changer, que dans les montées à proprement parler.

Nul doute que la tentative fera des émules. Vous avez été en tout cas nombreux à la suivre sur Vélo 101 et sur notre page Facebook. Mais s’il y a une personne qui a particulièrement suivi sa progression, outre le personnel qui l’entourait et la voiture Mavic qui l’a suivie, c’est bien Betty Kals. Et pour cause, la cycliste belge était jusqu’alors détentrice de ce record. Elle n’a pas tardé à annoncer sa tentative prochaine. « Maintenant que la barre est placée plus haute, je peux enfin vous annoncer que cette année sera l’année de mon nouveau record, annonce Betty Kals sur les réseaux sociaux. Cette année, j’avais déjà envie de surpasser mon record personnel, cette nouvelle performance me donne une motivation supplémentaire. » En attendant, voici les premières impressions livrées par la nouvelle détentrice de ce record, Stéphanie Gros.

Stéphanie, des seize montées que tu as réalisées, laquelle a été la plus particulière ?
Les deux dernières ont été dures. Le dernier kilomètre qui est normalement le plus facile est devenu très difficile avec le vent. Heureusement, mon mari Cédric Laurent qui m’accompagnait depuis le départ est venu me tenir compagnie. Stéphanie Roux (NDLR : à qui l’on doit la formule le Géant trouve sa géante, rendons à César ce qui appartient à César) en a fait une avec moi juste avant la tombée de la nuit.

Il te restait 1h30 pour terminer ta dix-septième montée. Le physique a commencé à lâcher ?
Assise, je commençais à avoir mal au dos, en danseuse, j’avais mal au genou. Ça commençait à être difficile à gérer. La tête disait de continuer et de terminer celle-là. Je m’étais fixé comme objectif de ne faire que cinq kilomètres sur la dix-septième. C’était ce que nous avions fixé si tout se passait bien. On en a fait seize et demi, on n’en était pas loin (elle rit). Nous ne savions pas non plus qu’il fallait revenir au point de départ au bout des 24 heures. Pour officialiser le record, je devais m’arrêter à une borne. Il n’y en avait pas au quatrième kilomètre ni au septième. Je voulais donc m’arrêter au cinquième. C’était la moitié, et ça me permettait de faire les photos avant de redescendre.

Avant de t’attaquer au record hier matin, tu t’étais pourtant évanouie !
Je ne me rappelle pas de grand-chose, j’en garde juste une bosse derrière la tête. C’était sans doute un malaise vagal. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, mais ce n’était pas super pour commencer la journée.

Comment as-tu géré ton alimentation au cours de ces 24 heures ?
J’ai essayé de manger des barres et des sandwiches au début, mais à partir d’une dizaine d’heures, seules les choses liquides parvenaient à passer. J’avais des gels salés et des gels sucrés. La soupe m’a fait du bien la nuit. Je mettais aussi pas mal de malto dans les bidons.

Penses-tu que cette tentative va en générer d’autres ?
Les records sont faits pour être battus. A la prochaine de tenter sa chance pour le battre ! Personnellement mes prochains objectifs seront sur les 3 Ballons, la Morzine, la Marmotte, les Championnats de France UFOLEP, même si le parcours ne me convient pas trop, et les Championnats de France Masters à Risoul qui eux me conviendront bien.

Propos recueillis le 25 mai 2016.