Gregory et Christophe, vous intervenez en tant que coachs au Kilomètre 0. Quel a été votre parcours jusqu’alors ?
Christophe Gouyon : J’ai 30 ans et j’ai toujours pratiqué le vélo. J’ai passé mon Brevet d’Etat à 20 ans pour devenir entraîneur. J’ai fait mes classes au CM Aubervilliers 93 avant d’aller d’équipe en équipe : le CC Nogent-sur-Oise, le BIC 2000, le Guidon Chalettois… A l’heure actuelle, je suis toujours entraîneur et directeur sportif du Team Peltrax-CS Dammarie-lès-Lys. J’encadre également les créneaux ouverts au public au Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Gregory Mollet-Vieville : Personnellement j’ai monté Bonk il y a bientôt quatre ans après avoir passé une vingtaine d’années à faire du conseil en investissement. Un jour, j’ai eu envie de changer d’environnement professionnel, de me lancer dans l’entreprenariat, et d’essayer de vivre de manière plus proche et régulière ma passion pour le sport et en particulier le vélo, que je pratiquais en loisir le dimanche. En 2012, je me suis lancé le défi de disputer la Cape Epic et pour cela j’ai fait appel pendant huit mois à un coach à distance. J’ai alors découvert l’univers de la préparation physique et l’approche qualitative de l’entraînement. En rentrant de la Cape Epic, je me suis lancé en créant Bonk, un nom qui vient de l’anglais et désigne, dans l’endurance, une défaillance énergétique du corps.

Comment définissez-vous la méthode Bonk ?
Gregory Mollet-Vieville : Bonk, c’est avant tout une philosophie : shape your life (façonnez votre vie). Pour trouver un bon équilibre de vie, il faut prendre soin de soi. Nous considérons que la pratique sportive fait partie des axes importants pour trouver ce bon équilibre et se sentir bien dans ses baskets. Il s’agit d’une approche globale : du cardio essentiellement sur le vélo, du renforcement musculaire avec la dimension gainage, et de la nutrition, abordée non pas comme un régime alimentaire mais comme une intégration des bonnes habitudes pour acquérir une certaine hygiène alimentaire qui, sur le long terme, influencera de manière positive sa pratique sportive et sa santé. Ce sont nos trois piliers.

Vous êtes avant tout partenaires du Kilomètre 0 ?
Gregory Mollet-Vieville : C’est cela. Guillaume de la Hosseraye, le fondateur du Kilomètre 0, est un ami. En échangeant sur son projet il y a un an, nous avons pris conscience de l’intérêt de rapprocher nos compétences. J’avais déjà développé cette expertise du coaching et de la préparation physique, avec le vélo au cœur du dispositif. Et aujourd’hui nous sommes très contents de la manière dont les choses se passent. Je ne suis pas coach à proprement parler mais j’ai une certaine capacité à comprendre ce que les gens recherchent pour leur apporter une réelle valeur ajoutée. Christophe et moi partageons ces valeurs et nous avons aussitôt eu envie de travailler ensemble et de privilégier l’optimisation : en faire moins mais en faire mieux.

Quel est aujourd’hui le profil de votre clientèle ?
Christoph Gouyon : Ce qui est intéressant, c’est que nous avons toutes sortes de profils. Ça va du triathlète qui prépare un Ironman au cyclo qui veut juste prendre du plaisir le dimanche avec ses amis, en passant par le compétiteur qui veut performer en course sans avoir trop de temps à consacrer à l’entraînement. Nous avons même des novices qui ont acheté leur premier vélo ici et que nous accompagnons dans le but de développer leurs capacités physiques. Notre public est urbain et nos horaires adaptés. Nous enchaînons deux séances d’une heure, 7h00/8h00 et 8h00/9h00 le mardi et le jeudi, 7h30/8h30 et 8h30/9h30 le mercredi et le vendredi. Le reste de la journée, du mardi au vendredi, nous faisons 12h00/13h00 et 13h00/14h00, puis 18h30/19h30 et 19h30/20h30.

Comment se décompose une séance d’une heure ?
Christophe Gouyon : Elle se décompose en deux grosses parties : 45 minutes sur le Wattbike ou sur le home-trainer (10 minutes d’échauffement, 30 minutes de corps de séance avec des thèmes spécifiques comme le seuil, la PMA, la vélocité etc., 5 minutes de retour au calme), puis 15 minutes de renforcement musculaire, de gainage et d’étirements. Chacun peut observer ses données retransmises instantanément sur un écran, notamment la puissance, la cadence et la fréquence cardiaque pour les utilisateurs de Wattbike.

Comment intervenez-vous auprès d’un public dont le niveau peut être très disparate ?
Gregory Mollet-Vieville : D’abord, il y a les compétences du personnel qui enseigne au Kilomètre 0. Ensuite, chacun dispose d’une ceinture cardio qui nous permet de nous assurer que les données recueillies correspondent aux consignes passées. Nous réalisons, parmi nos prestations, des bilans de pédalage et des tests de PMA, dont la combinaison donne une formule diagnostic. A partir de là nous pouvons accompagner nos élèves dans la préparation de leur objectif, quel qu’en soit la nature, avec différents types d’accompagnement. Ça peut être un plan d’entraînement générique, sur lequel on a longuement réfléchi avec des pointures de la prépa physique ou du monde des athlètes de haut niveau. Ça peut être aussi du coaching personnalisé, sur une période minimale de trois mois, avec création d’un programme qui correspond aux attentes, besoins et contraintes de la personne.

La notion de personnalisation n’est-elle pas un peu galvaudée ?
Gregory Mollet-Vieville : Il est vrai qu’aujourd’hui cette notion a pu perdre son sens avec le coaching en ligne dit personnalisé. Nous, nous attachons une grande importance à cette notion de personnalisation. On veut savoir à qui on s’adresse, quelles sont ses envies, quelles sont ses pratiques, pour proposer quelque chose qui lui corresponde vraiment.

Quid du public féminin ?
Christophe Gouyon : Nous avons 20 % de femmes au Kilomètre 0, souvent des triathlètes, et la tendance est à se développer. Nous visons clairement le 50/50. Chez nous, tout est individualisé. Chacun travaille la même chose mais dans ses zones, ce qui permet de progresser à son rythme.

La clientèle du Kilomètre 0 peut venir se challenger sur des défis ludiques. Quelles en sont les grandes lignes ?
Christophe Gouyon : Le but est de définir la puissance et la cadence de pédalage maximales de chacun et de parcourir la plus longue distance sur 10 minutes. C’est un enchaînement de huit sprints avec départs arrêtés, départs lancés, avec ou sans résistance, pour déterminer les valeurs que nous souhaitons obtenir. L’un de nos adhérents a tourné les jambes à 200 tours/minute, c’est le record, pour une puissance de 1600 watts. Sur les 10 minutes, le record est détenu par un triathlète avec 7,880 kilomètres.
Gregory Mollet-Vieville : L’idée, c’est de joindre l’utile à l’agréable. D’en savoir un peu plus sur son potentiel, ses capacités, ses axes de développement. Le tout dans un environnement fun. Ces petits concours sont très viraux. Les gens viennent entre copains, ça crée une animation sympa et c’est en outre un bon support de communication sur les réseaux sociaux.

Vous proposez également un service de nutrition. Sous quelle forme ?
Gregory Mollet-Vieville : Sous la forme d’un suivi personnalisé sur trois mois, toujours dans le cadre d’une pratique sportive. Nous travaillons avec une nutritionniste sur trois cycles d’un mois : détoxination, reminéralisation, vitamines. En amont de cette période, un questionnaire en ligne est rempli et analysé par la nutritionniste, qui débriefe avec le client. Chaque mois, ce dernier reçoit une fiche détaillée sur les bonnes habitudes à mettre en place au cours du mois suivant. On utilise généralement un complément alimentaire au cours de ces phases. Nos clients bénéficient d’une énergie nouvelle qui les aide sur le vélo mais aussi dans leur quotidien.

Finalement, vous vous inscrivez dans une démarche très différente de celle des salles de fitness traditionnelles ?
Christophe Gouyon : Totalement. Nous sommes dans une démarche d’optimisation et de perfectionnement. On pédale dans un but bien précis, avec un objectif clair et net. Nous voulons accompagner chacun à prendre du plaisir et à pédaler correctement.
Gregory Mollet-Vieville : Il y a un vrai échange entre le coach et l’élève. Dans un club de fitness, bien souvent on ne sait pas quel est votre passé sportif, si vous avez des contre-indications… Nous, nous voulons aller plus loin dans la personnalisation, savoir à qui nous nous adressons pour adapter l’intensité de la séance au profil de chacun.