Guillaume, avant de devenir le patron de Kilomètre 0, quel a été ton passé ?
Je suis issu du monde de la communication. Sur le finish de ma vie professionnelle, j’avais envie de travailler dans le vélo. Je m’y suis collé avec un grand bonheur il y a six ans. En matière sportive, je me définis comme un épicurien du sport, j’ai toujours fait du vélo depuis tout petit. Quinze bornes pour aller me baigner puis une vingtaine pour faire des tournois de tennis en Bretagne. J’ai toujours fait plusieurs sports à la fois, mais j’ai toujours fait du vélo. D’ailleurs, mon parcours professionnel m’a conduit à travailler pour Carrefour à Créteil. J’ai demandé à travailler au rayon sport, c’était le premier hyper marché de France à vendre des VTT.

Quelle est l’origine de l’appellation Kilomètre 0 ?
Kilomètre 0, ça veut dire prendre le bon départ et beaucoup d’autres choses : avoir du bon matériel, le réparer ou le faire réparer, le réviser, peut-être en acheter et l’adapter à qui nous sommes et à notre pratique. Si nous nous définissons comme un camp de base, cela veut aussi dire que nous y trouvons des experts, qu’ils soient de la boutique ou qu’ils soient clients, car il y a beaucoup d’échanges. On bénéficie des expériences des uns et des autres.

Kilomètre 0 s’est-il inspiré de ce qui se fait à l’étranger ?
Oui, il existe des Rapha Café à Londres, le Mellow Johnny’s de Lance Armstrong aux Etats-Unis. Je savais que ça existait, je suis allé à Londres pour voir ce qui s’y passait. J’ai également contacté d’autres personnes présentes sur place pour me faire des comptes-rendus sur ce sujet.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans cette aventure alors que l’avènement d’Internet et des grandes surfaces spécialisées met en péril l’activité de revendeur ?
L’un des principes de base de Kilomètre 0 est de réunir toutes les communautés de vélo. Il faut décloisonner les disciplines et proposer du vélo de route, du VTT ou encore du vélo urbain. Il faut créer des endroits ou l’on vit et c’est notre ambition. Si on aligne simplement les vélos pour les vendre, on sera plus cher qu’Internet et l’on aura perdu la bataille. En revanche, si on sélectionne des vélos et que l’on sait pourquoi on les a sélectionnés, on peut orienter un client vers tel ou tel vélo en fonction de sa morphologie, sa pratique, son envie et son budget. On a alors un réel métier de conseil passionnant et qui a une vraie signification pour le cycliste.

Vous n’avez donc pas de service de vente en ligne.
Oui, c’est un choix délibéré. La vente en ligne est un métier. J’ai envie de bien faire le mien sur le point de vente, sur le lieu de vie animé en structurant bien l’accueil des passionnés ou des débutants qui viennent au Kilomètre 0.

Chez Kilomètre 0, adoptez-vous une attitude différente selon que le vélo ait été acheté chez vous ou chez un de vos concurrents, voire sur Internet ?
Nous ne faisons pas de ségrégation. C’est clair et net. Les prix horaires sont affichés, on facture simplement le travail. Un dentiste vous soignera même si une dent a été soignée chez un autre confrère. C’est la même chose pour nous.

Kilomètre 0 est implanté dans le 17ème arrondissement de Paris, rue des Acacias. Cet emplacement n’a pas été choisi par hasard.
Nous sommes à côté de la Porte Maillot et de la rue de la Grande Armée. C’est le quartier historique du vélo à Paris. Nous sommes également à proximité du bois de Boulogne et on peut facilement aller rouler à Longchamp. Les Parisiens qui aiment le vélo ont tendance à se masser dans l’ouest-Parisien quand ils le peuvent, pour sortir rapidement de Paris pour faire du vélo.

Comment définirais-tu la clientèle de Kilomètre 0 ?
Des amoureux du vélo. Nous sommes assez route, car nous sommes principalement issus de ce milieu. Notre emplacement fait également que nous avons une clientèle qui s’intéresse aux vélos urbains et aux vélos électriques. Nous vendons également des VTT et quelques projets vont naître dès janvier pour développer cet univers. Nous sommes marqués premium, mais nous restons très ouverts et je tiens à ce qu’on le reste. Nous avons tous les copains coursiers qui viennent ici. Nous leur offrons un café sur présentation de leur carte. Deliveroo a fait son kick-off meeting chez nous. Nous avons une clientèle de grands patrons, d’avocats, mais aussi des femmes. Nous avons structuré une offre pour elles. Ludivine Dubois est là pour les conseiller. C’était notre volonté pour toucher le public féminin. Il s’avère que nous avons trouvé une perle rare, qui soit à la fois à la mécanique et à la vente.

Comment est venue l’idée de développer un atelier minute ?
Il n’est simplement pas acceptable de recevoir un client avec un pneu crevé et de lui demander de repasser dans trois semaines, car aucune place n’est libre à l’atelier. Il y a un hiatus et la solution a été de développer cet atelier minute. Il faut le prévoir dans le fonctionnement du lieu et dans son investissement.

Cette notion de lieu de rendez-vous est-elle quelque chose que vous souhaitez développer ?
Tout à fait, ça fait partie de notre ADN, nous avons pensé comme cela dès le départ. On veut être un lieu de vie où on peut prendre un café par exemple. On sera le point de départ de ride, de voyages. Nous aurons des dossards à retirer. Notre objectif est d’apporter des services aux cyclistes, y compris pour les étrangers pour qui Paris est une place centrale.

Avez-vous vocation à fonder d’autres Kilomètre 0 dans les prochaines années ?
Si nous arrivons à faire en sorte que cet endroit vive correctement, nous aurons d’autres développements oui. Il y en aura peu, car il est impossible d’en avoir partout. En Europe certainement, dans d’autres villes françaises, sans doute. Nous avons également envie de développer encore plus de services. Tant que l’on trouvera de nouvelles pratiques, on avancera et on proposera des services pour aider les cyclistes à bien vivre leur passion.