Avec le rachat de Sport Organisation par Golazo, le Grand Trophée a migré de la France vers la Belgique. L’Epervier, lui, d’un coup d’aile, a posé ses griffres non plus à Cogolin mais à Saint-Tropez. Il ouvre toujours le Grand Trophée d’une belle manière mais au pays de BB et du génialissime Initial BB, on transcrira le premier B par un Bof.

Saint-Tropez et le vélo ? Bof. Un lieu de départ placé sur le port, où les yachts jouent à celui qui a le plus gros, où le café dans un mini-bar est à 11 euros, et où les parkings sont à 15 euros la demi-journée (arrivée à Gassin !). Aucune marque de l’épreuve n’est affichée en ville, la tente d’inscription est placée en bout du bout avec une file d’attente dehors (on fait comment s’il pleut ?) et les gendarmes de Saint-Tropez, non, les policiers municipaux, sont au nombre fantasmagorique de deux !

Décidément, le vélo et Saint-Tropez font deux. Et à trop vouloir surdimensionner notre sport, on se trompe d’objectif. Il y a pas mal de jolis petits villages aux alentours qui seraient sûrement ravis d’accueillir un village de partenaires, des animations, de la convivialité, bref tout ce qui fait le charme des cyclos tout au long de la saison, à commencer par la Provençale ou la Lozérienne pour les prochains rendez-vous.

Cette entame mise à part, dès 8h00 pour le grand parcours (165 km), on s’est franchement régalés sur ce tracé pas mal revisité qui ne laisse jamais un moment de répit. Des bosses et des descentes sinueuses, sans arrêt, des cols sans discontinuer, des vues sur la mer au début et à la fin sur notre gauche. Tout ça avec un soleil magnifique. Le temps d’un dimanche, c’était déjà l’été, tout le monde était en court ou presque. Sur les 4h30 pour les meilleurs et jusque plus de 8 heures pour d’autres, on ne s’est jamais ennuyés sur ce terrain de jeu varié.

Les paysages offrent des vues superbes sur la mer, notamment dans le col de Canadel (269 mètres) au kilomètre 39, puis sur le massif des Maures dans le col du Barral ou du Babaou. On imagine les sangliers, les châtaignes et le miel qui va avec, et le tour est joué. Bascule sur Collobrières (km 77) qu’on aime tellement qu’on va lui rendre visite deux fois, après les cols Notre-Dame des Anges (où des démons, selon), 10 kilomètres dans la forêt sur du macadam qui ne rend pas. L’avantage ? Une route du bout du monde où il n’y a pas de voitures ! Puis le col des Fourches, de Taillude, avant de basculer sur Grimaud où bifurquent les deux parcours. On a affaire à des cols jamais très hauts, 700 mètres maxi, mais il faut constamment relancer pour rester dans l’allure, tout ça sous des paysages à rêver de vacances !

Pour le grand parcours, Grimaud est le début de la remontée vers La Garde-Freinet, route large, jamais vraiment de pourcentage, mais ça monte toujours et le vent s’est levé progressivement, surtout pour les plus de cinq heures ! Ensuite, Le Plan-de-la-Tour par le col du Vignon, et enfin le col du Reverdi à 184 mètres, mais après bien plus de 2000 mètres de dénivelé et avec le vent qui s’est bien levé. On approche du final, de la mer, qu’on va retrouver à notre gauche. Ça sent les fruits de mer qui vont bien avec le riz et le pays du flamenco pour faire la paëlla. Il n’y a qu’à se dépêcher pour bien l’apprécier (et c’est vrai qu’elle était fameuse et copieuse), histoire de récupérer plus vite.

Le final se fait au milieu des vignes et des côtes de Provence qui récompenseront les meilleurs. Direction Gassin et son final tortueux, histoire que la photo-finish ne chauffe pas trop. Au passage, pas la peine de rajouter un pétard sur 30 mètres comme chez les pros, là où il y a des volontaires pour pousser les coureurs après la ligne d’arrivée, vous situez ? Sur une cyclo, non merci, pensez à ceux qui finissent tant bien que mal : l’arrivée 30 mètres plus bas, ça fait pareil !

Un second B comme bémol, comme le vainqueur du grand parcours. Que vient faire un pro dans le classement d’une cyclosportive ? On souhaite à Rémy Di Gregorio de lever les bras à Gassin, mais dans sa cour, celle des pros, pas dans celle des mères et pères de famille qui bossent 35, 40, 45 heures par semaine. Cela évitera le ridicule des commentaires entendus devant le podium par ceux justement qui sont floués par la présence de pros qui pèsent sur la course. Thomas Rostollan ici, ou Julien El Farès sur les Boucles du Verdon l’ont bien compris : les pros sont les bienvenus sur les cyclos, mais chacun sa place et ils n’ont pas à peser sur la course. Simple, non ? Messieurs les organisateurs, vous avez aussi une responsabilité dans ce ce choix de les classer ou non.

Parlons des filles, elles en valent bien plus la peine. Podium royal sur le grand parcours. A ma droite, 2ème au scratch, Manon Testou en 5h24’55 », à ma gauche Stéphanie Gros en 5h25’26 » et au centre, la plus haute marche du podium pour Laurence Reviglio qui gagne en 5h19’17 ». Ça s’est joué à pas grand-chose, bravo à elles et à Laurence que vous retrouvez cette semaine sur Vélo 101, elle vient d’Antibes et fait du vélo depuis cinq ans seulement, ça promet.

Sur le petit parcours, 132 kilomètres tout de même, Jean-Philippe Valenti s’impose en 3h52’40 » devant Romain Wolkowicz et Quentin Melon. Magdalena De Saint-Jean 26ème du scratch s’impose chez les filles en 4h10’40 ».

En conclusion de ce très beau week-end, on soulignera que 1050 concurrents se sont donné rendez-vous, parmi lesquels beaucoup d’étrangers, d’Italiens, d’Anglais, de Belges, de Hollandais, d’Américains même. Le charme de la Côte d’Azur, sûrement. Prochains rendez-vous du Grand Trophée, la Bourgogne Cyclo et le Challenge Vercors, disputé sur une seule journée cette année.

Classement 165 km :

1. Rémy Di Gregorio en 4h27’45 »
2. Michiel Minnaert en 4h31’26 »
3. David Polveroni en 4h31’36 »
4. Robin Baze en 4h31’45 »
5. Stefano Sala en 4h31’53 »
6. Nicolas Thomas en 4h33’51 »
7. Jeremy Brunello en 4h38’23 »
8. William Turnes en 4h39’10 »
9. Arno De Wispelaere en 4h40’21 »
10. Rodolphe Lourd en 4h40’28 »

94 et 1ère Dame. Laurence Reviglio en 5h19’17 »

Classement 132 km :

1. Jean-Philippe Valenti en 3h52’40 »
2. Romain Wolkowicz en 3h59’16 »
3. Quentin Melon en 3h59’17 »

26 et 1ère Dame. Magdalena De Saint-Jean en 4h10’40 »

La témoin Vélo 101… Laurence Reviglio

Laurence, quel est ton parcours ?
Je fais du vélo depuis deux ans. Je vis à Mandelieu et suis mère de deux enfants. J’ai commencé par faire des raids aventures. J’ai pratiqué le VTT, la course à pied, avant de me mettre au vélo progressivement avec mon mari, qui pratique le triathlon. J’avais déjà réalisé l’an passé le grand parcours de la Granfondo Gassin Golfe de Saint-Tropez.

On compte toujours trop peu de présence féminine sur les cyclos, comment l’expliques-tu ?
C’est assez difficile de courir avec les hommes car on n’arrive pas toujours à tenir le rythme sur la longueur quand, parfois, ça roule à 45/50 km/h. Pour les filles, ce n’est pas évident, et on finit souvent par se retrouver seules sur des portions de plat. C’est assez usant et ça peut à la longue décourager des femmes de participer à une cyclosportive.

Quelle va être la suite de ton programme ?
Je n’ai pas encore trop défini mon programme, mais je vais sans doute faire des cyclos de montagne comme la Mercantour. Je suis plutôt grimpeuse, je me sens à l’aise dans les montées, en revanche je ne suis pas très à l’aise dans les descentes. Mon club organise la Lazaridès début mai et je pense aussi en être. On verra ensuite en fonction des disponibilités.