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Ludovic, le cyclosport tu es tombé dedans, comment ?

C’était il y a 19 ans en 2000… via un mélange de pratique, passion du cyclisme et stage au sein de l’agence qui organisait à l’époque l’Arvan Villards.

Aujourd’hui, tu es à mi-chemin entre les grosses organisations et les associations, tu vis de cette activité d’organisateur ? Toi ? Combien d’autres personnes ?

Oui j’en vis. LVO est une agence d’événementiel à taille humaine qui compte 4 salariés permanents. Aujourd’hui, la majeure partie de notre activité est l’organisation d’épreuves VTT, trail et triathlon. Cela représente plus de 50 %. Le cyclosport représente quant à lui 30 % de l’activité de l’agence. Les 20% restant viennent des prestations de chronométrage que nous développons de plus en plus.

Qu’est-ce que tu envies aux grosses organisations type ASO / Golazo ou même l’Ardéchoise ?

Je les admire avant tout pour le nombre de personnes qu’ils réunissent sur les épreuves et la puissance des rêves qu’ils procurent. C’est magique de faire rêver autant de monde. Nous, les organisateurs, nous sommes en quelque sorte des vendeurs de rêve. Un rêve qui est créé autour d’une PASSION et des valeurs du sport mais aussi du partage, de la joie, du terroir… Quand je vois sur une Ardéchoise, autant de partage entre participants / habitants / bénévoles et organisateurs. J’en reste bouche bée et admiratif.

Notre métier est de donner du plaisir aux pratiquants, les faire rêver au travers d’une épreuve, d’un défi, d’une performance… Personnellement, je suis heureux quand je perçois de la joie et du rêve dans le regard de nos participants.

A l’opposé, qu’est-ce que tu penses avoir perdu comparativement aux associations pures et dures qui font le lot des épreuves cyclos en France ?

Je pense qu’il ne faut pas mettre en opposition les grandes épreuves de masse et les petites associations avec des épreuves plus modestes en nombre de participants. Bien au contraire, cette différence est une richesse. C’est la richesse de notre discipline. Aujourd’hui, un cyclo peut choisir de se faire plaisir sur une épreuve à 200 participants ou une à 10 000 participants. Il a le choix et c’est une chance.

Chacun peut ainsi profiter des épreuves en fonction de ses attentes en termes de : parcours, dénivelé, nombre de participants, routes ouvertes ou fermées….

Depuis que tu es dedans, comment as-tu vu évoluer le cyclosport ?

Je dirais que je ne le vois pas assez évoluer comparativement à l’évolution de certains sports comme le triathlon par exemple… J’aimerais parfois redonner un coup de jeune et souffler un vent de fraicheur sur notre discipline… Mais n’oublions pas que nous sommes dans le « cyclisme traditionnel » comme l’indique notre intitulé fédéral… On a vu apparaitre ces dernières années des formats différents, chrono des montées uniquement, cyclos à étapes. Mais au final on s’aperçoit que ces nouveaux formats ne font pas l’unanimité dans le noyau des purs cyclo sportifs, tout du moins en France. Ces formats ont l’avantage de toucher une cible nouvelle et différente.

Ludovic Valentin en ITWLudovic Valentin en ITW | © Vélo 101

Comparativement à l’Italie par exemple, qu’est-ce que tu leur envies ou, au contraire, est bien content de ne pas connaître ?

La ferveur… toujours pareil. En Italie, on voit une ferveur énorme sur les cyclos. Mais à contrario, cette ferveur aboutit au fait que les épreuves deviennent de véritables courses sur route sur lesquelles on perd les vraies valeurs du cyclo sportif.

Tu travailles sur d’autres sports : VTT, raids multisports, …qu’est-ce que le cyclosport pourrait emprunter à ces disciplines ?

Le dynamisme et l’adaptation aux nouvelles tendances sociétales. Je m’explique. En triathlon par exemple, la fédération reste dans son développement traditionnel d’épreuve (distance S / M et L) et à côté des marques ont été développées pour s’adapter aux tendances sociétales et/ou télévisuelles. Ironman a créé sa tournée mondiale avec des championnats du monde. Ils font rêver des milliers de pratiquants chaque année. Le Super Ligue a été créé sur des formats très courts, des athlètes élites et des parcours hyper télévisuels… Bilan, ces épreuves passent à la TV et captent un public que le triathlon classique n’aura jamais. Ces disciplines ont su s’adapter aux envies et attentes des pratiquants et sponsors. Je suis organisateur d’un triathlon Extrême, l’Alpsman. En créant cette épreuve on a développé un format différent. Bilan, en 4 éditions, cette épreuve connait déjà un succès énorme.

Selon toi, pourquoi il n’y a pas de cyclos Kids ?

Ce n’est pas le public des participants. Si on intègre une épreuve Kids sur une cyclo, on va alors toucher des écoles de cyclisme qui attendent des épreuves de pur cyclisme sur route « Cyclisme traditionnel ». Rien à voir avec une ambiance de cyclo sportive.

Le dopage dans tes cyclos, tu imagines qu’il y en a, comment appréhendes-tu cet aspect-là du cyclosport ?

Malheureusement le dopage, physique et mécanique, ont toujours existé et existeront toujours. Mais outre le dopage, je dirais les tricheurs ont toujours existé et existeront toujours. La triche ne fait pas partie de mes valeurs. J’en suis à plaindre ces personnes qui trichent dans le sport. S’ils trichent dans le sport, ils doivent aussi tricher dans leur vie… et là c’est triste pour eux. Rappelons qu’à la base une cyclo sportive est une randonnée chronométrée. Il n’y a donc pas d’intérêt compétitif important. Ce sont des « courses au saucisson » comme on dit. Alors tricher pour un saucisson c’est bien triste.

Que préconiserais-tu pour évacuer ça en totalité ou, au moins, en partie ?

En 2019, nous avons eu pour la 1ère fois un contrôle sur la Granite Mont Lozère (vélo via tablette). Je trouve cela génial et j’encourage la fédération et l’AFLD à les multiplier. Pour lutter contre ces triches, nous avons intégré dans le règlement du challenge 2020 un article sur le dopage stipulant que tout contrevenant à la règle sur le dopage s’engage à verser la somme de 50 000 € TTC à l’organisation de l’épreuve pour nuisance à son éthique et à son image de marque.

J’ai également fait une demande à notre fédération pour avoir, de manière systématique en début de mois, la liste des personnes suspendues à date sur notre territoire. Ainsi nous pourrons refuser la participation d’une personne figurant sur cette liste. Ceci car aujourd’hui nous ne sommes pas informés de cette liste et pouvons sans le savoir, accepter des personnes suspendues sur nos épreuves.

DOPAGE

Les participants devront à l’arrivée se soumettre, sur demande des organisateurs, à tout contrôle anti-dopage. L’ensemble des règles de lutte contre le dopage aussi bien celles établies par la législation française (ex. : Code de la Santé Publique, Chapitre IV de la loi n°2003-708 du 1er août 2003 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives) que celles fixées par la réglementation internationale (cf : UCI) ou toutes autres mesures adoptées dans ce domaine à l’avenir sont applicables dans le cadre des épreuves du Challenge Cyclo’Tour Rotor 2020.

Tout contrevenant à ces dispositions s’exposera aux sanctions prévues au sein des dispositions ci-dessus énumérées et s’engage à défrayer l’organisation de l’épreuve sur laquelle le dopage aura été avéré de la somme de 50 000 € TTC pour nuisance à son éthique et à son image de marque.

Dans le Col du GalibierDans le Col du Galibier | © LVO Organisation

On voit que tu cherches des aménagements, des évolutions sur tes cyclos, qu’est ce qui reste à inventer sur les cyclos sportives ?

TOUT… c’est aussi ce qui nous fait avancer nous les organisateurs. L’envie d’innover et de trouver l’adaptation qui va redonner le souffle à notre discipline. Mais comme tout bon chercheur, il faut savoir garder ses idées tant qu’elles ne sont pas déposées (sourire).

Dernier point, dans 10 ans, tu te vois comment ?

Bien et beau… je vois un bel avenir au cyclosport, un avenir différent. Une discipline qui aura évolué et qui permettra de faire rêver encore plus de monde : participants mais aussi spectateurs. Toujours plus haut et plus fort !

PS : peut-être as-tu vu qu’on a lancé Les 101 qui font le cyclisme Français (côtés acteurs bien au-delà des coureurs), selon toi, un ou des organisateurs de cyclos sportives y-ont-ils leur place ? et si oui, qui mettrais-tu ?

Oui bien entendu. N’oublions pas que le Cyclosport est la discipline du vélo qui rassemble le plus de participants. D’ailleurs, le cyclisme Français n’est pas assez à l’écoute du Cyclosport. Notre discipline devrait avoir une place bien plus grande dans la représentation nationale fédérale. Je dirais MONSIEUR Gérard Mistler pour toute son action et sa passion sans faille. Un pionnier et un exemple d’humilité. BRAVO à lui au passage. (Ndlr: il était prévu, mais merci et bravo pour la suggestion!).