Jean-Christophe Péraud. Au courage, malgré sa chute lors de la reco où il s’est fracturé la clavicule, Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) a pris le départ du contre-la-montre hier à Embrun. Le Toulousain était même sur le point de réaliser un excellent temps, mais une chute dans le dernier virage le ramenait à la dure réalité. « Je suis retombé sur ma clavicule et la fracture est maintenant déplacée, nous explique-t-il. Ce n’est pas la fracture qui m’a handicapé dans la courbe. Il recommençait à pleuvoir, la route recommençait à être humide et la roue avant est partie à nouveau dans un autre virage. Je n’avais pas l’impression de prendre des risques. Je descendais à la mesure de ce que je savais faire. Ça m’apprendra à vouloir insister sur des blessures graves. Je ne referai pas l’erreur. Je suis quelque part soulagé de rentrer chez moi. On va panser les plaies et on repartira avec un organisme frais et dispo. »

Vincent Lavenu. Bien évidemment, cet abandon vient bouleverser les ambitions de l’équipe Ag2r La Mondiale, seule équipe française à sortir la tête de l’eau dans un Tour difficile pour les Bleus. « Toute l’équipe va se ressentir un peu orpheline et notamment tous les coureurs qui ont travaillé pour Jean-Christophe depuis le départ du Tour, affirme le manager Vincent Lavenu à notre micro. Romain (Bardet) va faire le classement général qu’il fera. Il est jeune, il n’a pas de pression particulière. Il y a des étapes de montagne très difficiles. L’objectif n’est pas le même que celui que l’on avait avec Jean-Christophe avec qui on pensait pouvoir terminer 7 ou 8ème. Il était en train de réaliser un bon chrono, malgré sa fracture. On va essayer de terminer le Tour sur une bonne note avec des garçons qui vont se serrer les coudes et qui vont essayer de montrer que notre équipe a une âme et du cœur. »

Chris Froome. Une nouvelle fois hier, Chris Froome (Team Sky) a repris du temps sur ses adversaires. Moins que lors du premier chrono individuel, mercredi dernier au Mont-Saint-Michel, mais il a tout de même conforté sa place de leader. Le Britannique sera encore vraisemblablement attaqué lors des trois prochaines étapes. « C’est sûr, les Espagnols continueront à m’attaquer, affirme le Maillot Jaune. Je m’y attends. Une double ascension de l’Alpe d’Huez dans la même étape, c’est très beau. Mais ce qui doit passer en premier lieu, c’est la sécurité des coureurs. S’il pleut à ce moment-là, les organisateurs devraient prendre la décision d’une seule ascension. Ce serait dommage mais, je le répète, la sécurité des coureurs est prioritaire. »

Cadel Evans. La performance réalisée par Cadel Evans (BMC Racing Team) hier (167ème à 8’04 » de Froome) est presque indigne d’un coureur ayant remporté le Tour de France. Hors du coup lors des deux premières arrivées au sommet, l’Australien s’est fait une raison, et a perdu tout espoir de briller au général. « La stratégie n’était pas d’y aller et de perdre du temps, c’était peut-être un peu volontaire, explique après coup son directeur sportif John Lelangue. Nous voulions faire un contre-la-montre tranquille et ne pas prendre de risques dans la descente, pour ensuite nous concentrer sur les trois prochaines étapes montagneuses ». De son côté, Evans a déclaré qu’il avait dû revoir l’objectif qu’il s’était fixé de faire « un Giro raisonnable et un très bon Tour », après sa 3ème place sur la course rose, estimant que le Tour d’Italie avait « puisé dans ses réserves plus (qu’il) ne l’avait imaginé. »

Roman Kreuziger. À force d’avoir les yeux rivés sur Alberto Contador, on en oublierait presque que Roman Kreuziger (Team Saxo-Tinkoff) fait lui aussi un excellent Tour de France. Peut-être même le meilleur Grand Tour de sa carrière, lui qui n’avait jamais pleinement confirmé tous les espoirs placés en lui. Le Tchèque pointe au 3ème rang du classement général à moins de 20 secondes de son leader espagnol et pourrait constituer une belle alternative dans la stratégie offensive du Team Saxo-Tinkoff. Le vainqueur de l’Amstel Gold Race a confirmé son excellente Grande Boucle en prenant la 4ème place du chrono hier. « On se battra jusqu’à Paris, annonce l’ancien champion du monde Juniors. Dans toute l’équipe, on est concentré, on a l’envie de nous battre. »

Sondage. Des chronos plats, c’est bien, mais ils doivent être vallonnés de temps à autre. C’est en tout cas ce que pensent plus de 80 % d’entre vous. Nous vous demandions hier si le Tour de France devait proposer davantage de contre-la-montre plus difficiles, et vous êtes huit sur dix à répondre par l’affirmative. Il faut dire que cette étape entre Embrun et Chorges est une exception dans l’histoire récente de la Grande Boucle qui a proposé deux rendez-vous de ce type sur les vingt dernières années : Val d’Isère en 1996, et Chamrousse en 2001, sans parler du cronoscalata de l’Alpe d’Huez en 2004. L’Alpe d’Huez justement est deux fois au programme aujourd’hui. Après la première des deux montées, les coureurs prendront la direction du col de Sarenne pour replonger sur Bourg d’Oisans via une descente technique que certains qualifient même de dangereuse. Le Tour doit-il éviter d’emprunter des descentes très, voire trop, techniques pour la sécurité des coureurs ? Nous vous posons la question dans notre sondage quotidien.

L’étape du jour… 18ème étape : Gap-L’Alpe d’Huez (172,5 km)