Battue par un Tchèque, Zdenek Stybar, ces deux dernières années, l’équipe de Belgique a un affront à laver. Au moment où le Championnat du Monde revient sur ses terres, organisé aujourd’hui à Coxyde, en Flandre-Occidentale, la nation-reine du cyclo-cross se doit de reconquérir la première marche du podium. Pour cela, le sélectionneur belge Rudy De Bie a fait confiance à un groupe de sept coureurs tous capables de se hisser sur le podium. Ça n’a pas forcément été du goût de tous, un leader tel que Sven Nys estimant qu’il aurait été bien plus utile de sélectionner des coureurs moins préoccupés par le maillot arc-en-ciel et davantage focalisés sur le soutien qu’ils auraient pu apporter aux meilleurs. Nys n’est pas augure, mais à la découverte de ladite sélection, il estimait déjà qu’on aurait affaire à une redite du championnat national…

Sur ses terres sablonneuses de Coxyde, la Belgique a toutes les cartes en mains pour reprendre possession de la maille irisée. Les dunes, c’est une vraie spécialité dont s’accommodent mal un grand nombre de concurrents. C’est le cas pour commencer de nos coureurs français, pas aussi coutumier du sable que ne le sont nos voisins belges. Plus que jamais, les voilà réduits à un rôle d’outsiders, condamnés à provoquer la course ou à la subir. Steve Chainel choisit la première option. C’est lui qui réalise la meilleure entrée en matière, pénètre sur le circuit en pole position et étire le peloton dans son sillage. Mais déjà, voilà le premier banc de sable qui se présente. La roue avant est incontrôlable, la roue arrière chasse. Il faut savoir doser sa puissance : trop fort il y a des risques de patiner, pas assez c’est l’équilibre qui est mis en péril. Bref, c’est un exercice à part entière qui requiert technique, puissance et habileté. Et c’est dur !

Dans le sable, Steve Chainel rétrograde. Le maillot bleu de l’équipe de France disparaît des premières places. On ne le reverra plus à ce niveau. Le Lorrain se classera 11ème, juste devant Francis Mourey, beaucoup plus en retrait encore. En fait, dans cette première prise de contact avec le sable, plus décisive qu’il n’y paraît, ce sont deux coureurs qui font le break : le Belge Niels Albert et le double tenant du titre Zdenek Stybar. Les deux hommes sortent de la première dune avec, déjà, un avantage. Et comme il n’est pas question de privilégier le jeu de l’équipe nationale en Belgique, Sven Nys fait aussitôt le forcing pour tâcher de recoller, ramenant sur les deux de tête ses autres compatriotes. Le circuit de Coxyde compte deux dunes. Et dans la seconde, Niels Albert accélère à nouveau. Cette fois il part seul et creuse un écart flagrant.

Niels Albert construit son succès mondial de la même manière que le premier il y a trois ans.

Au bout du premier tour (il y en aura dix pour une grosse heure de course), Niels Albert possède 12 secondes d’avance sur un peloton réduit à l’intégralité de l’équipe de Belgique, flanquée des Tchèques Stybar et Simunek. Pas pour longtemps car ces deux-là vont bientôt se faire éjecter d’un groupe poursuivant exclusivement belge. C’est bien simple, on retrouve les sept Belges aux sept premiers rangs de la course. Et on ne verra qu’eux de tout l’après-midi. Il est dès lors encore moins question de privilégier le jeu du maillot. Ça devient chacun pour sa pomme dans ce Mondial flamand. Et pour Kevin Pauwels, il convient de revenir au plus vite sur Niels Albert, déterminé à faire toute la course en tête. Le vainqueur de la Coupe du Monde part à sa poursuite dans la deuxième boucle. Il se rapproche à 5 secondes de Niels Albert mais ne reviendra pas plus près. Même avec le renfort de Sven Nys dans la quatrième révolution.

Installé seul en tête depuis le premier tour, Niels Albert fructifie son avance. En fait, l’écart ne va cesser de croître qu’à l’entame des deux derniers tours, mais il sera alors chiffré à près de 50 secondes. Dans ce parcours sans faute et franchement audacieux, Niels Albert est tout simplement en train de rééditer la grande performance qui lui avait permis, déjà, de revêtir le maillot arc-en-ciel à Hoogerheide il y a trois ans. Là aussi, il s’était isolé dès le premier tour pour réaliser une brillante course en tête. Là aussi, il avait endossé le maillot arc-en-ciel au terme d’une saison compliquée par une grave chute et un déchirement de la rate. C’était moins grave cette année, mais sa fracture de la main l’a écarté des circuits pendant un mois. Il a tout perdu, tous les challenges et tous les titres, ne lui restait qu’à sauver la face au Championnat du Monde.

Niels Albert est concentré sur son effort solitaire. Son avantage est conséquent, ses compatriotes poursuivants ne lui reprennent rien, et c’est au terme d’une brillante échappée solitaire que le coureur de bientôt 26 ans obtient son second titre de champion du monde. Exactement de la même manière qu’en 2009. Gigantesque ! Derrière lui, ce sont donc les six autres membres de l’équipe de Belgique, rassemblés dans un même groupe dans les trois derniers tours, qui se mesurent pour les accessits. Et celui qui parvient à sortir du lot pour la médaille d’argent dans les dernières minutes est l’inattendu Rob Peeters, rempli de joie au franchissement de la ligne. Ses compatriotes manifestent un bonheur beaucoup plus mesuré. Et pourtant la Belgique réalise une époustouflante prouesse en plaçant les sept membres de son équipe aux sept premiers rangs. Derrière Albert on retrouve Peeters, Pauwels, Meeusen, Aernout, Vantornout et Nys.

Classement :

1. Niels Albert (Belgique) les 29,4 km en 1h06’07 » (26,7 km/h)
2. Rob Peeters (Belgique) à 24 sec.
3. Kevin Pauwels (Belgique) à 30 sec.
4. Tom Meeusen (Belgique) à 34 sec.
5. Bart Aernouts (Belgique) à 35 sec.
6. Klaas Vantornout (Belgique) à 1’09 »
7. Sven Nys (Belgique) à 1’11 »
8. Radomir Simunek (République Tchèque) à 2’15 »
9. Philipp Walsleben (Allemagne) à 2’25 »
10. Simon Zahner (Suisse) à 2’31 »