Sur le papier, il y avait surtout un nom au moment de lister les favoris au titre de champion de France Espoirs de cyclo-cross. Celui de Clément Russo (Rhônes-Alpes). Mais il faut croire que le terrain en avait décidé autrement. A commencer par la portion asphaltée du difficile circuit de Lanarvily, bariolée en grosses lettres blanches du nom d’un outsider : Tony Périou. Il n’est pas faire déshonneur au coureur du VCP Loudéac de le classer dans cette catégorie de favoris de second rideau, car même si ses supporters le rêvaient en bleu-blanc-rouge dans le Finistère, il n’avait pas encore à son actif suffisamment de références pour attirer à lui la lumière des projecteurs. Une 8ème place finale en Coupe de France Espoirs cet automne, dont une place de 5 à Nommay qui lui a ouvert les portes d’une première sélection nationale en Coupe du Monde Espoirs, le 26 décembre à Heusden-Zolder.

Si ce ne sont ses admirateurs particulièrement expressifs, Tony Périou n’était donc pas attendu sur la plus haute marche du podium du Championnat de France de Lanarvily. Mais la course des moins de 23 ans, palpitante d’un bout à l’autre, a livré un formidable scénario qui a tourné in extremis à l’avantage du Breton.

On avait trop vite détourné notre attention de ceux qui, comme Tony Périou, luttaient en arrière-plan pour tenter d’accrocher mieux qu’une place d’honneur sur le circuit finistérien, long de 2230 mètres et rendu physique par ses innombrables changements de rythme, entre prairies et sous-bois, planches et escaliers. C’est qu’à l’avant de la course, trois hommes au-dessus des autres semblaient progresser vers le podium. Il y avait là le favori Clément Russo, tenant du titre, mais aussi Joshua Dubau et Tanguy Turgis (Ile-de-France), survoltés depuis le départ. Ces trois-là, après avoir négocié à la perfection la première partie de la course, s’étaient extraits du paquet au cap de la mi-championnat. Et il n’était pas question pour les Franciliens de subir. Tour à tour, Joshua Dubau et Tanguy Turgis durcissaient le ton pour pousser leur adversaire rhônalpin dans ses retranchements.

Clément Russo, sur la défensive, ne donnait pas le sentiment de faiblir. Sans dominer outrageusement les deux coureurs qui l’accompagnaient en tête de course, le champion de France sortant répondait à chacune de leurs tentatives de déstabilisation. Mais les vaines accélérations des uns et des autres allaient bientôt précipiter le trio vers l’échec. Car de l’arrière se rapprochaient des poursuivants qui n’en attendaient pas plus pour revenir dans le match. A deux tours de l’arrivée, Dubau, Russo et Turgis étaient rejoints par Lucas Dubau (Ile-de-France), Eddy Fine (Rhône-Alpes), Yan Gras (Lorraine), Quentin Simon (Franche-Comté)… et donc Tony Périou, qui repésentait l’ultilme chance de médaille pour la Bretagne après l’or accroché par Antoine Huby chez les Cadets et le bronze de Louise Moullec chez les Cadettes.

Si le trio fort de ce France reprenait l’avantage un temps pour attaquer le tour final avec quelques 3 secondes d’avance sur ses poursuivants, Tony Périou s’apprêtait à sortir de sa boîte. Dans les derniers instants de la course, Clément Russo et Joshua Dubau avaient à nouveau fait la différence, mais le Breton se démenait soudain pour venir se greffer aux acteurs majeurs de l’épreuve… qu’il allait s’offrir au sprint dans la montée ramenant les coureurs sur la ligne d’arrivée. Pour devancer Clément Russo et Joshua Dubau. Un coup de maître pour un jeune homme qui aura mis la Bretagne dans tous ses états au terme de la première des deux journées des Championnats de France.

Classement :

1. Tony Periou (Bretagne) en 54’19 »
2. Clément Russo (Rhône-Alpes) m.t.
3. Joshua Dubau (Ile-de-France) à 2 sec.
4. Quentin Simon (Franche-Comté) à 6 sec.
5. Eddy Fine (Rhône-Alpes) à 12 sec.
6. Tanguy Turgis (Ile-de-France) à 30 sec.
7. Adrien Leboucher (Pays de la Loire) à 37 sec.
8. Valentin Humbert (Franche-Comté) à 42 sec.
9. Yan Gras (Lorraine) à 1’09 »
10. Lucas Dubau (Ile-de-France) à 1’17 »