Fabien, votre équipe Wanty-Groupe Gobert a été très en vue sur le Tour de France, qu’avez-vous ressenti en les voyant ?
Ca m’a tout simplement donné envie d’y aller ! Le fait de les voir tous les jours à l’attaque, de faire de très bonnes places comme Guillaume Martin aux Rousses, son top 25 au général, l’échappée de Guillaume Van Keirsbulck tout seul, tous ont été remarquables. Ils finissent à neuf et peuvent être très fier d’eux. Ils n’ont pas de complexe d’infériorité à avoir par rapport aux autres équipes et c’est génial. Nous n’avions pas de sprinteur du gabarit de Kittel ou Démare donc nous ne nous battions pas pour une victoire mais nous essayions de faire au mieux pour aller chercher des places d’honneur et plusieurs top 10. Je pense que l’équipe s’est vraiment bien défendue et a très bien honoré cette invitation.

La performance de l’équipe est encourageante pour la suite et pour pouvoir espérer une invitation pour l’année prochaine.
Je l’espère, pour pouvoir faire partie de l’aventure ce serait le top. Quand pendant trois semaines on voit ses collègues à la télé, c’est clair que ça donne envie de vivre les mêmes émotions qu’eux.

Avez-vous trouvé qu’ils se sont comportés d’une manière différente par rapport aux autres courses ?
Non, ils sont restés fidèles à eux-mêmes. Je n’ai pas vu de changement. Nous avons discuté avec Thomas Degand qui est venu nous voir sur le Tour de Wallonie et il nous a dit que la troisième semaine était dure pour tout le monde mais ils ont réussi à tenir le coup. Ils arrivent à neuf à Paris, ils essaient encore de prendre les échappées la dernière semaine, sachant que dans ces moments là cela se fait à la pédale donc ils n’étaient pas plus fatigués que les autres.

On a senti un engouement autour de l’équipe Wanty-Groupe Gobert sur le Tour et en Belgique également, l’avez-vous remarqué ?
Oui, toutes les personnes qui n’avaient jamais entendu parler de l’équipe et que je connais sont venus me voir en disant que maintenant elles connaissaient et qu’elles la percevaient comme une famille. Quand on voit que les deux sponsors principaux se déplacent et font les trois semaines de course avec l’équipe, c’est au-delà d’un partenariat, c’est une aventure hors du commun qu’ils ont vécu. Cela a poussé tout le monde, ils se sont mis dans une bulle très positive et le bilan est très bon. C’était une belle aventure et je pense que cela en appelle d’autres.

Qu’avez-vous pensé du Tour de France de votre coéquipier et ami Guillaume Martin, 23ème à Paris ?
J’ai eu des contacts avec Guillaume, et je lui ai dit qu’il pouvait se faire naturaliser Jurassien, avec sa belle 3ème place il est adopté (rires) ! Plus sérieusement il a fait un bon Tour, il s’est un peu écroulé en 3ème semaine, il m’a dit qu’il était fatigué et vidé. C’était son premier Grand Tour donc on ne peut pas lui en vouloir de ne pas être rentré dans le top 20, qui était un peu son objectif. Je retiens surtout sa 3ème place, qu’il est allé cherché au panache. Guillaume a encore à apprendre sur les contres-la-montre pour être mieux au général car dans la montagne on voit qu’il est capable de suivre les meilleurs et même de tenter sa chance. Je pense que ça l’a mis en confiance et ça va le booster pour les saisons à venir.

Votre mois de juillet à vous était axé autour de l’entraînement, avec un stage à La Plagne, comment cela s’est passé ?
Je suis parti en stage une semaine, avec ma copine qui était en vacances. C’était une semaine d’entraînement intense, avec un bon volume et pas mal d’heures en montagne. J’ai profité des longs cols de la région que je ne retrouve pas sur Besançon pour travailler mon coup de pédale en montagne afin de préparer les échéances à venir. C’était aussi pour dormir un petit peu en altitude, même si ça reste très modéré à 2 000 mètres.

Monter des cols était-il dans vos habitudes d’entraînement les années précédentes ?
Oui je connaissais déjà. Avec le Pôle Espoir nous partions du côté de Malaucène au pied du Ventoux que nous montions presque tous les jours donc c’était un vrai stage en montagne. J’avais donc l’habitude d’aller une fois par an en montagne mais chez les pros j’y vais plus régulièrement, c’est déjà le deuxième de la saison. Je sens qu’il y a vraiment du positif à la sortie d’un stage en montagne, il y a un apport important. Et quand on va dans ces endroits, on se rend compte que toutes les équipes sont là. C’est incontournable, à la fois pour l’altitude et pour le pédalage montagne.

Comment ressentez-vous ces effets après un stage ?
Le fait de faire des cols fait travailler en couple. L’intensité est la même que sur le plat mais le travail est beaucoup plus important car il y a plus de couple. C’est un apport de force et je le sens après un stage en montagne.

Vous avez fait votre reprise au GP de Cerami et sur le Tour de Wallonie fin juillet, quelles ont été les sensations ?
Le GP de Cerami m’a permis de bien me remettre en route pour le Tour de Wallonie, sur lequel je voulais faire de belles choses. C’était une course de remise en route, j’ai travaillé pour l’équipe parce que j’étais un peu limite dans le final, je sentais que je n’avais pas couru depuis un mois. Puis en Wallonie ça allait de mieux en mieux au fil des jours, même si j’ai manqué de chances en me faisant emmener dans deux chutes sur les 2ème et 5ème étapes. Mais j’ai réussi à chaque fois à boucher les trous et à revenir dans le final, sauf sur la 2ème étape où les cassures étaient déjà faites,. Sur ces deux jours tout se faisait au placement, il fallait absolument être dans les dix premiers au pied de la bosse finale pour espérer quelque chose. Je retiens surtout que je suis monté en puissance au fil des étapes et les sensations sont bien revenues donc c’est important pour le mois d’août qui arrive avec le Tour de l’Ain et le Tour du Limousin.

Propos recueillis par Adrien Godard