Dimanche 22 avril, 10 heures 30. Le rendez-vous était fixé à l’hôtel de l’équipe à Lons-le-Saunier. Pile à l’heure pour retrouver Rémy Deutsch, l’un des entraîneurs de la nouvelle formation Vital Concept, arrivée dans les pelotons en janvier dernier. L’équipe créée par Jérôme Pineau n’était venue qu’avec quatre coureurs dans le Jura, la faute à des blessures de dernière minute, dont celle du prometteur Quentin Pacher sur la Flèche Wallonne. Et avec un abandon et un hors-délais sur la première étape, le temps de saluer les deux coureurs restant en course, le Suisse Patrick Muller et le Néerlandais Steven Lammertink, n’allait pas nous faire prendre de retard sur le programme du jour.

11 heures. Arrivée aux alentours de la ligne de départ à Vileneuve-sous-Pymont. Le soleil est au zénith et la température risque fort d’être élevée toute l’étape. Tout le monde se regroupe alors dans le camping-car de l’équipe, pour un briefing un peu particulier. C’est Gilles Pauchard, directeur sportif de Vital Concept sur ce Tour du Jura, qui s’en charge quelques minutes avant de nous accueillir à bord. L’occasion pour Patrick et Steven de se voir expliquer les détails du début d’étape et d’être à l’écoute de conseils pour prendre l’échappée du jour. Car avec le temps perdu la veille, tous deux peuvent déjà faire une croix sur le général, et faire la course à l’avant ne serait pas inintéressant.

12 heures. Le départ fictif est donné à midi. Nous prenons notre place dans la voiture Vital Concept, aux cotés de Gilles, au volant, et de Thierry, un des mécanos de l’équipe. La voiture s’insère dans la file et doit se placer en position 17. Loin d’être la meilleure, mais seize autre formations ont des coureurs mieux placés que Patrick Muller au général. Radio course prend la parole, rappelle les enjeux de jour, les classements de la veille, et nous sommes déjà à L’Etoile pour le départ réel. Rapidement Gilles jongle avec ses différentes feuilles, du profil à la liste des dossards, et s’appuie sur ses différents écrans détaillant le parcours en direct. Pas d’oreillettes à gérer, interdites dans les courses classe 2 comme le Tour du Jura. Pour communiquer, les coureurs devront donc appeler la voiture pour qu’elle les rejoigne.

12 heures 10. On aperçoit parfois le peloton au loin, en file indienne à la sortie de Ruffey-sur-Seille ou bien dans la première montée à Blandans. Entre temps, l’échappée s’est formée. « Dossard 23 23 » annonce la voix féminine de Radio Course. Puis suivent d’autres matricules, ce qui permet à Gilles de découvrir l’identité des coureurs qui accompagnent Brice Feillu, homme fort des voisins de Fortuneo-Samsic. Les coups de surligneur au moment de l’annonce lui permettent de voir que deux coureurs sont à 40 secondes au général. « Pas sûr que ça aille au bout » s’avance-t-il.

12 heures 50. Après la première ascension, on aperçoit Steven Lammertink sur le côté. Il s’est arrêté pour satisfaire un besoin naturel et peut repartir dans les voitures. Seul sur une route sinueuse, il se retrouve un temps piégé et doit faire un effort important pour rentrer dans le peloton. Il y arrive juste avant la côte de Chaumois-Boivin où une pente étroite, en pleine forêt, offre de l’ombre à tout le monde.

12 heures 55. La voiture Fortuneo s’arrête à notre hauteur. Brice Feillu est un des principaux membres de l’échappée et son directeur sportif part le rejoindre. « Je vais monter devant, tu m’aides pour mes gars ? » Gilles fait preuve de solidarité et répond bien évidemment de manière positive.

13 heures 19. Chute de deux coureurs après la deuxième ascension du jour. Pas de Vital Concept, mais un homme reste à terre au moment de notre passage. Un peu plus loin, on aperçoit l’autre victime, Sofiane Merignat du CC Etupes, qui descend entre les voitures. Bien aidé par celle de Bourg Ain Cyclisme qui lui ouvre la route dans la descente vers Baume-les-Messieurs, le jeune homme aperçoit la queue du peloton au pied de la troisième difficulté du jour.

13 heures 32. Dans cette côte de Sermu, on aperçoit quelques lacets plus haut le peloton monter à un train soutenu. Les Bennelong sont en tête pour Chris Harper et impriment un train soutenu, qui commence à faire des dégâts chez les moins bons grimpeurs. Sur le sommet, nous retrouvons Sofiane Merignat qui est venu buter sur les pentes du premier plateau jurassien et n’a jamais pu recoller. Lorsque nous le doublons, il semble souffrir de sa chute. C’est sans surprise que nous entendons son abandon annoncé par Radio Course quelques kilomètres plus loin.

Toujours pas de nouvelles de Patrick et Steven, bien au chaud dans le peloton. En n’ayant pas pu prendre l’échappée, l’objectif est désormais de tenir le plus longtemps possible jusqu’à l’arrivée.

A suivre…

Reportage réalisé par Adrien Godard