Dimension Data est l’équipe d’Edvald Boasson Hagen, heureux vainqueur sur les routes de Salon de Provence hier en fin de journée. Mais Dimension Data c’est également, depuis deux ans, le partenaire technologique d’ASO, organisateur du Tour de France. Un accord signé en mars 2015 a propulsé l’entreprise sud-africaine dans le milieu du cyclisme, dans le but d’apporter leur savoir faire au niveau des données. Parce que pour la firme vieille de 25 ans, le cyclisme n’est pas un métier, c’est une passion qui fait vibrer toutes les personnes impliquées sur le dispositif de la Grande Boucle. D’autres épreuves bénéficient également des services de Dimension Data, comme le Cape Epic en VTT, la tournée des six jours sur piste ou encore d’autres sports comme le marathon.

En arrivant sur le Tour, l’objectif n’était pas de développer une stratégie commerciale comme de nombreuses marques qui gravitent autour du peloton juillettiste. Dimension Data est venu pour apporter ses compétences à la petite reine, et c’est un travail en totale collaboration avec les partenaires du Tour qui a fait évoluer les choses. « Nous avons travaillé en collaboration avec ASO pour voir sur quoi nous pouvions travailler, nous raconte-t-on dans le car placé à côté de chaque ligne d’arrivée. Nous pouvons être précis à la seconde près pour chaque coureur grâce au signal GPS. Depuis trois ans, nous sommes capables de les suivre grâce à l’outil installé derrière leurs selles, pour donner des informations plus précises aux médias. »

En constante progression depuis plusieurs années, le fameux écart GPS semble s’améliorer et aller toujours plus loin dans la précision. « Le tracking GPS nous donne des informations sur ce qu’il se passe dans la course entre deux points. Nous donnons l’écart entre les groupes, calculé en direct tous les dix mètres, leur composition et des informations de distance pour les sprints, des données de vitesse. » Tout cela, c’est ce que les téléspectateurs peuvent apercevoir sur leur écran en regardant le Tour. Une bonne initiative pour animer les étapes. Mais d’autres données sont évaluées par Dimension Data sans qu’elles soient visibles par le public, comme la vitesse et la direction du vent ou l’humidité, en capturant des informations météorologiques locales.

Autres nouveautés, les écarts en distance, de plus en plus utilisés lors des directs, et la réalisation de constructions 3D. Les différents groupes sont incrustés sur le tracé du parcours en trois dimensions, de sorte que les personnes, devant leur télévision, visualisent au mieux la position de chacun. Un dispositif des plus utiles en montagne, en particulier pour connaître le retard du gruppetto, qui ne mobilise presque jamais une caméra de télévision.

Mais certaines données perçoivent quelques critiques, comme la vitesse. Il est évident qu’elle est différente entre deux groupes s’ils ne sont pas sur le même terrain. Alors pour pallier à cela, toujours en travail avec ASO et France TV, Dimension Data a commencé à donner la pente en même temps, et ainsi permettre de mieux se rendre compte de la rapidité ou non d’un groupe.

Et cette année, c’est avec une couverture intégrale en direct que Dimension Data a dû composer. « Ce n’est pas un gros changement car nous devions déjà faire ce travail l’année dernière, c’est juste plus long maintenant. Nous pouvons maintenant voir des choses intéressantes qui se passent au début des courses, et donner des informations sur les échappées. »

Mais la grande question des données, c’est de savoir jusqu’où il est possible d’aller dans ce traitement et dans quelle mesure un coureur, qui garde forcément quelques secrets sur ses propres performances, va être d’accord pour dévoiler son rythme cardiaque ou ses watts. Aperçus sur le dernier Giro, utilisés par Dimension Data sur piste avec les six jours, ces éléments n’ont pas eu l’autorisation d’être dévoilés sur le Tour. « Les gens devant leur télé ont envie de tout savoir. Mais nous ne voulons pas que la course soit détruite par le fait que chacun connaisse exactement ce que fait l’autre. Il faut l’avoir à l’esprit car le but n’est pas de détruire la compétition, il faut donc faire attention à ce qui peut être communiqué aux coureurs pendant la course, et après. Il faut qu’il y ait un équilibre entre partager les données et ne pas ruiner la course avec. »

Le sponsoring d’une équipe permet également d’aller plus loin dans ce travail autour de données. « L’équipe Dimension Data partage beaucoup de données avec nous. Sur le Tour de Claifornie l’année dernière, elle nous a autorisé à récupérer beaucoup d’informations sur leurs coureurs. Nous travaillons bien sûr avec leur accord, et il n’y a pas de discussion direct en privée avec Dimension Data comme avec les autres équipes. » Une impartialité indispensable pour préserver cette place d’expert de données, qui doit servir autant aux équipes qu’au cyclisme. Et Dimension Data semble travailler dans ce sens.