Andy, à première vue, à quel Tour de France aurons-nous affaire en 2012 ?
Il ne s’agira pas d’un Tour d’attente. Je veux gagner le Tour de France mais il n’y a pas que moi. D’autres devront se découvrir. Peut-être pas Cadel Evans, qui, avec autant de contre-la-montre, aura le luxe de pouvoir attendre son heure. Les autres en revanche, s’ils veulent faire quelque chose sur ce Tour 2012, devront attaquer. Maintenant, vous savez bien comment je cours. Je n’aime pas les courses d’attente, je serai agressif d’un bout à l’autre. Et l’équipe, avec la fusion, sera encore plus forte.

Le nombre accru de kilomètres chronométrés représentera-t-il un frein pour vous ?
Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que je suis motivé bien sûr. J’ai terminé trois fois 2ème maintenant, je prends de l’âge, de la maturité et surtout de l’expérience. Je ne veux plus finir 2ème une fois de plus. Je n’ai aucune idée de la marge de manœuvre qui me sera nécessaire pour gagner ce Tour, dans la perspective des contre-la-montre. Dans le chrono de Pauillac il y a deux ans j’avais réalisé un très bon temps, alors qui peut dire ce dont j’aurai besoin l’année prochaine ? Il y a plusieurs étapes-clés sur un Tour. Les chronos en seront mais ils ne seront pas les seuls. Toutes les étapes, excepté peut-être celle de Paris, sont importantes.

Ce parcours est empreint de nouveautés. Irez-vous les reconnaître au préalable ?
Oui je pense. Je ne connais aucune de ces nouveautés. Certaines ne sont pas trop loin de chez moi donc j’irai sans doute voir à quoi ça ressemble.

Christian Prudhomme estime que ce parcours, c’est peut-être votre chance. Mais vous sentez-vous prêt à prendre des risques ?
J’ai fini trois fois 2ème, aujourd’hui je n’ai plus rien à perdre. Je veux bien risquer quelque chose, prendre des risques pour gagner. Je ne veux plus finir 2ème, pour moi ça c’est du passé. Désormais je veux ramener le maillot jaune à Paris. Beaucoup de gens estiment qu’il y a beaucoup de contre-la-montre, mais j’aurai autour de moi une nouvelle structure. Nous allons beaucoup travailler dans ce domaine avec Johan Bruyneel, qui reste à mes yeux le meilleur manager du moment, surtout dans le domaine du chrono.

Vous êtes-vous senti inférieur à vos capacités de rouleur sur le dernier Tour de France ?
J’ai quand même fini 15ème du contre-la-montre de Grenoble. J’ai peut-être payé ce jour-là les efforts consentis sur les étapes de montagne précédentes. Ce n’est pas une excuse car les autres avaient souffert aussi dans les cols les jours précédents. En 2010, j’avais tout de même prouvé qu’il ne m’était pas impossible de conserver ou de prendre des secondes sur un contre-la-montre.

Ce Tour qui ne semble a priori pas fait pour vous peut-il donc vous profiter ?
C’est parfois comme ça que les choses se passent. Il y aura quand même des étapes qui seront faites pour les purs grimpeurs sur cette édition. Le parcours change et évolue tous les ans. J’ai terminé trois fois 2ème sur trois Tours totalement différents. Il y a beaucoup plus de contre-la-montre que l’année passée mais ce n’est pas nécessairement un désavantage pour moi. Avec ma nouvelle structure, nous allons beaucoup travailler sur cet exercice. Je sais qu’il me faut progresser. Pour le reste, le parcours est très beau. Il ne faudra pas dormir et être là dès les premiers jours. C’est aussi l’une de mes forces.

Propos recueillis à Paris le 18 octobre 2011.