Arnaud, votre victoire au Grand Prix de Denain, la première cette saison, représente-t-elle un vrai soulagement ?
Oui, c’est vrai. J’ai fait de grosses courses depuis le début de la saison. Ce n’était pas forcément évident d’aller chercher un résultat. Je l’emporte à Denain, c’est une belle épreuve de Coupe de France pour sprinteur et donc c’est vrai que cela fait très plaisir. Je ressentais encore la fatigue de Paris-Roubaix mais cette victoire me fait vraiment du bien.

L’an dernier vous aviez gagné dès le mois de février, il a fallu attendre avril en 2013. Avez-vous douté en début de saison ?
Dans les courses qui étaient à ma portée, je n’ai pas eu de chance. Puis je suis allé sur des épreuves WorldTour avec Tirreno-Adriatico, Milan-San Remo, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. S’imposer sur ces courses-là, ce n’était pas non plus évident. A titre de comparaison, l’an dernier, je n’avais participé qu’à Gand-Wevelgem. C’était une expérience nécessaire pour préparer l’avenir et espérer des résultats dans deux ou trois ans. Denain était donc davantage à ma portée, c’est pour cela que je suis content d’avoir réussi à gagner.

Vous parlez de grosses courses, mais les Trois Jours de La Panne ont-ils contribué à vous remettre en confiance ?
D’une certaine façon, oui, ça m’a permis de digérer Tirreno et Milan-San Remo. C’étaient des courses très difficiles et les Trois Jours de La Panne m’ont permis de bien me remettre dedans. J’ai failli lever les bras face à Peter Sagan pour un demi-boyau. Je suis content de pouvoir gagner à Denain. Je vais ensuite couper pour ne reprendre qu’aux Quatre Jours de Dunkerque, une belle épreuve pour une reprise, et enchaîner avec le Tour de Picardie sur des routes que je connais bien. Ça va être une longue coupure avec six jours sans vélo, ça fera du bien de pouvoir se relâcher en étant serein dans la tête.

Comment avez-vous récupéré de votre premier Paris-Roubaix chez les Elites ?
Toute l’équipe a manqué de chance. Personnellement, je crève dès le premier secteur. J’ai passé toute la journée dans les voitures. Dès que je commençais à entrer, il y avait une chute et les voitures étaient appelées et bouchaient la route. Je suis rentré une première fois avant Arenberg, mais il y avait des cassures et c’était course perdue. C’était mon premier Paris-Roubaix chez les pros, mais j’avais fait 4ème chez les Espoirs et 2ème chez les Juniors, c’est une course que j’apprécie.

Est-ce important pour vous de montrer que vous êtes plus qu’un sprinteur ?
Je pense que les classiques pavées, c’est un terrain qui me convient. J’ai beaucoup appris durant cette campagne mais il est important de ne pas trop s’éloigner de son registre. A Denain, je n’ai disputé que mon quatrième sprint cette saison, c’est peu, et ça explique aussi pourquoi je suis très heureux de l’avoir emporté.

Comment s’est déroulée l’approche du sprint à Denain ?
Nous, on a plutôt bien contrôlé l’échappée et Europcar a emmené très fort sur le final. On s’est retrouvé un peu mal embarqué dans le sprint, ce n’était pas évident, mais William Bonnet m’a parfaitement replacé. Bryan Coquard a vraiment lancé très vite mais j’ai pu le sauter sur la ligne. C’est une belle satisfaction.

Vous devancez la nouvelle génération du sprint français, c’est un signal fort…
Nacer Bouhanni et Bryan Coquard sont des coureurs qui ont déjà quatre victoires chacun cette saison. J’ai un petit temps de retard vis-à-vis d’eux. Ça fait plaisir de gagner devant eux. C’était une course à ma portée, c’était vraiment l’objectif d’aller gagner. Il y a toujours eu de bons sprinteurs en France mais c’est vrai qu’on incarne une jeune et belle génération. Tant mieux pour nous. Ce niveau et cette rivalité, ça doit nous permettre de progresser. Il y a une émulation positive qui doit profiter à Bryan, Nacer ou moi quand il faudra aller se frotter au plus haut niveau mondial.

C’était la première fois que vous étiez aligné avec Nacer Bouhanni cette saison, comment vous êtes-vous réparti les rôles au briefing ?
On évite de courir ensemble pour ne pas créer de conflits au niveau des sprints. Au briefing, la consigne était de faire chacun notre sprint comme au Championnat de France à Saint-Amand-les-Eaux. On avait forcément moins de monde pour contrôler, mais on avait de belles cartes, deux grands atouts à mettre en avant. On fait 1er et 3ème, c’est un beau résultat collectif. Nacer doit être déçu, mais cela fait partie du jeu également. C’est chacun son tour.

Propos recueillis à Denain le 11 avril 2013.